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Mise en examen de personnalités pour trafic de bébés : Une leçon de démocratie venue du Niger
Publié le vendredi 29 aout 2014   |  ActuNiger


Bébés
© AFP par BOUREIMA HAMA
Bébés nés à la maternité de Niamey
NIGER, Niamey : Babies are seen in incubators at the maternity of Niamey on April 24, 2014. Niger`s government and humanitarians fight against the very high maternal mortality in Niger, a poor country with the highest fertility in the world.


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« Nul n’est au-dessus de la loi ». Le Niger est en train d’en donner l’exemple. En effet, la justice nigérienne ne fait pas de cadeau aux personnalités accusées dont les noms sont cités dans l’affaire du trafic de bébés qui défraie la chronique. Après l’ancien ministre d’Etat, c’est au tour du président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou, d’être inquiété.

On a des raisons de penser que l’affaire est purement judiciaire

Le gouvernement nigérien vient de demander à la représentation nationale sa mise à disposition de la Justice. Le bureau de l’Assemblée nationale a levé hier, en fin de journée, son immunité. Certes, l’intéressé et ses proches parlent d’une cabale politique montée contre la personne de Hama Amadou, orchestrée par le régime de Mahamadou Issoufou.
Il est vrai que les relations entre les deux alliés au second tour de la dernière présidentielle se sont distendues depuis un certain temps. Le président de l’Assemblée nationale n’était plus en odeur de sainteté avec le chef de l’Etat. De ce fait, il n’est pas exclu qu’il y ait des mains qui tirent les ficelles de la Justice, en vue de régler les comptes à l’ami devenu adversaire. Cela n’est pas à exclure dans l’absolu.

Seulement, on a des raisons de penser que l’affaire est purement judiciaire. En effet, dans cette affaire de trafic de bébés, un ministre d’Etat du régime est lui-même dans la nasse de la Justice. Sauf à démontrer qu’on est dans le genre de situation où le chef de l’Etat fait arrêter un proche pour en faire un moyen d’atteindre un adversaire, on peut y voir un indice de crédibilité de ces poursuites judiciaires. De plus, il faut bien croire que la Justice nigérienne a déjà donné, de par le passé, des gages de son indépendance vis-à-vis de l’exécutif.
On a en mémoire, le refus de la Cour constitutionnelle de ce pays, de cautionner les initiatives de révision constitutionnelle de Mamadou Tandja, alors chef de l’Etat. On se rappelle aussi la relaxe par la Justice, de journalistes mis aux arrêts par le régime de Mahamadou Issoufou. Toujours est-il que si manipulation politique il y a, c’est que les présumés manipulateurs ont de la matière. Ne dit-on pas qu’ « il n’ y a pas de fumée sans feu » ? On ne plaisante pas avec ce genre de choses et il serait ahurissant que les autorités judiciaires de Niamey ne disposent pas de preuves ou d’indices de ce qu’ils avancent. Les personnes se trouvant dans le collimateur de la Justice se sont compliquées la tâche, en laissant le doute planer, à travers leur refus de se soumettre aux tests ADN.
Cela aurait peut-être permis de lever les soupçons sur leurs liens avec la trentaine d’enfants en leur possession. Hama Amadou notamment, qui joue sa survie politique, devait prendre les devants, lorsque le problème s’est posé et cela, en démissionnant du perchoir. C’est dire que toutes ces personnes ont peut-être vraiment quelque chose à se reprocher dans cet ignoble trafic. Car, et il faut bien le dire, cette affaire est très immorale. Le trafic d’êtres humains, de bébés dans leur tendre innocence, est des plus inacceptables. Et il serait d’autant plus inadmissible que de hautes personnalités d’un pays soient de près ou de loin mêlées à cette affaire. Car, une figure de proue de la république doit être un modèle, un exemple de vertu, une sorte de guide moral.

Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que l’hypothèse d’une Justice indépendante se confirme

Les voies légales d’adoption qui existent doivent être suivies. Couvrir des personnes qui s’adonneraient à de telles pratiques serait vraiment digne des républiques bananières. C’est en cela aussi le mérite du Niger : la mise en branle de la Justice, pour faire la lumière sur cette affaire. Pas besoin d’œillères pour constater le contraste avec le Nigeria voisin où c’est au mieux, le calme plat, malgré les révélations et les faisceaux d’indices concordants. Même le Burkina dont une ressortissante a été interpellée par Interpol dans cette affaire, n’a jusque-là pas pris de mesures pour ouvrir une enquête de grande envergure sur la question. Du moins, l’opinion n’a pas encore connaissance d’une telle décision des autorités judiciaires burkinabè.
Tout cela conforte à tort ou à raison, l’opinion selon laquelle dans bien des pays africains, la Justice ne touche qu’aux faibles, aux petits sur l’échelle sociale et que les autorités peuvent fermer les yeux sur des activités inacceptables, tant qu’elles sont menées par les grands de la République. En demandant des comptes au plan judiciaire à de hautes personnalités, y compris à un ministre d’Etat, proche du chef de l’Etat lui-même, le Niger donne ainsi une belle leçon de démocratie aux autres pays, surtout du continent noir.
Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que l’hypothèse d’une Justice indépendante, républicaine dans cette affaire, se confirme. Pourvu donc que les droits de la défense soient respectés comme il se doit, dans un procès digne de ce nom et que la règle du contradictoire puisse jouer à fond. Ce sera une occasion pour la Justice nigérienne de prouver une fois de plus sa grandeur, et pour les personnalités poursuivies qui se disent accusées à tort, d’avoir une tribune impartiale pour faire entendre leur cause et se « blanchir » le cas échéant. Que les coupables et rien que les coupables soient punis à la hauteur de leur forfait. C’est en cela qu’une Justice se rend respectable. A chacun des protagonistes de jouer donc son rôle.

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