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Imam Ismael Tiendrebeogo à propos du test ADN en islam : « Dans le cadre d’une enquête policière, il n’y a aucun problème »
Publié le vendredi 12 septembre 2014   |  Le Pays


L’ex-premier
© aNiamey.com par Moussa Sogodogo
L’ex-premier ministre malien Modibo Sidibé, en tournée dans la sous-région, reçu en audience, par SEM Hama Amadou, président de l`assemblée nationale du Niger
Vendredi 12 avril 2013. Niamey (Niger). Modibo Sidibe en visite photo: SEM Hama Amadou, président de l`assemblée nationale du Niger


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La Justice nigérienne soupçonne le président de l’Assemblée nationale du Niger, Hama Amadou, d’être impliqué dans une affaire présumée de trafics de bébés. Depuis son exil français, celui-ci s’en défend en soutenant la thèse selon laquelle sa religion, l’islam, lui interdit de se soumettre à un test ADN. Pour en savoir davantage sur la position de l’islam, nous avons approché Ismaël Tiendrébéogo, imam de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB) et du Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI), hier 10 septembre 2014, à Ouagadougou. Selon lui, dans le cadre d’une enquête policière, il n’y a aucun problème.
« Le Pays » : Le président de l’Assemblée nationale du Niger, Hama Amadou, a affirmé tout récemment sur des médias occidentaux que l’islam, sa religion, lui interdit de se soumettre à un test ADN. Dites-nous quelle est réellement la position exacte de l’islam à ce sujet ?
Ismaël Tiendrébéogo : Il faut distinguer peut-être les domaines. Dans le cadre d’une enquête policière, bien évidemment, il n’y a aucun problème puisqu’il s’agit d’établir le lien entre un acte et son auteur, dans le but de rechercher quelque part le coupable. Il peut être aussi envisagé dans le cadre de la recherche de la paternité d’un enfant au niveau du mariage. En islam, la paternité est établie du seul fait du lien de mariage. Donc, l’islam désapprouve que l’on remette en cause une paternité établie à l’intérieur du mariage, sauf quand on a des preuves et celles-ci doivent être des preuves extraordinaires, parce que l’islam interdit d’espionner ou de fouiller dans la vie privée des gens. On doit garder les choses en l’état, les choses telles qu’elles sont. En principe, la recherche ADN visant à remettre en cause cette paternité établie par le mariage va poser problème à ce niveau-là. Le juge musulman peut autoriser le recours au test ADN dans des cas extrêmes.
Est-ce à dire que la thèse brandie par le président de l’Assemblée nationale du Niger est fausse ?
Dans une certaine mesure parce que, très souvent, les demi-vérités sont tout aussi mensongères que les mensonges complets. Cela dit, je ne sais pas exactement quelle est la teneur de ce qu’il veut dire, donc je ne peux pas, sur cette base, condamner ce qu’il dit. Mais ce que je peux dire, c’est que très souvent, les journalistes ne posent pas les questions de sorte à permettre à la personne de développer entièrement son idée et c’est souvent la portion qui les intéresse qu’on brandit. En plus, on peut ne pas avoir donné l’occasion à la personne de s’exprimer profondément sur ce qu’elle pense. Donc, de ce point de vue, il est difficile pour moi de dire si ce qu’il dit est faux ou pas.
Qu’en est-il de l’adoption des enfants ? L’islam est-il pour ou contre l’adoption des enfants?
L’adoption est permise en islam. C’est l’adoption simple qui est permise mais celle plénière ne l’est pas.
Quelle est la différence entre les deux ?
La différence entre les deux, c’est que dans l’adoption simple, l’enfant garde son nom de famille et son prénom. Mais dans l’adoption plénière, l’enfant prend le nom de ses parents adoptifs, hérite d’eux exactement comme le ferait un enfant né biologiquement des deux parents. L’islam refuse cela ; la seule adoption permise est l’adoption simple, où l’enfant garde son identité et le père s’occupe de l’enfant comme il s’occuperait de son propre enfant. Et il doit prévoir une disposition dans son testament, pour donner une portion de son héritage à l’enfant, mais ce dernier ne peut pas hériter de lui comme le ferait un enfant biologique. Donc, dans son testament, il peut décider de donner un tiers ou la moitié de ses biens. C’est lui qui voit ce qu’il peut faire de son héritage mais l’enfant ne peut pas hériter, selon les règles d’héritage dévolues aux ayant-droits d’un père musulman qui sont les enfants, les oncles, les ascendants, la conjointe bien évidemment.
Est-ce à dire que si Hama Amadou a adopté des enfants en leur donnant son nom, cela n’est pas normal en islam ?
Les enfants ne doivent pas prendre son nom, ils doivent garder le nom de leurs parents biologiques, c’est dans la sourate 33, le début de la page où Dieu dit: «Vous donnez à vos enfants vos propres noms alors qu’ils sont des enfants adoptés. Appelez-les par le nom de leurs parents. Et s’ils n’en ont pas, ils sont vos frères en religion ». Donc, cela veut dire que dans le principe, l’adoption doit être simple pour que l’enfant ne soit pas coupé de sa famille biologique. Les objectifs de la charia sont au nombre de cinq. Le premier c’est de préserver la vie, le deuxième préserver la foi, le troisième le lien de parenté, le quatrième préserver la richesse, et le cinquième c’est préserver la raison. Donc, dans la préservation des liens de parenté, l’islam va insister pour dire qu’il ne faut pas rompre ce lien de parenté. C’est pourquoi le test ADN, quand il survient dans un couple marié, va poser un problème de décence pour le musulman parce que, d’office, l’enfant né à l’intérieur du lien du mariage a pour père le mari de la mère, comme le souligne exactement le Code des personnes et de la famille, ce qu’on appelle la présomption de paternité selon laquelle «tout enfant né dans le mariage a pour père le mari de la mère ». Cela est un principe sacré en islam et il est interdit de remettre en cause la paternité de quelqu’un. Le prophète (Paix et salut sur lui) a interdit qu’on le fasse. Maintenant, il y a des cas exceptionnels où le juge musulman peut être amené à aller au-delà, parce que dans le principe de la charia également, la nécessité peut lever l’interdit comme le prophète (Paix et salut sur lui) l’a affirmé. Donc, il y a des cas de contraintes ou de force majeure où le juge musulman peut réaménager une disposition, pour aller dans le sens de l’intérêt des individus.
Quelle lecture faites-vous de cette affaire de trafic de bébés au Niger?
Bien évidemment, c’est dommage parce que déjà, quand on parle de trafic, on parle de rupture du lien de parenté dont je parlais. C’est un problème en soi, parce que cela remet en cause la filiation des enfants. Et deuxièmement, on marchande les enfants ; ils deviennent comme n’importe quel bien, un jouet qu’on achèterait dans un supermarché et je crois que Dieu dit dans la sourate 17 : « Nous avons, certes, ennobli le fils d’Adam et nous l’avons préféré à la plupart de nos créatures ».
« L’islam permet la fécondation, mais il faut que la semence vienne de l’homme et de sa femme légalement mariés »
Donc, sur la base de cette noblesse et de cette dignité que nous avons, un être humain ne doit pas être traité comme une marchandise ou un objet, parce que ce serait remettre en cause cette noblesse et cette dignité que Dieu a accordées à chacun de nous. Egalement, c’est de dire que ceux qui sont victimes de cela en tant que parents, ceux dont on arrache les enfants, on leur laisse une détresse dont ils ne peuvent pas se relever facilement. C’est une méchanceté faite à ces parents-là. Et le verset dit : « Ne faites pas de tort ni ne laissez pas qu’on vous fasse du tort ». Cela veut dire que là également, il y a un problème. A un quatrième niveau, il y a une perturbation générale au niveau de la société parce qu’à un certain moment, on l’a vu en France, dans certains pays, les enfants nés sous X et qui sont adoptés par la suite cherchent finalement à retrouver leurs origines. Cela veut dire que l’adoption plénière ne satisfait pas au point que l’on oublie ses propres racines. Il y a toujours cette quête des parents biologiques. Il y a cette dislocation de la société également à travers la rupture des liens biologiques de filiation que l’on constate avec ce trafic d’enfants et c’est vraiment un mal.
Mais n’oubliez pas qu’il y a des parents complices. Il y a souvent le cas de femmes qui sont prêtes à porter une grossesse, quitte à vendre l’enfant après.
En islam, la question de mère porteuse ne se pose pas, c’est-à-dire que l’ovule d’une femme ne peut pas être fécondé par le spermatozoïde d’un homme autre que son époux. Cela est interdit, on ne peut pas être mère porteuse en islam. La fécondation ou l’assistance à la fécondation telle que médicalement pratiquée, c’est entre des conjoints qui ne peuvent pas avoir d’enfants. L’islam permet la fécondation dans ce sens, mais il faut que la semence vienne de l’homme et de sa femme légalement mariés. On ne peut pas être mère porteuse en islam. C’est douloureux parce que, finalement, ces mères porteuses deviennent comme des camions qui transportent une marchandise et à la livraison, on a plus besoin du camion, on retire son contenu et on vend la marchandise comme on le veut. On réduit l’homme à un objet ou à une marchandise.

Colette DRABO et Romial TOE (Stagiaire)

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