7ème République : Le pouvoir, trois hommes, un Coran ! #aNiamey

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7ème République : Le pouvoir, trois hommes, un Coran !

Publié le lundi 15 septembre 2014 | Le Souffle de Maradi

© AFP par Brendan SMIALOWSKI
Sommet USA-Afrique : Dîner de groupe entre les différents chefs d`états présents
Mardi 05 aout 2014. Washington. Photo: Issoufou Mahamadou, président du Niger

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« Issoufou et moi avons juré sur le Coran de ne pas nous trahir mutuellement… Cela s’est passé chez Abdou labo… » Dixit Hama Amadou dans un speech tenu à Maradi lors d’un meeting de l’ARDR.
La scène évoquée ici s’est déroulée vraisemblablement à la veille du 2ème tour des élections présidentielles de 2011. Mahamadou Issoufou était arrivé en tête, Seyni Oumarou 2ème et 3ème Hama Amadou. Le deuxième tour devrait donc opposer le candidat du PNDS à celui du MNSD. C’était le temps des alliances autour de l’un ou l’autre des candidats.

Hama Issou Seini Le candidat du PNDS soutenu ouvertement par la junte militaire, avait cependant les faveurs des pronostics. L’opinion était majoritairement favorable à son accession au pouvoir. Il s’agissait alors pour lui de constituer une coalition forte capable de traverser la première mandature sans encombre et lui permettre la mise en œuvre de son ambitieux programme de campagne. Naturellement le candidat du tout nouveau parti MODEN FA Lumana, arrivé 3ème fit l’objet de toutes les sollicitations. C’est alors que les militaires au pouvoir et Dahirou Mangal interviennent pour « connecter » Mahamadou Issoufou et Hama Amadou.

Mais dans la planète politique nigérienne habituée aux divorces, revirements, retournements de casaques et autres changements de couleur, la parole donnée tout comme les accords signés, ne suffisent plus à garantir la fidélité des contractants. Pour conjurer ce mal qui gangrène la classe politique, des stratèges nigériens débordant d’imagination sont allés fouiller dans les pratiques ancestrales pour exhumer ce qu’ils présentent aujourd’hui comme le médicament le plus efficace contre la trahison politique : Le « Chan laya » qui consiste à faire jurer tous les protagonistes sur le Coran. Cette formule est tellement répandue qu’il est rare de voir, par ces temps qui courent, un chef de parti, un député ou un conseiller qui n’aurait pas juré sur le Coran, ne serait-ce qu’une fois dans sa tumultueuse carrière politique. Ici à Maradi, très récemment, dans le cadre de la succession de Kassoum Moctar, plus de la moitié des conseillers ont juré sur le Coran, certains deux fois, en prenant des pots de vins et en promettant aux candidats leur vote. Et cela ne les a pas empêché de trahir…

Ainsi, pour se rassurer mutuellement dans la conquête du pouvoir et dans sa gestion ultérieure, Mahamadou Issoufou et Hama Amadou jurèrent sur le Coran en se promettant fidélité et considération. La scène eut lieu, c’est rappel, dans le salon d’Abdou Labo en présence de ce dernier qui a la qualité d’être ami aux deux personnalités. Le pouvoir fut conquis, Mahamadou Issoufou devint Président de la République, Hama Amadou Président de l’Assemblée Nationale et Abdou Labo Ministre d’Etat Ministre de l’Intérieur et plus tard Ministre de l’agriculture.

Mais le recours au Coran, pour rassurant qu’il soit pour les protagonistes, est cependant une pratique qui a des conséquences désastreuses, voire dévastatrices pour les mêmes protagonistes. Car la tradition, d’où les gens sont partis déterrer cette pratique pour la transposer dans un débat démocratique moderne, nous enseigne que toute personne qui jure sur le Coran, avec ou sans raison, en sortira diminuée. Elle le sera davantage et sa vie se transformera en tourments s’il se trouve qu’elle a tort. Tout au long de nos vies respectives, nous avons vu et côtoyé « des gens qui ont juré » perdre leur fortune, leur santé ou finir leur parcours par une de ces morts atroces.

Pour l’heure, nos « trois mousquetaires » sont tous dans la tourmente, avec des fortunes diverses, il est vrai. Est-ce le début de la sentence, comme le prédisent certains observateurs ? Trois ans seulement après leur accession au pouvoir, Hama Amadou et Abdou Labo sont dans le collimateur de la justice, sous le coup de la grave accusation de « trafic de bébés ». Leurs deux épouses séjournent déjà depuis plus de deux mois en prison pour la même affaire en compagnie d’une dizaine de personnes. Abdou Labo vient à son tour de les rejoindre. Le film de son arrestation et de son transfèrement à la prison de Say s’est déroulé en quelques heures chronos. Hama Amadou, sentant l’étau se resserrer autour de lui, est obligé de « fuir pour sauver sa peau », laissant derrière femmes, parti et militants, pour se réfugier en France d’où il lance, avec la bienveillance des médias français, des attaques incendiaires et pour le moins, corrosives pour l’image du Président Issoufou et sa gouvernance. La rupture, pour ne pas dire la trahison, entre les trois hommes est désormais consommée et les hostilités ouvertes plus que jamais. Le président Issoufou de son côté, vit sans doute mal cet épisode. Président d’un pays en pleine convulsions politiques, dernier au monde de surcroit, même avec son avion « neuf », il n’est assurément pas le président heureux qu’on pourrait imaginer.

El Kaougé Mahamane Lawaly

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