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L’étrange destin de Hama Amadou
Publié le mardi 16 septembre 2014   |  Le Républicain


Le
© Autre presse par DR
Le président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou


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L’affaire dite des bébés importés, continue de faire des vagues au Niger et dans la sous région, avec des interpellations et des emprisonnements ici et là de personnalités impliquées dans le dossier. Cette affaire intéresse d’autant plus l’opinion qu’elle met à nu un commerce d’un genre nouveau sous nos cieux : la procuration, contre espèces sonnantes et trébuchantes d’êtres humains, des bébés fabriqués dans une usine spécialisée du Nigéria voisin. De quoi émouvoir des cœurs en pierre. Une véritable déclaration de guérie à la morale, direz-vous, aux mœurs, aux bonnes mœurs.

Chez nous, l’enquête diligentée par la police des deux pays concernés, à savoir le Niger et le Nigéria, a permis d’appréhender et de mettre en prison plusieurs femmes, à priori au dessus de tout soupçon, du fait notamment de la place qu’occupent leurs époux dans notre société. Citons, pour les cas les plus illustratifs, l’une des épouses du président de l’Assemblée Nationale, Hama Amadou, du Ministre d’Etat, Ministre de l’Agriculture Abdou Labo, qui a fini par connaître le même sort que sa moitié, tout comme l’Ex Directeur Général de la Sonibank Moussa Hayatou qui croupit à la prison civile de Say, alors que ses trois épouses sont gardées à la prison civile de Kollo.

Chacune de ces femmes a cru bon se procurer des jumeaux. La liste des personnalités impliquées dans cette scabreuse affaire est longue et la presse en a fait largement écho. Celle d’ici comme celle d’ailleurs.

Au demeurant, cette affaire, malgré son caractère gravissime, le trafic d’êtres humains, un crime puni par la loi, serait depuis longtemps aux oubliettes, n’eût été la forte politisation dont elle a fait l’objet de la part de certaines personnalités impliquées, qui ont vite fait d’y voir une chasse aux sorcières, une cabale en vue d’assombrir leur carrière politique, voir d’écourter leur vie. C’est notamment le cas du président de l’Assemblée Nationale Hama Amadou. Contrairement aux autres personnalités impliquées, qui ont fait confiance à la justice nigérienne en se confrontant à elle avec courage et en se pliant à son verdict, y compris Abdou Labo pourtant Ministre de la République, Hama amadou a lui préféré se débiner. Plutôt que de se présenter devant le juge, seul à même de déclarer son innocence ou sa culpabilité, de le laver de cette infamie ou de le poursuivre, il a préféré quitter le pays à l’anglaise, abandonnant sa famille, son parti, le Moden Fa lumana Africa, ses militants, ses alliés de l’Alliance pour la Réconciliation, la Démocratie et la République ( ARDR), dans le doute, le désarroi, l’incertitude des lendemains. Surtout à un moment où les partis réunis au sein de ce cadre traversent une zone de turbulence à l’issue incertaine.

De 2000 à aujourd’hui, le nom de Hama Amadou a été cité ou associé dans de nombreuses affaires, et mêmes des scandales. C’est vrai, il a toujours crié à une cabale contre sa personne, mais pas comme dans cette affaire de trafic de bébés ; Il a toujours brandi l’argument du harcèlement politique pour l’écarter du boulevard qui mène au pouvoir, mais pas autant que dans ce dossier de bébés achetés au Nigéria. Pour vous rafraîchir la mémoire, nous prenons pour exemple l’affaire Zainab révélée par Le Républicain en 2001, alors que Hama Amadou était Premier Ministre du Niger. En effet, l’affaire Zainab, c’est ce marché de gré à gré de un milliard de nos francs, attribués à une opératrice économique originaire du Nigéria, proche du régime d’alors. L’affaire a même contraint l’opposition politique à déposer une motion de censure contre le gouvernement de Hama Amadou. Vous ne vous remettez toujours pas des scandales dans lesquels Hama Amadou est impliqué? Pensez alors à cette affaire dite des « 4 milliards de Bons Pour », révélée encore une fois par votre journal et qui ont permis à des opérateurs économiques qui sont dans le cercle du Premier Ministre qu’il était de se faire payer des factures des caisses du Trésor public, sans suivre les normes élémentaires en matière de gestion des fiances publiques.

Il en est de même de cette autre affaire de Lettres d’Autorisation de Paiement (LAP) et de Paiements Sans Ordonnancement Préalable (PSOP), qui a permis de soutirer des milliards de francs CFA du Trésor National pour récompenser des opérateurs économiques, militants du MNSD-Nassara du tandem Hama-Tandja. Que dire encore de cette affaire de détournement du fonds d’aide à la presse 2001, d’un montant de 100 millions F CFA dans lequel Hama Amadou était impliqué ? Une affaire pour laquelle il a d’ailleurs séjourné à la prison de haute sécurité de Koutoukallé, avant d’être innocenté par la justice de son Etat. La liste des scandales dans lesquels l’actuel président de l’Assemblée Nationale est impliqué est longue, comme vous le constatez et c’est pourquoi sans avoir la prétention d’être exhaustif nous rappelons à votre mémoire l’affaire MEBA, que d’aucuns appellent le détournement du siècle. Une affaire qui porte sur le détournement de 4 milliards F CFA destinés à l’achat de fournitures et manuels scolaires pour les écoliers nigériens. Cette affaire, on s’en souvient, a conduit à l’arrestation et l’emprisonnement des Directeurs de publication et de la Rédaction du Républicain, respectivement Maman Abou et Oumarou Keita sur la plainte de Hama Amadou. Le premier a été déporté à la prison civile de Téra, le second à celle de Filingué. Mais la Justice étant indépendante et impartiale, la même affaire a abouti à l’arrestation du ministre de l’éducation nationale, en l’occurrence Hamani Harouna et Ari Ibrahim et à une motion de censure qui a fini par emporter Hama Amadou en mai 2007.

Dans toutes ces affaires, nul n’a entendu l’intéressé dire qu’on voulait attenter à sa vie, sauf pendant l’épisode de sa séparation forcée d’avec Tandja Mamadou, lorsque celui-ci l’a écarté de la gestion des affaires pour mieux préparer son projet de Tazartché. Tout le monde connaît la suite, avec la fuite de Hama Amadou. Et depuis son exil que les nigériens ont appris à travers la presse étrangère les motifs de sa fuite : « Tandja veut me tuer», disait-il.

Aujourd’hui pourtant, c’est la seule occasion pour Hama Amadou de montrer qu’il fait confiance en la justice de son pays, d’autant que tout le monde s’accorde à dire, au Niger comme ailleurs l’affaire dite des bébés importés est une affaire juridico judiciaire.

Comme en témoigne la liste des personnalités citées et incriminées clans le dossier. Mais contre toute attente, Hama a préféré se soustraire à la justice de son pays, arguant que c’est une affaire de plus pour avoir sa peau. A-t-il compris que c’est justement le seul dossier où le politique n’a pas son mot, sa main, sa fortiori sa prise ? Destin, étrange destin que celui d’un homme politique de la carrure de Hama Amadou. Il aura survécu à tous les soubresauts, à toutes les combines, à tous les coups bas politiques, pour enfin se retrouver englué dans les sables mouvants de cette affaire de bébés importés. .

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