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Entretien avec M. Sabiou Iro, directeur du Patrimoine Culturel par intérim : ’’Le site du Centre historique d’Agadez est parsemé de monuments historiques anciens dont le plus célèbre demeure la Grande Mosquée, avec son minaret en terre de 27 mètres»
Publié le mercredi 3 juillet 2013   |  Le Sahel




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Monsieur le directeur, comment le processus d'inscription du Centre historique d'Agadez a–t-il été mené par notre pays?

Dans le cadre de la sauvegarde et de la valorisation du patrimoine culturel national, le Niger s'est engagé, depuis 2002, dans le processus de nomination du Centre Historique d'Agadez sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité.Cette initiative est motivée par le fait que le Niger, en dépit de ses potentialités culturelles, n'a jusqu'ici inscrit aucun site culturel sur la prestigieuse liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité.

Notre patrimoine culturel mérite d'être connu par l'humanité tout entière, car il porte des valeurs historiques, culturelles, architecturales et artistiques exceptionnelles et universelles. Le choix du site d'Agadez n'est pas un fait du hasard, car Agadez est une des plus anciennes cités du Niger dont l'origine remonte au début du 15ème siècle. La vieille ville d'Agadez, construite selon un schéma architectural unique, a été une plaque tournante du commerce transsaharien et un centre de rayonnement de l'Islam au Soudan central.
Le site du Centre historique d'Agadez est parsemé de monuments historiques anciens dont le plus célèbre demeure la Grande Mosquée de la localité, avec son minaret en terre de 27 mètres, un des plus hauts du monde, entièrement bâti en terre cuite. En 2010, le Gouvernement a fait de l'inscription du site d'Agadez une priorité en mobilisant des moyens conséquents qui ont permis une avancée considérable du processus d'inscription du site d'Agadez. En outre, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de la Renaissance du Niger, les autorités de la 7ème République, faut-il le rappeler, ont réaffirmé leur volonté et leur engagement à œuvrer pour la sauvegarde du patrimoine culturel national. En témoigne le discours de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l'Etat, SE Issoufou Mahamadou, lors de l'ouverture du colloque international sur les 50 ans de l'urbanisation en Afrique, je cite :''Notre engagement vers la modernité n'exclut pas la sauvegarde de notre patrimoine comme le preuve la démarche en cours d'inscrire la vieille ville d'Agadez, célèbre depuis le 16ème siècle pour son architecture, au patrimoine mondial de l'Unesco''.

En s'inscrivant dans cette dynamique, le Ministère en charge de la Culture a réalisé, entre autres actions prioritaires, l'adoption, en 2011, par les Ministères concernés, du règlement d'urbanisme du site d'Agadez qui couvre respectivement 77,6 ha et 98,1 ha pour la zone principale et la zone tampon; la finalisation et la soumission, en janvier 2012, de notre dossier de candidature à l'Unesco pour son examen; la création, par décret n°2012-178 du 9 mai 2012, et la mise en place de la Cellule de Conservation et de Gestion du Centre Historique d'Agadez ; la réalisation des travaux de réhabilitation et d'assainissement des éléments majeurs du site; et enfin l'organisation, en septembre 2012, de la mission d'évaluation du Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) diligentée par l'UNESCO pour permettre d'examiner notre candidature en 2013.

Quel est le contenu du dossier d'inscription présenté à l'UNESCO par le Niger?
Fondée au 11ème siècle, Agadez va prendre son essor et sa configuration toute particulière au milieu du 15ème siècle, avec l'établissement du sultanat de l'Aïr par les diverses tribus touarègues de la région. Le rôle de conciliateur, qui est le fondement à la base de la création du sultanat, permit d'établir un environnement pacifié et, comme espéré, la mise en valeur de la route transsaharienne, à partir d'Agadez. Au-delà, en adoptant une stratégie d'accueil élargie à des représentations des sultanats et ou royaumes voisins (Kanuri, Haussa, Songhaï), la ville put prospérer et accommoder une population élargie, organisée en onze quartiers principaux.

Ce développement progressif a donné à Agadez une structure originale, fondée autour de campements qui se sont progressivement transformés en îlots bâtis, délimitant ainsi, non pas des rues, mais de nombreuses places et placettes. Ce lieu d'échanges entre les royaumes voisins et le Maghreb engendra prospérité et créativité, ce qui se reflète dans le patrimoine de la ville, et plus particulièrement dans son architecture exceptionnelle. On trouve à Agadez le plus haut bâtiment du monde dont la structure est entièrement construite en terre crue et un modèle d'habitat performant, valorisant au mieux les ressources locales et témoignant d'un véritable art de vivre, adapté à l'environnement et au climat local. La grande mosquée, le palais du Sultan, la maison du Cadi et de nombreux bâtiments aux fonctions particulières sont toujours des lieux vivants qui gardent un rôle important dans la vie quotidienne de la ville et font perdurer la culture de paix et de prospérité insufflée par le sultanat de l'Aïr.

En 1405, la volonté de conciliation des tribus nomades de la région située à l'extrême sud du massif de l'Aïr, entre Sahara et Sahel, a abouti à la création du sultanat de l'Aïr. L'objectif des tribus qui créèrent cette institution était d'assurer la cohésion d'un pays ravagé par les conflits et les tensions entre groupes rivaux et régulièrement soumis aux attaques du royaume de Bornou.

Cette nouvelle entité politique et religieuse, avec à sa tête le Sultan, allait permettre de manière durable de régler les conflits et de développer le commerce transsaharien dans la région. Le site d'Agadez, idéalement située ''aux portes du désert'' et bénéficiant de l'irrigation provenant des montagnes de l'Aïr en devint la capitale au 15ème siècle. Le sultanat, centre de conciliation et d'unification des populations nomades, touarègues et berbères, contre l'adversité, avait aussi vocation à faciliter l'établissement dans la ville de représentants des populations Hausa, Kanuri, Zarma, etc., afin de développer le commerce, mais aussi d'avoir des interlocuteurs avec qui d'éventuels conflits émergents pourraient être réglés. Une véritable ville s'est ainsi développée sur ce lieu de campements occupé depuis le 11ème siècle.

Monsieur le directeur, quelles sont les retombées que peut avoir une telle décision pour la ville d'Agadez désormais inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO ?
Les biens inscrits incombent au premier chef à l'Etat partie, mais l'inscription sur la Liste postule que ces biens appartiennent aussi à l'Humanité, et sont ainsi placés sous une sorte de sauvegarde internationale. Il y a donc un système de coopération et d'assistance pour aider l'Etat partie du point de vue financier et matériel.

Cette inscription permettra, avec le concours du Programme des villes du patrimoine mondial de l'UNESCO, de protéger le centre historique vivant d'Agadez et son patrimoine culturel et architectural des menaces comme le développement incontrôlé et les constructions inconsidérées. Elle va aussi conférer à la ville d'Agadez un label international qui rehaussera l'image de marque de notre pays et procurera aux populations des retombées économiques inestimables, issues de diverses activités, notamment commerciales, artisanales, touristiques, mais aussi d'actions de développement à travers la création d'emplois et des activités génératrices de revenus qui seront menées dans le cadre du plan de conservation et de gestion du Site inscrit.

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