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Le spectacle désolant de la classe politique !
Publié le jeudi 30 octobre 2014   |  actu Niger


Le
© Autre presse par DR
Le ministre d`Etat, ministre du Plan, de l`Aménagement du Territoire et du Développement Communautaire, M. Amadou Boubacar Cissé
Photo : M. Amadou Boubacar Cissé


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La semaine dernière et comme à ses habitudes, toutes les fois qu’elle est en première ligne dans la gestion des affaires de l’Etat, la classe politique nigérienne a encore servi aux Nigériens, aux diplomates accrédités au Niger et même aux étrangers de passage, un des spectacles désolants dont elle est désormais devenue championne dans la sous-région à chaque fois qu’il s’agit de défendre ses propres intérêts.



Ignorant royalement que les Nigériens les observent et que le monde entier les voit et les écoute, des acteurs politiques de la majorité et de l’opposition se sont livrés à des échanges des propos grossiers et lamentables à travers des sorties médiatiques.


Certains esprits s’empresseront certainement de soutenir que c’est l’un des signes de la vitalité de la démocratie nigérienne. Mais, disons-le tout net, ce à quoi on a assisté la semaine dernière, entre des acteurs politiques de la majorité et de l’opposition, est tout simplement un des symptômes de l’immaturité et du manque d’esprit démocratique qui caractérisent la classe politique nigérienne. Vingt (20) ans après l’avènement du processus démocratique au Niger, force est de reconnaître que, dans leur quasi-totalité, les hommes et les femmes que le destin a désignés pour conduire ce processus n’ont tiré aucune leçon de nombreux échecs constatés, à plus forte raison s’atteler à les corriger. Il est tout aussi clair comme l’eau de roche que malgré leurs mirobolants discours, ponctués des belles citations de Montesquieu et autres Jean Jacques Rousseau, les acteurs politiques nigériens ne sont pas des vrais démocrates quand on les juge à travers leurs actes de tous les jours. Si ce n’est pas pour dire qu’il est le plus beau, le plus honnête et le plus intelligent de tous – même s’il n’a aucune de ces qualités – abstenez-vous de parler de l’homme politique nigérien, sinon vous devenez tout de suite son ennemi et il trouvera toujours le moyen de vous répondre. Le spectacle désolant que certains de ses membres ont offert la semaine dernière traduit parfaitement ces deux déficits dont souffre la classe politique nigérienne : l’immaturité et le manque d’esprit démocratique de ses acteurs.


Répondant à trois membres du Gouvernement, qui eux-mêmes ont réagi au point de presse du leader de l’opposition, deux membres de cette opposition sont encore sortis animer un point de presse, à travers lequel le porte-parole de l’opposition a eu des mots très durs contre un des trois ministres, en l’occurrence celui de la Justice et porte-parole du Gouvernement. M. Ousseïni Salatou – qui fut lui-même ministre vers la fin du régime de l’ancien Président Tandja Mamadou – s’est attaqué avec une rare violence au garde des sceaux Marou Amadou. Le lendemain, c’est au tour du même Ousseïni Salatou d’être pris à partie par un autre acteur se réclamant de la Cellule communication de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN), regroupant les partis au pouvoir. Lui aussi est descendu dans les égouts pour parler de certains aspects de la vie du porte-parole de l’opposition. On pensait que la passe d’armes était terminée entre le pouvoir et l’opposition quand, subitement, on apprend que le Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la décentralisation, des affaires coutumières et religieuses a aussi convoqué la presse à son cabinet. Tout comme ses collègues du Plan, des Finances et la Justice, le Ministre Hassoumi Massaoudou voulait aussi réagir par rapport au point de presse animé par le chef de file de l’opposition Seïni Oumarou. Il est vrai que l’un des points forts du point de presse de Seïni Oumarou (l’achat du nouvel avion présidentiel) concernait directement le Ministre qui en a signé la première lettre d’intention de l’achat, à l’époque où il était Directeur de Cabinet du Président de la République. Il est tout aussi vrai que ni le Ministre d’Etat du Plan Amadou Boubacar Cissé, ni celui des Finances Gilles Baillet, ni encore moins le Ministre porte-parole du Gouvernement ne l’ont «défendu» lors de leur point de presse. Mais est-ce que la sortie du Ministre Hassoumi Massaoudou était vraiment opportune après celle de ses trois collègues visiblement mandatés par le Gouvernement pour répondre au chef de file de l’opposition ? Comme à ses habitudes, le patron des flics n’est pas passé par quatre chemins pour tourner en dérision le chef de file de l’opposition Seïni Oumarou et le Président de l’Assemblée nationale Hama Amadou dont le cas avait été longuement évoqué par le chef de file de l’opposition lors de son point de presse.



Les sorties inopportune des députés Mohamed Ben Omar et Seydou Bakary Sangaré
Les Nigériens n’avaient pas fini de s’interroger sur les échanges lamentables entre le pouvoir et l’opposition, au sujet du point de presse du leader de l’opposition, quand deux autres acteurs – un de la majorité et un autre de l’opposition – ont inopportunément surgi sur la scène pour livrer un autre spectacle des plus indigestes. Fraîchement revenu de Genève où il a conduit la délégation du Niger à l’Assemblée générale de l’Union Parlementaire de la Francophonie (UPF), le 4ème Vice-président de l’Assemblée nationale Mohamed Ben Omar a convoqué la presse pour, comme il l’a lui-même dit, répondre à certaines «informations infondées» faisant état du fait que la délégation nigérienne à cette rencontre aurait été mal accueillie en raison de la situation dans laquelle le pouvoir de Niamey a mis le Président de l’Assemblée nationale Hama Amadou. Alors qu’il lui suffisait juste d’apporter la preuve que lui et ses collègues ont droit à tous les honneurs – ce qui pourrait se faire par une simple diffusion des images de la délégation du Niger au sein de la salle où s’est tenue la rencontre – le 4ème Vice-président de l’Assemblée nationale s’est livré à un violent réquisitoire contre les médias nigériens ayant rapporté les «informations infondées», avant de s’acharner dans une diatribe contre Hama Amadou qu’il considère comme n’étant plus le Président de l’Assemblée nationale. Le lendemain, c’est le député Seydou Bakary Sangaré, président du groupe parlementaire du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/LUMANA-AFRICA) de Hama Amadou, de convoquer à son tour un point de presse pour réagir à celui de Mohamed Ben Omar. Avec un langage tout aussi cru que le sien, Seydou Bakary Sangaré a fait des mises en garde à Mohamed Ben Omar, avant de menacer de faire des «révélations» sur les rapports entre ce dernier et Hama Amadou, si jamais lui Mohamed Ben Omar continue à parler mal de celui qu’il considère désormais comme l’ancien Président de l’Assemblée nationale. Dès le lendemain, le même Mohamed Ben Omar convoque un deuxième point de presse pour répondre à Seydou Bakary Sangaré. Dans une colère mal contenue, le 4ème Vice-président de l’Assemblée affirme que Seydou Bakary Sangaré – tout président du groupe parlementaire de son parti qu’il soit – n’a jamais eu des causeries directes avec Hama Amadou. Tout en invitant Seydou Bakary Sangaré à dire tout ce qu’il connaît sur lui, à propos de ses relations avec Hama Amadou, Mohamed Ben Omar a lui aussi dit qu’il a beaucoup de choses à dire sur celui qu’il considère comme l’ancien Président de l’Assemblée nationale.



Quand la presse prête le flanc aux acteurs politiques
A regarder les choses de près, on s’aperçoit que la promptitude avec laquelle les acteurs politiques animent des points de presse et publient des déclarations, pour juste échanger des insultes, est aussi imputable à la presse nigérienne qui est tellement facile d’accès. Aujourd’hui, n’importe qui peut convoquer les médias nigériens, notamment ceux du privé, à des points ou conférence de presse et autres déclarations, même si c’est pour uniquement insulter la presse. Vivant dans un contexte économique des plus difficiles et comportant à son sein des hommes et des femmes dont le seul souci est d’avoir de l’argent, la presse privée nigérienne est de moins en moins regardante par rapport à sa responsabilité dans la préservation de l’unité et de la cohésion sociales. Au lieu de s’occuper des vrais problèmes qui préoccupent les citoyens (pauvreté, cherté de la vie, difficulté d’accès aux soins de santé, à l’eau potable et à un environnement sain, entre autres), la plupart des médias sont devenus des véritables marionnettes à la solde des acteurs politiques qui les utilisent comme ils veulent et qui n’hésiteront pas à leur tourner le dos une fois leur but atteint. Combien sont-ils ces personnages anonymes qui se sont appuyés sur la presse pour se faire une place au soleil et qui sont devenus par la suite les pires adversaires de cette presse ?


Habibou Abdou


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