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Afrique de l’Ouest: la double peine des femmes enceintes sous la menace d’Ebola
Publié le dimanche 16 novembre 2014   |  AFP


Lutte
© AFP par DR
Lutte contre le virus Ebola
Septembre 2014


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C'est la double peine pour les femmes des pays d'Afrique de l'Ouest confrontés à Ebola, qui accouchent à domicile malgré les risques, fuyant les cliniques et les hôpitaux par crainte d'être contaminées ou au contraire refoulées par manque de place.

Au coeur de la capitale de la Sierra Leone, Freetown, dans le quartier "Magazine" qui surmonte les misérables baraques de Susan's Bay, le personnel du dispensaire de Mabella se désole vendredi dans ses locaux vides, face à la mosquée.

"Les patientes ont peur de nous. Elles ne viennent plus, à moins d'être vraiment malades", explique sa responsable, Justina Bangura, en exhibant le grand registre jaune où sont notés les noms des parturientes.

"47 accouchements en juillet, 30 en août, 25 en septembre et 27 en octobre", lit-elle. Simultanément, son équipe a vu le nombre d'accouchements à domicile passer de sept en juillet à 14 en août et encore 10 en octobre. Sans ignorer que d'autres ont pu lui échapper.

"On essaie d'expliquer aux femmes qu'elles risquent l'infection et la mort en accouchant à la maison. Mais elles nous appellent les +infirmières Ebola+. En juillet-août, elles racontaient même qu'on leur injectait le virus. Les gens nous insultent et nous lancent des pierres" rapporte avec émotion Eugenia Bodkin.

"Même moi, au début, j'avais peur de toucher les patientes, de faire des palpations", confie l'infirmière. "Mais j'essaie de les convaincre: on est là pour sauver vos vies".

La quadragénaire prend soin d'arriver au dispensaire en tenue de ville et de ne revêtir sa combinaison qu'une fois dans la salle d'examen.

A l'écart du centre-ville, dans le quartier de Wellington, les infirmières du dispensaire de Kuntorloh ont trouvé une parade aux préjugés de leurs patientes: elles travaillent en tenue de ville pour les rassurer.

"Tout le monde a peur d'Ebola", se justifie Ramatu Kamara, en robe et turban lilas, mais gantée de plastique, alors qu'elle s'apprête à vacciner Anthony, deux mois.

"C'est la raison pour laquelle nous ne portons plus d'uniforme, sinon les femmes ne viennent plus. Elles disent que toutes les infirmières ont Ebola, qu'elles meurent et qu'on leur ment".

- Record de mortalité maternelle -

Selon le directeur, Musab Sillah, la situation s'est un peu améliorée depuis les trois jours de confinement imposés par le gouvernement à toute la population en septembre, mis à profit par les agences humanitaires comme l'Unicef ou l'ONG britannique Save the Children qui soutient son dispensaire, pour faire de la pédagogie porte à porte.

"Mais quand le gouvernement tente de sensibiliser la population en réunion publique, ça ne marche pas du tout", affirme-t-il.

Ailleurs, comme au Liberia, ce sont souvent les structures sanitaires débordées à cause de l'épidémie qui ferment leurs portes aux femmes enceintes.

La Sierra Leone a le taux de mortalité maternelle le plus élevé du monde, avec 1.200 décès pour 100.000 naissances vivantes, un taux encore aggravé par Ebola.

Le gouvernement a réagi en sanctionnant les accouchements à domicile : 50.000 leones (11 dollars, 9 euros) d'amende pour les femmes bravant la consigne. Mais ici, précise le directeur, on soigne sans les dénoncer celles qui viennent chercher du secours après coup.

"On n'a pas enregistré un seul décès depuis 2010", date d'ouverture du centre, insiste-t-il. Mais Ebola fait peser de nouvelles menaces sur les femmes enceintes et leur bébé car leur système immunitaire entamé par la grossesse se défend mal contre le virus qui l'attaque.

"On leur conseille de prendre soin d'elles, de bien se nourrir car, infectées, elles ont beaucoup moins de chances de survie que les autres", précise-t-il.

Après la naissance, en cas de suspicion d'Ebola, elles doivent immédiatement arrêter d'allaiter, reprend Musab Sillah alors qu'une jeune accouchée ouvre son corsage pour son minuscule nourrisson.

Selon les estimations du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), 800.000 femmes accoucheront dans les 12 prochains mois dans les trois pays les plus touchés par Ebola: Liberia, Sierra Leone et Guinée.

Parmi elles, 120.000 sont exposées à des complications potentiellement fatales, faute de soins adaptés, et des milliers mourront en couches, selon ces prévisions.

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