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Le Sahel N° 8839 du 8/12/2014

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Allocution du ministre d’Etat à la Présidence assurant l’intérim du Premier ministre : «Faisons en sorte que nos enfants ne soient plus exposés aux risques liés aux mariages et maternités précoces», déclare M. Albadé Abouba
Publié le jeudi 11 decembre 2014   |  Le Sahel


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© Autre presse par DR
Le ministre d`Etat, M. Albadé Abouba


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Mesdames et Messieurs,
C’est un honneur pour moi de procéder, au nom de Son Excellence Monsieur BRIGI RAFINI, Premier ministre, Chef du Gouvernement, empêché par des contraintes de calendrier, au lancement solennel de la campagne de lutte contre le mariage des enfants.
Permettez-moi, tout d’abord, d’exprimer notre profonde gratitude à toutes celles et à tous ceux qui ont massivement répondu à notre invitation.
Mesdames et Messieurs,
Le 29 mai 2014, à Addis Abeba, l’Union Africaine (UA) a lancé la campagne de lutte contre le mariage des enfants et a souligné la pertinence et l’importance de cette campagne. Elle a invité les Etats membres à soutenir la campagne, afin d’assurer le bien-être de la fille et de la famille africaine
En effet, chaque année, environ 14 millions d’adolescentes sont mariées dans le monde. Dans les pays en développement, une fille sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans ; et une sur neuf avant d’atteindre 15 ans. Quarante-et-un (41) pays dans le monde ont un taux de prévalence du mariage des enfants de 30% ou plus, dont 30 pays en Afrique.

Au Niger également, la situation des jeunes et des adolescents constitue une préoccupation majeure, comme l’indiquent du reste les résultats définitifs du 4ème Recensement Général de la Population et de l’Habitat, ainsi que de l’Enquête Démographique et de Santé à Indicateurs Multiples réalisés en 2012 par l’Institut National de la Statistique (INS).
En effet, ces deux principales sources font ressortir les indicateurs suivants : La population du Niger est majoritairement jeune : 52% a moins de 15 ans et 59% a moins de 18 ans ; une proportion très élevée des mariages des enfants : 76,3% des filles âgées de 20 à 24 ans se marient avant l’âge de 18 ans et 28% avant 15 ans ; une maternité très précoce : 20,6% des filles âgées de 15 à 19 ans deviennent mères chaque année ; la proportion des accouchements d’adolescentes assistés par un personnel médical n’est que de 32,6% ;
Mesdames et Messieurs,
Les enfants épouses n’ont ni la stature ni les compétences nécessaires pour entretenir un enfant, elles-mêmes étant des enfants. Il résulte de cette situation des taux élevés de natalité et de mortalité maternelle et infantile, des fistules obstétricales, des naissances prématurées, des mort-nés, des maladies sexuellement transmissibles (y compris le cancer du col de l’utérus) et la violence domestique.
Le mariage des enfants a des conséquences graves pour leur santé et les principales causes de mortalité et de morbidité chez les filles de 15 à 19 ans sont la grossesse et l’accouchement.
Le mariage précoce engendre de ce fait des grossesses précoces exposant les adolescentes à des risques majeurs mortalité maternelle.
En effet, la proportion des décès maternels d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans est de 34,4% dans l’ensemble des décès d’adolescentes, et 15,5% pour l’ensemble des décès maternels.
L’enfant d’une mère de moins de 18 ans a 60% plus de risque de mourir dans sa première année de vie.
Et pour les adolescentes qui échappent à la mortalité maternelle, beaucoup subissent une forte morbidité telle que les fistules obstétricales.
Les fistules obstétricales contraignent les jeunes femmes à une vie sans dignité et des séjours très prolongés dans des centres de santé.
Mesdames et Messieurs,
Pourquoi exposer nos filles à un tel sort, fait de souffrances physique et morale?
Pourquoi exposer nos filles à une vie d’errance d’un hôpital à un autre à la recherche d’une aide chirurgicale susceptible de leur permettre de mener une vie normale ?
Pourquoi ne pas donner à nos enfants l’opportunité de s’instruire, d’apprendre un métier et accéder à un travail décent ?
Le cas du Niger doit nous interpeller tous: autorités politiques, administratives, coutumières, religieuses, société civile, Partenaires Techniques et Financiers, en somme tous les porteurs d’obligation, car selon les bases de données de l’EDSN-MICS effectuées au cours de la période 2000-2011, 75% des filles sont mariées entre 15 et 18 ans, ce qui nous confère le taux non confortable de premier pays au monde excellant dans cette pratique, malgré les conséquences que nous venons de citer plus haut.
Mesdames et Messieurs,
Devons-nous continuer à faire subir à nos filles ces conséquences multiples du mariage précoce que sont les fistules obstétricales, le rejet par la belle-famille, même de la famille, et souvent par la Société dans son ensemble ?
Pouvons-nous supporter de voir nos enfants confinées toutes leur vie dans des centres de traitement alors que quelque part nous sommes tous responsables de leur situation ?
Mesdames et Messieurs,
Le Niger a ratifié un ensemble d’instruments juridiques internationaux qui servent de cadre de référence pour la réalisation des droits de l’enfant. La Convention des Droit de l’Enfant stipule que "les Etats parties ont le devoir d’assurer l’exercice du droit à l’éducation sur la base de l’égalité des chances".
Et, la promotion de la santé de la mère et de l’enfant est considérée comme une des priorités de la politique de santé au Niger et dans le monde. Elle constitue la composante la plus importante du Plan de Développement de la Santé pour la période 2011-2015.
A ce jour, cet engagement fort du Gouvernement en faveur de l’amélioration des conditions de vie et de survie de la mère et de l’enfant s’est traduit par une évolution substantielle des indicateurs de survie de l’enfant mais, hélas, une très faible progression en ce qui concerne la réduction de la mortalité maternelle et néonatale.
Des efforts dans le domaine de l’éducation et de la santé ont permis d’augmenter le taux de scolarisation des enfants et de réduire sensiblement les risques, mais des efforts substantiels restent encore à faire.
Mesdames et Messieurs,
En dépit des progrès réalisés, si nous ne prenons pas garde, les privations vécues par les enfants vont continuer à avoir des conséquences permanentes indéniables et vecteurs de la transmission intergénérationnelle de la pauvreté.
C’est pourquoi, il est impératif que nous nous engagions à la préservation de la santé de nos adolescentes.
Offrons leur l’opportunité de s’instruire, d’acquérir des compétences professionnelles, d’accéder à un travail décent et rémunéré, en un mot leur permettre de briser ce cycle intergénérationnel de la pauvreté.
Je voudrai saluer, à ce niveau, l’accord opportunément bienvenu de financement par la Banque Islamique d’un dortoir pour jeunes filles à l’Université Islamique de Say.

Mesdames et Messieurs,
Faisons en sorte que nos enfants ne soient plus exposés aux risques liés aux mariages et maternités précoces qui peuvent être souvent irréversibles ou coûter la vie à bon nombre d’entre elles.
Nous tenons également, et particulièrement, à réitérer notre profonde gratitude et nos sincères remerciements à l’endroit du Commissaire des Affaires Sociales de l’Union Africaine et de sa délégation qui ont bien voulu faire le déplacement de Niamey pour nous accompagner dans cette noble initiative visant l’intérêt supérieur des enfants.
Nos remerciements vont également à l’endroit des Partenaires Techniques et Financiers pour leurs appuis multiformes aux autorités nigériennes dans la réalisation de leur mission de promotion et de protection des droits des enfants.
Sur ce, je déclare solennellement ouverte la Campagne pour mettre fin au mariage des enfants sous le thème ’’Tolérence zéro à la survenue des fistules obstétricales’’.
Nous nous y engageons tous!
Je vous remercie de votre aimable attention.



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