Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Sahel N° 8839 du 8/12/2014

Voir la Titrologie


  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

Visite du Premier ministre, Chef du Gouvernement, dans la région de Diffa : Echanges sur la sécurité et les urgences humanitaires
Publié le vendredi 12 decembre 2014   |  Le Sahel


Le
© AFP par ISSOUF SANOGO
Le Premier ministre, chef du gouvernement SE Brigi Rafini


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le Premier ministre, Chef de gouvernement, SEM Brigi Rafini, a effectué mercredi et jeudi derniers une visite dans la région de Diffa. A son arrivée mercredi matin à l'aéroport de Diffa, il a été accueilli par le Gouverneur de la région de Diffa, et par un parterre d'autorités administratives et coutumières de la région, ainsi que les représentants des ONG et organismes humanitaires.
Les populations de la capitale du Manga ont aussi effectué le déplacement de l'aéroport pour souhaiter la bienvenue au Chef de gouvernement et à l'importante délégation qu'il conduit. Après cet accueil empreint de chaleur, le cortège s'est ébranlé en direction de Bosso, un département frontalier du Nigeria, et qui accueille un nombre important de personnes déplacées, en raison des coups de boutoir de la secte Boko Haram principalement dans les localités de l'Etat fédéré de Bornou. Après deux heures de voiture sur une piste difficile, la délégation du Premier ministre a fait son entrée dans la ville de Bosso où toutes les populations s'étaient amassées devant les locaux de la préfecture attendant impatiemment leurs hôtes. Là aussi, SEM Brigi Rafini a eu droit à un gigantesque bain de foule. Hommes, femmes et enfants ont pris d'assaut cette grande place de la préfecture pour acclamer le Premier ministre et exprimer leur immense joie de le voir venir leur rendre visite.

Après les salamalecs d'usage, SEM Brigi Rafini s'est adressé à la foule en langue haoussa. Le Premier ministre a dit en substance aux habitants de Bosso qu'il est venu, au nom du Président de la République, Chef de l'Etat, SE Issoufou Mahamadou, pour leur apporter un message de paix, et s'enquérir de la situation dans laquelle ils vivent. Il a ajouté qu'il y a aujourd'hui trois types de problèmes recensés dans le département de Bosso. Il s'agit, a-t-il indiqué, de la campagne agricole qui n'a pas répondu aux attentes des populations aussi bien sur le plan alimentaire que sur le plan du pâturage; du problème des personnes déplacées qui sont bien accueillies par les populations de Bosso; et de la question de la sécurité qui est un volet important dans cette zone. Le Premier ministre a souligné que le gouvernement et ses partenaires ont pris des dispositions pour faire face au déficit alimentaire enregistré cette année dans la région de Diffa. Concernant la sécurité, SEM Brigi Rafini a dit que l'Etat a pris toutes les dispositions pour sécuriser les populations nigériennes. Il a appelé les populations au calme et les a exhortées au travail.
Le Premier ministre s'est par la suite rendu dans un camp de personnes déplacées. Pour la plupart, les populations vivant dans ce camp sont des personnes venues du Nigeria, fuyant les exactions de Boko Haram. Grâce au bon accueil que leur ont réservé leurs frères du Niger, et grâce aussi à l'assistance des ONG et des humanitaires en général, elles ont été prises en charge. Au total, ce sont quelque 87.516 personnes déplacées qui sont dans cette partie du Niger. On y dénombre parmi eux 45.000 enfants, dont 25.000 élèves dont la scolarité doit être prise en charge.
Lors de la réunion qu'il a animée avec les chefs de villages et les représentations des organisations humanitaires, le Premier ministre a suscité un large échange avec tous ces acteurs. Et tous ont intervenu pour donner un aperçu de la situation des personnes déplacées, et des efforts faits dans le cadre de leur prise en charge. Le comité régional du dispositif d'urgence qui a en charge de donner la riposte à cette crise humanitaire a indiqué que parmi les 87000 déplacés, 29000 sont des personnes retournées. Actuellement, ce comité estime l'effectif global des déplacés à environ 150.000 personnes. Il y a donc véritablement urgence, comme l'a souligné sans ambages SEM Brigi Rafini. La situation des réfugiés, telle que décrite par les membres du comité régional, et constatée par le Premier ministre, est assez éloquente et révèle l'immensité de la tâche qui attend le gouvernement, les humanitaires et tous les partenaires du Niger de manière générale. Le comité d'urgence a matérialisé cette urgence en termes de besoin de produits alimentaires, de besoin d'abris, de besoin en non vivres, de besoin de classes et d'enseignants, de besoin de formation pour les enseignants, et d'un important déficit à combler en matière d'hygiène, d'eau et d'assainissement, ainsi qu'en matière de santé et de nutrition.pm-3
Au cours de cette rencontre, le Coordonnateur du Système des Nations Unies, M. Fodé NDiaye, a réitéré l'engagement des Nations Unies à rester aux côtés du Niger dans la résolution de tous ces problèmes. C'est le même son de cloche du côté de l'Union Européenne, ainsi que des autres partenaires au développement.
Cette commune rurale de Bosso qui accueille aujourd'hui un nombre impressionnant de réfugiés ne compte elle-même que 65.022 habitants. Elle est limitée à l'ouest par les communes de Gueskérou et Toumour, au nord par la commune de Kabléwa, à l'est par la République du Tchad, et au sud par la République Fédérale du Nigeria, en particulier l'Etat du Bornou, théâtre des opérations militaires de Boko Haram. Pour les populations de Bosso, les missions permanentes effectuées par les organisations humanitaires et la présence permanente des Forces de Défense et de Sécurité sont le témoignage de la bienveillance et de l'intérêt que leur accorde le gouvernement.
L'appel de Bosso
A l'occasion de cette visite du Premier ministre à Bosso, le gouvernement du Niger, conscient de l'ampleur des besoins à couvrir et qui nécessitent la mobilisation des ressources en un laps de temps très réduit, et afin d'éviter un drame humanitaire, a solennellement lancé un appel dit de Bosso.
C'est un appel à la solidarité nationale et internationale en vue de faire face efficacement à cette préoccupante situation. Car la région de Diffa est confrontée, depuis 2013, à un afflux des populations fuyant le conflit armé au nord du Nigeria. Des dizaines de milliers de personnes ont franchi la frontière nigériane à la recherche des lieux plus sûrs dans la région de Diffa.
Ces mouvements forcés se sont accentués avec les dernières attaques de Malam Fatori, Damassak, Damaturu et Maiduguri au Nigeria. La situation ainsi créée fait peser des risques majeurs sur les plans sécuritaire, alimentaire et nutritionnel, perturbe le système éducatif et exerce de fortes pressions sur les dispositifs de santé et d'approvisionnement en eau.
A ces défis humanitaires auxquels fait face la région de Diffa, s'est ajouté un deuxième choc découlant de la campagne agropastorale 2014 qui s'est avérée déficitaire avec 405 villages déficitaires sur 606; 62% de déficit fourrager; 53% de la population en insécurité alimentaire; et 23,5% d'enfants en situation de malnutrition aiguë globale. Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres encore, le gouvernement du Niger a fait cet appel pour demander l'aide de ses partenaires et des pays amis.
Des personnes déplacées à Gagamari
Suite à l'attaque et à la prise de la ville de Damassak ( au Nigeria), le 28 novembre dernier par les éléments de Boko Haram, des milliers de personnes ont déferlé sur la région de Diffa, particulièrement dans le département de Bosso, et dans de nombreux villages nigériens situés le long de la Komadougou Yobé. Au regard de cette affluence incommensurable, le comité d'urgence régional a proposé et obtenu la création de trois sites pouvant accueillir ces personnes traumatisées par la guerre. Il s'agit du site de Kabléwa pour le département de Nguigmi et de Bosso ; du site de Sayam Forage pour la commune de Diffa ; et du site de Gaptiari pour le département de Mainé Soroa. Outre ces grands sites, 104 autres petits sites accueillent également les réfugiés dans la région de Diffa. Hier matin, le Premier ministre s'est rendu sur le site de Gagamari. 13. 420 personnes déplacées et 1917 ménages occupent ce site à la date du 9 décembre dernier. Mais vu l'affluence quotidienne des réfugiés sur ce site, ce chiffre évolue inexorablement. Sur place, SEM Brigi Rafini s'est enquis des conditions de vie de ces personnes. Il a longuement échangé avec elles, et a eu une idée précise des conditions de leur séjour dans ce camp.
Le Premier ministre a tenu à les rassurer, en leur disant qu'ils sont chez eux, et que le gouvernement nigérien veillera sur leur sécurité. Il leur a demandé en retour d'avoir un comportement responsable. Parmi ces rescapés de la furie meurtrière de Boko Haram, on compte surtout des femmes et des enfants. Ils sont les plus nombreux sur tous les sites. Selon les humanitaires qui les ont accueillis, la plupart de ces femmes ont perdu toute trace de leurs maris, et les enfants toute trace de leurs parents. Des témoignages poignants font état de nombreuses personnes massacrées par les éléments de Boko Haram pendant qu'elles tentaient de gagner l'autre rive de la Komadougou Yobé, du côté du Niger.
Des défis à relever...
pm-4Au cours de la réunion qu'il a présidée à la résidence présidentielle de Diffa, et en présence des chefs traditionnels de la région, des responsables administratifs et ceux des Forces de Défense et de Sécurité, le Premier ministre a évoqué trois défis majeurs qu'il faut urgemment relever.
Il s'agit de la sécurité, de la situation humanitaire (ou crise humanitaire) et du défi alimentaire eu égard à la mauvaise campagne agropastorale que la région de Diffa a enregistrée cette année.
Les participants à cette rencontre ont activement animé cette réunion en donnant leurs points de vue et leurs opinions sur les défis énoncés par le Premier ministre et sur d'autres préoccupations du moment. On a assisté à des échanges riches et très instructifs sur la situation de la région de Diffa et sur les attentes de ses populations. La situation de l'école a été au centre des préoccupations. Et à cette occasion, les responsables de l'éducation de la région de Diffa ont clairement dit qu'aucune école située le long de la Komadougou Yobé n'a fait l'objet d'une quelconque menace. Et les cours continuent normalement. Les enseignants qui comptent céder à la psychose ambiante pour quitter leurs postes seront immédiatement remplacés, a indiqué le Premier ministre.
Tirant les conclusions de cette réunion, SEM Brigi Rafini a souligné que s'agissant de la sécurité, la situation est sous contrôle.pm-5
''Mais nous souhaitons vivement que les représentants de la population jouent leur partition, qu'ils jouent pleinement leur rôle. Ils ont intérêt à le faire parce que c'est de leur sécurité qu'il s'agit, c'est de leur protection qu'il s'agit. C'est pourquoi nous avons insisté notamment auprès des chefs de villages, des chefs traditionnels pour veiller, pour être vigilants. Si aujourd'hui il y a des populations qui nous viennent du Mali, de la Lybie et du Nigeria, c'est parce qu'elles savent qu'elles sont sur une terre d'accueil, une terre où leur sécurité est assurée. Nous n'avons pas le droit de décevoir cette image du Niger. Je souhaite que vous ayez confiance en vous-mêmes, que vous ayez confiance en votre administration et aux Forces de Défense et de Sécurité'', a dit le Premier ministre.
Evoquant l'aspect humanitaire, il a indiqué qu'avec les partenaires, ils ont touché du doigt les réalités d'aujourd'hui.
''Nous avons convenu, ensemble, de regarder dans la même direction, de nous donner la main dans la main pour faire face à ce défi. Nous avons donc des réfugiés, des retournés, et des personnes vulnérables. Nous avons pris l'engagement de leur apporter l'assistance nécessaire'', a conclu SEM Brigi Rafini.


Oumarou Moussa, Envoyé spécial

 Commentaires