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Le Sahel N° 8846 du 18/12/2014

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Editorial : Instaurer une culture de développement
Publié le mercredi 24 decembre 2014   |  Le Sahel


Le
© AFP par PIUS UTOMI EKPEI
Le président de la république du Niger , SE. Issoufou Mahamadou


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Dans le message à la Nation qu'il a prononcé à l'occasion de la commémoration de la Fête de la République, le Président de la République a axé son allocution sur certaines réalités qui contribuent beaucoup à déprécier l'environnement socio-économique dans notre pays. Ces réalités, on pourrait encore les occulter si elles ne constituaient pas une entrave réelle, en tout cas un lourd handicap, susceptible de freiner tous les efforts de développement entrepris pour mettre le Niger sur la voie de l'émergence. On comprend aisément pourquoi, à cette occasion solennelle de la célébration du 56ème anniversaire de la Proclamation de la République du Niger, le Président Issoufou Mahamadou s'est particu-lièrement appesanti sur la lancinante question de la mentalité d'éternel assisté qui caractérise une bonne partie de notre société, en rupture avec toutes les exigences du développement.
A travers ce sujet, le Chef de l'Etat, a réellement touché du doigt le vrai problème de notre pays. Il n'est un secret pour personne, qu'actuellement la recherche du gain facile est le sport favori de plusieurs de nos compatriotes. Nous passons le plus clair de notre temps à quémander, à rester oisifs et à critiquer, souvent même, à vilipender ceux qui travaillent. Nous sommes champions du monde en revendications, les plus fantaisistes les unes que les autres. Chaque jour que Dieu fait a son lot de grève et de revendications et malheureusement le Gouvernement cède le plus souvent aux desiderata de certains enclenchant de l'autre côté une certaine surenchère.
Dans les villes comme dans les villages, les gens passent le plus clair de leur temps à siroter le thé, à jouer aux cartes ou à jacasser les causeries de ''fada'', attendant tout de l'Etat providence. Les plus téméraires sont découragés, le mérite ne se récompense plus. Dans un environnement où la course vers la facilité nourrit son homme, les quémandeurs et autres laudateurs inspirés font légion. Une autre particularité des Nigériens, c'est cette propension à cristalliser la vie nationale sur la ''chose'' politique. Tant et si bien qu'au Niger, nous sommes presque constamment en campagne sur le front politique. Dans chaque débat, dans chaque causerie, du 1er janvier au 31 décembre, la question politique reste le sujet dominant. Une atmosphère qui, on peut s'en convaincre, n'est guère propice à la concentration et à l'ardeur au travail.

Est-ce une attitude de dignité, pour un peuple qui aspire à se développer? Il y a donc nécessité de changer nos comportements pour les mettre en harmonie avec le contexte international où c'est la loi de la compétitivité et de la lutte quotidienne pour la survie qui régit la marche du monde. Autrement dit, on ne peut rien gagner sans souffrir.
Dans cette profonde réflexion, le Chef de l'Etat part d'un constat simple mais assez exhaustif pour nous édifier sur la mesure de l'écart qui nous sépare de certaines nations du monde. « En effet, des drones et des satellites tournent au-dessus de nos têtes pendant que nos paysans travaillent péniblement la terre à la houe et à la hilaire. L'homme a fait ses premiers pas sur la lune depuis une cinquantaine d'années, alors qu'aujourd'hui encore certains de nos concitoyens n'ont pas accès à l'alimentation, à l'eau potable, à l'assainissement et aux soins de santé. Des sondes, porteuses d'un message symbolique de l'humanité, lancées depuis une quarantaine d'années, sont aujourd'hui au-delà du système solaire, dans l'espace interstellaire, alors que le taux d'alphabétisation dans notre pays est à peine de 30% », a fait remarquer le Chef de l'Etat. Voilà la réalité !... Elle est aussi têtue que criarde pour interpeller la conscience collective de l'ensemble de nos compatriotes, en tout cas ceux qui sont, un tant soit peu, jaloux de l'image de notre pays, voire de la fierté de notre peuple.
Parlant des causes qui sous-tendent cet état de fait, point besoin d'aller chercher très loin, tant elles sautent à l'œil. Le problème (le vrai problème !) c'est la persistance de cette mentalité d'éternel assisté dont fait preuve une bonne partie de Nigériens. Ajoutez à cela le caractère de société d'autoconsommation de subsistance qui domine dans notre pays, et vous comprendrez bien pourquoi, en dépit de la pertinence des politiques de développement actuellement en cours dans notre pays, la machine avance lourdement. Le Président de la République, qui a déploré le retard accumulé sur le plan culturel, a indexé un certain nombre de tares liés au recul de l'éthique du travail dans la fonction publique, à notre rapport avec le temps, ainsi qu'à notre comportement par rapport aux biens publics. Les questions soulevées par le Chef de l'Etat, on le voit bien, sont assez préoccupantes pour qu'on continue de les taire ou de faire semblant de les ignorer.
Assurément, a estimé le Président Issoufou, cette mentalité-là, qui contribue beaucoup plus à freiner le train du développement du Niger qu'à le propulser, doit être désormais vouée aux gémonies. Et c'est en cela que le Chef de l'Etat en a solennellement appelé à l'avènement d'une véritable révolution culturelle porteuse d'un changement radicale de mentalité. En termes plus clairs, il faut adopter des réflexes et comportements nouveaux qui soient propices à l'émergence de notre pays. Forger et cultiver une autre conscience qui laisse une large place aux vertus du travail bien fait, de la ponctualité, de l'efficacité au travail, etc. Toutes choses qui doivent se traduire par une prise en main, par tous et par chacun, de son propre destin par la seule vertu de l'ardeur au travail.
Pour l'instauration de cette révolution culturelle, vecteur de développement, le Chef de l'Etat nous indique la voie à suivre : il revient au gouvernement de poursuivre et de renforcer les actions déjà engagées afin de créer les conditions d'une rupture totale d'avec les comportements propres aux sociétés d'autoconsommation. Il s'agit, a-t-il indiqué, pour le gouvernement d'amener les Nigériens à tourner le dos à l'assistanat, à la charité et au parasitisme. A ce titre, comme l'a instruit le Président Issoufou, il incombe au gouvernement de créer les conditions d'une rupture d'avec la mentalité d'assisté sous toutes ses formes, d'insuffler à nos compatriotes une volonté de combattre l'oisiveté, mais aussi et surtout l'amour du travail bien fait. Car, a-t-il souligné, « c'est par le travail que les sociétés occidentales se sont développées, ce n'est que par le travail que notre pays atteindra les objectifs du programme de renaissance ».
Le travail, ne l'oublions jamais, est un acte d'adoration et de combat dans la voie de Dieu. Travailler, travailler et encore travailler tel doit être notre boussole de développement. Nous devons lutter contre les forces de l'habitude et faire l'effort de nous changer nous-mêmes.....Dieu a dit : « je ne change pas un peuple tant qu'il ne se change pas lui-même ». Nous devons donc changer nos comportements si nous voulons changer nos conditions de vie ».
L'heure est donc à une réforme fondamentale de cette mentalité qui frise l'immobilisme face aux défis du développement. Car, a si justement poursuivi le Président Issoufou, « Nous avons le devoir d'utiliser la raison et l'action pour réaliser nos objectifs de développement. La mystique du travail, tel doit être notre credo. C'est, dit-on, par le travail de ses mains et de son cerveau que l'homme accomplit son destin. C'est par le travail que l'homme se réalise ». C'est dire tout simplement que l'homme nigérien doit se retrousser les manches pour se mettre résolument au travail pour se donner la chance et les opportunités de se réaliser par lui-même.
Telle est la quintessence du message que le Chef de l'Etat a voulu livrer à la Nation nigérienne pour ce 56ème anniversaire de la Proclamation de la République du Niger. Car, 56 ans, c'est un tournant décisif vers la maturité et la grandeur.

Mahamadou Adamou (mahamadou.yacks@.fr)

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