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Interviews du président de la République Issoufou Mahamadou
Publié le mardi 13 janvier 2015   |  Agence Nigerienne de Presse


SEM.
© Autre presse par dr
SEM. Issoufou Mahamadou


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Niamey - Le président de la République Issoufou Mahamadou a pris part, dimanche 11 Janvier à Paris, à la Marche républicaine, en hommage aux victimes des attentats qui ont endeuillé la capitale française. Une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement ont pris part à cette marche, dont six chefs d’Etat africains.

En marge de son séjour parisien, le président Issoufou a accordé une série d’interviews à des medias audiovisuels français et au journal Le Monde.

Nous vous proposons ces interviews dans leur intégralité.

I Télé

Journaliste : Nous avons l’honneur d’accueillir sur notre plateau, le président du Niger, Mamadou Issoufou, vous faites partie donc de la cinquantaine de chefs d’État et de et de gouvernement qui a choisi de venir aujourd’hui à Paris pour participer à cette marche symbolique, cette marche républicaine, cette réponse à la menace terroriste. Quelques mots : pourquoi, pourquoi le choix de venir aujourd’hui à Paris, ça signifie quoi pour vous d’être là ?

Mahamadou Issoufou : Eh bien écoutez, je vous remercie. Effectivement je suis venu à Paris pour rendre hommage aux victimes de Charlie-Hebdo et aux autres victimes du terrorisme, et je suis venue en délégation, accompagnés par des chefs religieux du Niger, par l’archevêque de Niamey par le président de l’Association Islamique du Niger pour un peu, prouver que, au Niger, il y a une coexistence pacifique entre les religions entre les chrétiens, entre les musulmans, parce que, au fond, musulmans, chrétiens, juifs, on adore tous le même Dieu, c’est le Dieu d’Abraham c’est le Dieu de de Moïse. Donc je suis venu avec ces responsables religieux pour rendre cet hommage, pour apporter également la solidarité du gouvernement du peuple nigérien au gouvernement et au peuple français.

Journaliste : Hum, vous êtes président d’un pays musulman, hum, qui est confrontée au terrorisme, que ce soit au sud avec BokoHaram, que ce soit avec Aqmi, qui est à vos portes, vous avez aidé la France pour obtenir la libération de certains de ses otages, est-ce que vous vous sentez aussi impliqués dans la lutte contre le terrorisme que les Français et les Américains, les Britanniques, qui parfois ont l’impression que ce terrorisme les frappes, parce qu’ils sont occidentaux ou issu d’une culture chrétienne, est-ce que pour vous, le Niger, la France, les États-Unis sont à mettre sur un même pied ?

Mahamadou Issoufou : Oui, absolument, parce que, en face, nous avons le même adversaire en face, nous avons le même ennemi, nous avons une nébuleuse, une internationale du terrorisme et le terrorisme n’a pas de frontières, vous venez de le dire au Sahel, nous avons le terrorisme qui sévit au Mali, en Libye, au Nigeria, sur notre flanc sud concernant le Niger. Le terrorisme existe également au Moyen Orient, en Syrie, en Irak. Le terrorisme frappe partout.

Journaliste : Pourquoi ces djihadistes s’attaquent-ils à des musulmans ?

Mahamadou Issoufou : Parce que ce n’est pas des musulmans, c’est pour cela qu’ils s’attaquent également aux musulmans. C’est pour ça que je dis, le terrorisme, au fond, c’est une arme de destruction massive contre l’Islam, le principal ennemi aujourd’hui de l’Islam, le terrorisme qui défigure l’Islam qui donne une mauvaise image de notre de notre religion. Donc nous considérons que ces terroristes-là, ne sont pas des musulmans. L’Islam n’autorise pas à ce qu’on égorge des gens. L’Islam n’autorise pas qu’on viole des femmes, l’Islam, c’est la paix, l’Islam, c’est la tolérance et d’ailleurs le prophète dit, paix sur lui, le prophète dit que il y a pas de contraintes, en religion, le prophète dit qu’il est préférable de pardonner que de se venger le pardon est préférable à la vengeance.

Journaliste : Pourquoi d’après vous, y a t-il des jeunes Français qui basculent dans ce Djihad ? Quand vous, vous regardez la France : comment vous comprenez cette radicalisation ?

Mahamadou Issoufou : Alors, je pense que c’est la même cause que chez nous. C’est-à-dire, les jeunes qui malheureusement sont souvent désœuvrés, sans perspectives. Donc des jeunes qui sont fragiles et par conséquent qui peuvent être sensibles aux sirènes des terroristes, et c’est pour cela que, au fond, la solution face au terrorisme , pour endiguer le terrorisme : à court terme, la solution est sécuritaire mais à long terme, la solution c’est le développement économique et social, que ça soit au nord ou au sud, au sud d’ailleurs beaucoup plus qu’au nord, parce que la pauvreté est plus forte, dans nos pays, donc le terreau est plus favorable dans nos pays que dans des pays comme la France, donc la solution à long terme, c’est le développement économique et social.

Journaliste : Un mot sur ces solutions sécuritaires à court terme, vous appelez et vous avez relancé un appel il y a quelques semaines à une intervention militaire en Libye parce que vous dites, le foyer du terrorisme, aujourd’hui il est en Libye et que les attentats qui vont peut-être un jour frapper dans le monde se prépare en Libye et qu’il faut intervenir, est-ce qu’il y a vraiment une urgence à le faire et est-ce que vous allez le redire à François Hollande ?

Mahamadou Issoufou : Absolument, il y a une urgence à le faire, c’est dommage d’ailleurs que par le passé, on ne nous ait pas suffisamment entendus parce que moi je me rappelle qu’à l’occasion du G8 qui s’est réuni à Deauville, j’avais attiré l’attention sur le fait que, en Lybie, si on ne fait pas attention, on risque d’aller vers un chaos, au lieu d’aller vers la dissolution de l’État libyen, ou on risque que le pouvoir tombe entre les mains des terroristes, des intégristes, c’est ce qui s’est passé un peu. Aujourd’hui en Lybie, c’est le chaos, il n’y a plus d’autorité centrale qui contrôle le pays, et le sud libyen est devenu un sanctuaire pour les terroristes, aujourd’hui c’est un peu la Libye qui déstabilise l’ensemble du Sahel. Les armes qui circulent dans le Sahel sont des armes qui viennent de Libye et c’est pour cela que nous disons que le service après-vente qui n’a pas été fait au moment de la chute de Kadhafi soit fait et c’est pour cela que nous avons, nous au Niger, estimés qu’il faut une intervention internationale pour ramener la paix en Libye.

Journaliste : Vous pensez que ce qui s’est passé cette semaine à Paris peut faire que votre appel, soit enfin entendu, parce qu’on a un peu le sentiment que la communauté internationale a du mal à se mobiliser sur cette question de la Libye.

Mahamadou Issoufou : Pourtant il faut bien qu’elle se mobilise. Ce qui s’est passé à Paris peut se passer demain à Washington, on peut se passer à peu demain à Londres ou à Berlin, donc il faut que la communauté internationale se réveille, afin de faire face à cette menace, sinon elle ne fera que s’aggraver, sinon le terrorisme frappera partout dans le monde.

Journaliste : Vous pensez que cette guerre va durer longtemps ?

Mahamadou Issoufou : C’est difficile à dire, on ne peut pas déterminer une échéance, mais ce dont on est sûrs, c’est que les terroristes seront vaincus, c’est ma conviction.

Journaliste : Merci Beaucoup.

Mahamadou Issoufou : Je vous en prie.

Journaliste : Merci à vous Mahamadou Issoufou d’être venu, à nos côtés à I télé, je rappelle que vous allez vous vous rendre à présent à l’Élysée pour rejoint des autres chefs d’État et de gouvernement qui vont participer à cette marche républicaine tout à l’heure à partir de, de 15 heures.

RFI

Journaliste : Le président du Niger Mahamadou Issoufou était solidaire, lui aussi, vous l’avez reçu Christophe, on l’écoute tout de suite.

Christophe Boisbouvier : monsieur le Président, bonjour.

Mahamadou Issoufou : Bonjour.

Christophe Boisbouvier : Est-ce que vous êtes Charlie depuis mercredi dernier ?

Mahamadou Issoufou : Nous sommes tous Charlie, c’est pour cela d’ailleurs pour le témoigner que je suis présent aujourd’hui à Paris avec une délégation au sein de laquelle j’ai fait venir avec moi, mais chefs religieux du Niger, d’abord, l’archevêque de Niamey, c’est le président de l’Association Islamique du Niger, ce qui montre bien qu’on Niger il y a une parfaite coexistence des religions parce que, au fond, toutes ces religions l’Islam, la religion juive, la religion chrétienne, c’est des religions qui adore le même Dieu, c’est le Dieu d’Abraham, c’est le Dieu de Moise, donc ces deux chefs religieux sont venus avec moi ici à Paris pour rentrer, hommage aux victimes de Charlie Hebdos et rendre hommage aux autres victimes dans cette épreuve extrêmement difficile.

Christophe Boisbouvier : Alors on a vu cette immense émotion en France, mais est-ce que l’émotion et la même au Niger après la mort de journalistes qui ont publié des caricatures du prophète ?

Mahamadou Issoufou : L’émotion est la même au Niger, je pense que l’émotion est la même partout dans le monde, parce que le Nigériens se disent non, la religion n’autorise pas ce qui a été fait. Leur religion, ce n’est pas cela, pour son image pour les musulmans nigériens l’Islam c’est d’abord la Paix. On ne peut pas savoir combien de fois les musulmans parlent de paix par jour puisque les salutations, c’est « que la paix de Dieu soit avec vous ».

L’Islam est donc une religion de tolérance, le prophète lui-même a dit il n’y a pas de contrainte en religion. L’Islam est une religion de pardon, le prophète a toujours dit, « le pardon est préférable à la vengeance ». L’Islam c’est une religion de connaissance aussi, c’est pour cela, ceux qui ont tué les journalistes de Charlie Hebdo et qui ont tués les autres victimes, c’est des ignorants. Ils ne connaissent pas, ils ne peuvent pas être de bons musulmans, parce que le prophète a dit, à l’époque, que l’Islam était une religion de connaissance.

Elle demande aux musulmans d’aller chercher la connaissance jusqu’en Chine, et je me rappelle aussi d’un autre érudit musulmans du Niger qui disait, (…) il disait que quand on est ignorant, quand on a un savoir limité, on ne peut pas être un bon musulman.

Christophe Boisbouvier : Et pourtant, les tueurs ont crié Allah Akbar.

Mahamadou Issoufou : Ils ont crié Allah Akbar, c’est dommage en tout cas pour nous ils ne représentent pas notre religion, pour nous ils dégradent, ils mutilent notre religion. Ce qu’ils sont en train de faire détruit l’Islam pour nous. Le terrorisme, c’est une arme de destruction massive contre l’Islam.

Christophe Boisbouvier : Monsieur le président, après cette mobilisation sans précédent, non seulement en termes de manifestants mais aussi en termes de chefs d’État qui sont venus ce dimanche à Paris, est-ce que les choses peuvent changer dans la lutte contre le jihadisme ?

Mahamadou Issoufou : Je pense que les choses peuvent changer. Déjà beaucoup de choses sont en train d’être faites dans notre zone. Par exemple au niveau du Sahel, il y a une mutualisation avec les pays amis, comme la France, comme les États-Unis, et je pense que ce qui s’est passé à Paris va permettre de mobiliser davantage la communauté internationale. Face à ce fléau mondial, il faudrait penser mondial.

Le Monde

Pour le président du Niger, « il faut une riposte internationale » face au danger du terrorisme

Propos recueillis par Cyril Bensimon

Mahamadou Issoufou, président du Niger depuis 2011, était l’un des six chefs d’Etat d’Afrique subsaharienne présents à la marche qui s’est tenue dimanche 11 janvier à Paris. Le Niger est confronté au terrorisme islamiste et M. Issoufoun, qui est un proche de François Hollande, plaide depuis plusieurs mois pour une intervention militaire en Libye, « source de la déstabilisation de l’ensemble du Sahel ».

Pourquoi êtes-vous venu à Paris participer à cette marche, et reprendriez-vous à votre compte le slogan « Je suis Charlie » ?

Oui, nous sommes tous Charlie et je suis venu avec une forte délégation, composée notamment des principaux chefs religieux du Niger, ce qui prouve qu’il existe dans notre pays une coexistence pacifique entre religions. Je suis venu pour rendre hommage aux victimes de Charlie et aux autres victimes lâchement assassinées et je suis venu transmettre la solidarité du gouvernement du Niger au gouvernement et au peuple français.

Le Maroc n’était pas représenté, officiellement en raison de la présence dans le cortège de caricatures du prophète jugées blasphématoires. Est-ce que vous même vous acceptez ces caricatures ?

La liberté d’expression existe, mais elle doit être accompagnée de responsabilités. Ce qui s’est passé ne peut pas justifier les actes posés. L’islam est une religion de pardon et le prophète a toujours dit que le pardon est préférable à la vengeance. Vous ne pouvez pas savoir le nombre de fois où les musulmans prononcent le mot paix dans une journée. La religion musulmane est une religion de tolérance et exige beaucoup de connaissances. Pour être un bon musulman, il ne faut pas être un ignorant. Le prophète a toujours dit qu’il faut apprendre du berceau à la tombe et qu’il fallait aller chercher la connaissance jusqu’en Chine.

Pourriez-vous autoriser la parution de telles caricatures au Niger ?

Chaque pays a ses spécificités. Cette question ne se pose pas ainsi au Niger.

Le Niger est en proie à de régulières attaques djihadistes. Faites-vous le lien entre les attentats en France et la situation au Sahel ?

Le lien est évident. Les terroristes ont fait eux-mêmes le lien avec ce qui se passe au Yémen, en Syrie, en Irak. Il existe aujourd’hui une internationale terroriste. Les gens de BokoHaram au Nigeria, d’Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique) au Sahel, les Shebab en Somalie et tous les autres Al-Qaida sont reliés entre eux. Face au danger mondial du terrorisme, il faut une riposte internationale.

Vous demandez depuis plusieurs mois une intervention internationale en Libye. Les derniers événements en France, la mobilisation internationale affichée à Paris, vont-ils selon vous appuyer votre requête ?

Cela peut peser en faveur d’une intervention. Dimanche, il y a eu un rejet du terrorisme, une démonstration de force qui montre que l’immense majorité de l’humanité est attachée à la liberté et donc partout où le terrorisme tente de prendre pied il faut l’en déloger. Par rapport à la Libye, il faut que l’on nous écoute un peu plus. Au début de la crise libyenne, personne n’a entendu notre voix.

En 2011, au G8 de Deauville, j’avais prévenu que la solution ne devait pas être pire que le mal, qu’en renversant Kadhafi la Libye tombe dans le chaos, que le pouvoir tombe entre les mains de terroristes. On n’a pas été entendus mais, cette fois-ci, il le faut car la situation est extrêmement grave en Libye. C’est le chaos et ce pays est la source de la déstabilisation de l’ensemble du Sahel. Nous sommes partisans d’une intervention internationale pour neutraliser les milices qui sévissent en Libye. C’est un préalable pour réconcilier les Libyens, y compris les kadhafistes, mettre en place un processus de transition au bout duquel on pourra permettre au peuple libyen d’élire démocratiquement ses dirigeants.

Vous demandez donc une intervention sur l’ensemble du territoire et pas seulement sur le sud du pays, frontalier du Niger ?

Le sud est devenu un sanctuaire pour les terroristes qui ont été chassés du Mali mais on trouve également des organisations terroristes en Cyrénaïque. Il faut donc une intervention sur l’ensemble du pays.

BokoHaram multiplie les exactions au Nigeria et gagne du terrain près de vos frontières. N’êtes-vous pas en train de perdre la lutte sur ce front-ci ?

La lutte contre le terrorisme ne peut pas être perdue. Il doit être vaincu quel que soit le temps que cela prendra. Il est vrai cependant que la situation sur notre flanc sud, au Nigeria, s’est dégradée avec l’activisme de BokoHaram qui occupe le nord-est du Nigeria. Nous sommes très préoccupés dans la sous-région, nous essayons de riposter en mutualisant nos moyens de renseignement, nos capacités opérationnelles, mais aussi en demandant le soutien de pays amis comme la France.

Mais lors de la prise de Baga, qui est une base de la force régionale, les militaires des pays voisins du Nigeria avaient abandonné les lieux…

C’est vrai, mais nous sommes en train de mettre en place une résolution aux Nations unies. Pour nos pays, il est très risqué d’intervenir au Nigeria. Il faut donc que nos soldats soient juridiquement couverts par une résolution internationale qui est en préparation au Conseil de sécurité.

BokoHaram a perpétré des massacres, des enlèvements. Pourquoi cela ne suscite-t-il pas une mobilisation de grande ampleur en Afrique, ou au moins au Nigeria et dans les pays proches ?

Chacun a ses méthodes de lutte. Même si nous n’avons pas de tradition de marches et de meetings chez nous, nous avons dans nos pays d’autres formes de résistance et de combat.



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