Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Niger    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article




  Sondage


 Autres articles



Comment

Économie

M. Carlos Lopes, Secrétaire Exécutif de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA), Secrétaire général adjoint de l’ONU : « J’attends des autorités leur appui afin de poursuivre les réformes entamées.»
Publié le samedi 23 fevrier 2013   |  Le Sahel


M.
© Autre presse par DR
M. Carlos Lopes, Secrétaire Exécutif de la Commission Economique pour l`Afrique (CEA),


 Vos outils




M. le Secrétaire Exécutif, vous êtes en visite au Niger pour échanger avec les autorités et les agences du Système des Nations Unies sur le programme de développement de l’Afrique. Qu’attendez-vous de ces différentes consultations ?

Vous savez, j’ai commencé comme nouveau patron de la Commission Economique pour l’Afrique il y a de cela moins de cinq ans. Nous avons le plaisir d’avoir cinq bureaux en Afrique, dont un à Niamey qui s’occupe de l’Afrique occidentale. Cette visite me permet de prendre un peu les pools des activités menées par notre bureau, et plus important encore, de pouvoir m’entretenir avec les autorités du Niger sur le développement qui est en train de s’opérer au niveau de l’agenda du développement africain. Vous savez que Madame Zuma aussi assume ses fonctions depuis peu, donc ensemble avec le président de la Banque Africaine de Développement, nous avons entamé une série de réformes sur l’agenda africain, notamment pour mettre l’accent sur la mobilisation des ressources africaines pour le développement africain. Donc, j’ai pu voir chez le Président de la République, le Premier ministre, et chez un certain nombre de ministres, beaucoup d’intérêt pour cette nouvelle stratégie pour la mobilisation des ressources internes africaines. J’attends surtout, de la part des autorités, leur appui afin de pouvoir continuer sur la voie de ces réformes. Ces réformes ont beaucoup d’implications pratiques. Nous allons amener la Commission Economique pour l’Afrique à avoir beaucoup plus d’interventions dans le domaine de la statistique; parce que la statistique est fondamentale pour récupérer le contrôle des chiffres. Maintenant, la plupart des pays africains ont des statistiques très pauvres qui ne permettent pas de faire de la bonne planification. Alors que la planification est une autre priorité pour nous. Vous savez que le Niger a réintroduit la planification, et notamment a fait des études prospectives à l’horizon 2035. Et donc nous voulons vraiment renforcer la capacité des pays africains dans la planification. Et cela, nous ne pouvons pas le faire sans de bonnes statistiques. Et finalement, nous ne pouvons pas avoir de bonnes stratégies sans la bonne planification. Nous voulons vraiment augmenter le niveau d’ambition du continent ; et nous ne pouvons pas le faire sans appui politique. C’est pourquoi, mobiliser le gouvernement, et surtout le Président de la République, est très important pour qu’on puisse atteindre les objectifs de mobilisation des leaders africains.
Le Secrétaire Exécutif du NEPAD, M. Ibrahim Assane Mayaki, disait il y a quelque temps que le rôle de coordonnateur stratégique de MCR Afrique (Mécanisme de Coordination Régional) que jouait la CEA était essentiel. Où en êtes- vous dans le cadre de cette coordination pour la mise en œuvre du NEPAD ?
On travaille de manière étroite avec lui. Nous donnons l’appui nécessaire pour que l’agence de coordination du NEPAD, que dirige M. Mayaki, puisse faire son travail avec la compétence et la rigueur nécessaires. N’importe quel projet du NEPAD a la contribution technique de la CEA. Donc c’est vrai que nous avons développé des relations très étroites. On est amené à les renforcer davantage; parce qu’avec l’agenda que je viens de mentionner, il ya lieu de faire encore plus dans la coordination entre notre organisation et l’agence du NEPAD.

Rio+20 a été un des plus grands rendez-vous de cette dernière décennie. Selon vous, qu’est-ce que les pays africains ont pu tirer de cette rencontre mondiale ?
Vous savez, chaque région est partie avec une position, et c’était une négociation. Au contraire d’autres grandes réunions internationales, on a pu obtenir une déclaration. Ce qui n’est pas facile ces jours-ci, parce qu’il y a beaucoup de pression pour qu’on signe vraiment des tentatives d’accords plutôt que des accords plus spécifiques. On a défini les contours de l’agenda post-2015, donc quand on aura fini avec les objectifs du Millénaire. Et les pays africains ont des positions bien définies sur ce qui les intéresse en termes de nouveaux objectifs. Donc, Rio était la plate-forme pour pouvoir les présenter. Et les pays africains ont notamment beaucoup poussé à l’acceptation du concept de l’économie verte, qui était un concept proposé par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement et qui a eu surtout le soutien du groupe africain. Donc, je pense que les pays africains sont bien positionnés comme des champions de certaines causes d’intégration entre l’économie, le social et l’environnement.

M. le Secrétaire Exécutif, la réunion ad’ hoc du Groupe des Experts (AEGM) sur la promotion de l’approche par chaînes de valeur dans le développement de l’agriculture en Afrique de l’Ouest s’est tenue au mois de mars dernier à Bamako. Au Niger, la politique en matière d’autosuffisance alimentaire est axée sur l’Initiative 3N. Que pensez-vous de cette politique ?
C’est une stratégie qui va tout à fait dans la même direction que ce que je disais tout à l’heure. Je parlais du niveau africain, mais le Niger est en train de faire un peu plus pour ce qui est de sa sécurité alimentaire. Et je pense que c’est tout à fait plausible que d’admettre non seulement que des Nigériens peuvent nourrir des Nigériens, mais que les Nigériens peuvent même exporter de la nourriture. Parce que, de plus en plus, on se rend compte que le manque de sécurité alimentaire d’Afrique est dû plus à des problèmes de politiques, qu’à des problèmes de climat. Même si le climat n’est pas clément, ce n’est pas le climat qui est le principal problème. C’est le fait qu’on n’a pas d’engrais approprié, qu’on n’a pas d’accès au capital, on n’a pas d’irrigation, et qu’on laisse les aléas du climat dominer les aspects de productivité de l’agriculture africaine. Alors qu’on peut complètement transformer ces situations si on met les moyens nécessaires, mais surtout si on y attache l’énergie et l’attention qui mettent l’agriculture dans la priorité. Puisqu’elle occupe une bonne partie de la population, il faut vraiment faire un effort supplémentaire afin de la moderniser.

A quelle sorte d’appui le Niger peut-il s’attendre de la part de la Commission Economique pour l’Afrique, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Initiative 3N ?
Ce que fait la CEA, elle le fait très bien, et ce sont les études. C’est plutôt une boite à idées qui contribue aussi à la définition de politiques sur le continent. Donc le Niger peut très bien demander à la CEA de faire des études spécifiques sectorielles sur les préoccupations qui, éventuellement, existent dans le pays. Il y a aussi des initiatives pour lesquelles on ne demande même pas que le pays se prononce; on offre. C’est ce qu’on va faire dans le domaine de la statistique et de la planification. On va renforcer les capacités de tous les pays; parce qu’il va de soi que, si on veut étoffer un agenda du continent, et le rendre plus approprié à répondre à des défis structurels, on ne pourra pas le faire si on ne domine pas les chiffres, si on n’a pas de collectes de données de qualité, si on n’a pas la rigueur nécessaire pour savoir quelle est la vraie dimension des économies et des activités. Donc, là, le Niger peut compter sur la CEA comme un partenaire important qui va lui permettre de mieux se connaître soi-même.
M. le Secrétaire Exécutif, la création d’une zone de libre échange à l’échelle du Continent est un projet susceptible de favoriser son développement économique. Est-ce que cela fait partie de vos priorités actuelles ?

C’est une priorité prononcée par l’Union Africaine qui veut aboutir à une zone de libre échange continentale dans l’année 2017. Je pense que c’est très ambitieux, mais ce n’est pas impossible. Cela dépend des blocs sous-régionaux. Et nous savons que, malheureusement, actuellement il y a une dynamique différente selon les blocs. Il y a ceux qui sont plus avancés, comme par exemple l’Afrique Australe à cause du fait qu’ils ont une zone douanière assez bien construite autour de l’Afrique du Sud et qui pourra être élargie ; ou bien l’Afrique Orientale qui a fait des efforts gigantesques ces dernières années, et surtout à cause de leurs intérêts communs dans le domaine des infrastructures d’intégration. Mais en ce qui concerne l’Afrique Occidentale, on traine un peu. Et je pense qu’il va falloir faire un effort supplémentaire relativement important pour qu’on puisse arriver à l’objectif 2017.
Quelle relation peut-on établir entre le changement climatique et le développement en Afrique ?
Nous avons des vulnérabilités assez importantes en ce qui concerne le climat, et notamment le fait que nous avons moins profité de la modernisation qui est derrière certains phénomènes de changement climatique ne nous épargne pas d’être très exposés, au contraire d’autres pays qui ont des modèles d’adaptation climatique dans leurs industries, dans leurs activités économiques, dans leurs activités sociales.

Nous avons non seulement une vulnérabilité plus grande, mais aussi moins de moyens pour faire de l’adaptation. Alors, cela fait de l’Afrique la région qui souffre le plus du changement climatique en termes régionaux. Il va falloir que l’attention politique se tourne aussi vers ce problème, parce que c’est un problème qui va affecter une démographie galopante ; nous savons que l’Afrique va doubler son nombre d’habitants bientôt, et aussi parce que nous allons avoir une grande concentration urbaine. Historiquement, l’Afrique est le continent qui va avoir la croissance la plus rapide du point de vue de l’urbanité. Avec cela, nous avons d’énormes défis liés au changement climatique et à la façon de gérer l’adaptation climatique. Et je pense que c’est une raison de plus pour valoriser la planification, et c’est la raison pour laquelle nous attachons tellement d’importance non seulement à la planification en tant que telle, mais également aux outils qui permettent de faire une bonne planification.

 Commentaires