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Le Sahel N° 8865 du 26/1/2015

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Mme Traoré Maria Andia, responsable de la Cellule Information Education Communication du Centre National de Référence pour Jeunes de Boukoki : ’’Les jeunes ont droit à une éducation saine, à une information pertinente sur tout sujet qui les préoccupe
Publié le vendredi 30 janvier 2015   |  Le Sahel


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© Autre presse par DR
Mme Traoré Maria Andia, responsable de la Cellule Information Education Communication du Centre National de Référence pour Jeunes de Boukoki : ``Les jeunes ont droit à une éducation saine, à une information pertinente sur tout sujet qui les préoccupe


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Madame, le Centre National de Référence pour les Jeunes souffle sa dixième bougie cette année. Est-ce que vous pouvez nous faire l'historique de ce centre ?

Le Centre de Jeunes de Boukoki a été mis en place entre 1997 et 1998 et inauguré officiellement le 29 octobre 1999. Il est le fruit de la coopération entre le Niger, à travers le Ministère de la Jeunesse et des Sports, et l'UNFPA dans le cadre de son 4ème programme de coopération. Le Centre est plus connu sous le nom de ''Centre FNUAP Boukoki''. Considéré comme faisant partie des meilleures expériences pilotes dans la sous-région ouest-africaine en 1994, il a excellé dans la vulgarisation du droit des adolescents et des jeunes à accéder des services de santé sexuelle et reproductive de qualité, y compris la prévention des IST/VIH/SIDA, une priorité dans les plans et programmes nationaux.
Au départ, le Centre abritait la direction du projet ''Jeunes, Sports et Santé'' financé par l'UNFPA, et dont les ressources ont permis sa construction et son équipement. Il disposait de professionnels composés de jeunes recrutés sur les ressources du projet et qui assuraient le bon fonctionnement des unités opérationnelles, y compris les activités d'IEC auprès des jeunes dans les communautés (quartiers, fadas, sièges des clubs...) et dans les établissements scolaires.
Avec la fin du projet, le Centre a connu une fermeture brusque due à l'absence de ressources pour assurer la continuité dans l'offre des services. Une certaine dégradation des infrastructures et des équipements a été constatée, tout comme l'interruption de la fourniture d'eau et d'électricité, autrefois supportée par le budget du projet. Aucune mesure n'avait été envisagée pour assurer la durabilité du Centre en son temps, y compris le développement et la mise en œuvre d'un mécanisme de prise en charge des dépenses récurrentes de fonctionnement par le budget de l'Etat.
Suite à la visite de la représentante de l'UNFPA au Centre de Boukoki en 2003, il avait été admis qu'un tel joyau, qui a fait la réputation du programme du Niger en faveur des jeunes, ne saurait rester dans cet état.
Ainsi donc, l'UNFPA a consenti d'énormes efforts pour réhabiliter le Centre et le rendre fonctionnel à nouveau, avec des mesures d'accompagnement que le Ministère en charge de la Jeunesse devait prendre. Ces mesures sont notamment la définition d'un cadre organisationnel pour le Centre; l'élaboration d'un texte réglementaire définissant clairement le statut du centre officiellement transféré au Gouvernement nigérien; la mise en place du personnel fonctionnaire du Ministère de la Jeunesse et des Sports pour assurer son animation et sa gestion au quotidien ; l'équipement du Centre pour relever le niveau des services en fonction des divers besoins du groupe cible (ligne verte, clinique, foyer féminin, ouvrages pour la documentation, ordinateurs, matériels roulants, assistance technique...) ; la poursuite du partenariat avec le Ministère de la Santé Publique pour le maintien de la sage-femme mise à disposition et rémunérée par lui pour assurer l'organisation et la gestion de l'offre de services aux adolescents et aux jeunes au sein de l'unité clinique ; l'implication des jeunes dans l'administration et la gestion du Centre par la mise en place d'un comité de gestion présidé par les organisations de Jeunesse et comprenant toutes les parties prenantes du Centre ; et enfin la définition d'un cadre de gestion des ressources générées par les activités du Centre.

Vous avez entrepris une réorganisation du centre sur le plan administratif. Quelles sont les missions qui lui ont été assignées ?

Effectivement, nous avons entrepris une réorganisation du centre. Et c'est dans cette optique que des textes érigeant le Centre de Boukoki en Centre National de Référence pour Jeunes ont été adoptés le 1er décembre 2004. D'autres textes ont également été adoptés visant à pourvoir le Centre d'un personnel suffisant composé de fonctionnaires de l'Etat, d'appelés du Service Civique National et de bénévoles. Il a été rattaché à la Direction Générale de la Jeunesse comme une administration de services rattachés. Une directrice technique a été nommée, et un comité de gestion, composé des représentants de l'administration et des réseaux d'ONG et associations de jeunesse a été mis en place.
Selon l'arrêté N°0029/MJ/IPJ du 1er décembre 2004, le Centre National de Référence pour Jeunes de Boukoki a pour mission de favoriser l'accès des adolescents et des jeunes aux services de santé sexuelle et reproductive de qualité intégrant la dimension ''Compétences des Jeunes et Adolescents à la vie active'', et la prévention des IST/VIH/SIDA.
Les objectifs visés sont entre autres l'insertion sociale, économique et professionnelle des jeunes ; la mobilisation, l'accueil, l'écoute, l'orientation, l'information, l'éducation et la formation des jeunes ; le soutien aux projets sociaux et économiques des jeunes. Il y a également la promotion des activités socio-éducatives des jeunes et de la paix à travers le sport, les loisirs, l'art et la solidarité nationale ; la promotion d'une éducation permanente extra-scolaire des jeunes par les activités de lecture, des conférences-débats, des jeux de société, des rencontres d'échanges, des formations en TIC ; la promotion de la vie associative et communautaire des jeunes; et la formation des jeunes aux activités génératrices de revenus.
Dans le contexte du Programme SSRAJ 2005-2010, le Centre National de Référence pour Jeunes de Boukoki est retenu comme structure Programme SSRAJ depuis sa conception. C'est à ce titre qu'un certain nombre d'appuis lui ont été apportés en vue de l'amener à jouer un rôle fondamental dans la prise en charge des besoins essentiels des adolescents et des jeunes en matière de SSRAJ et de prévention des IST/VIH/SIDA entre autres. Et c'est dans ce cadre qu'un programme national de renforcement des capacités au bénéfice du CNRJ a été élaboré et mis en œuvre depuis 2007. En 2008, il y a eu le premier draft d'un plan de revitalisation du CNRJ/Boukoki, plan qui a été soumis par le consultant en Santé Sexuelle et Reproductive des Adolescents et des Jeunes à l'UNFPA Niger.
En juillet 2009, l'AED a doté le CNRJ/Boukoki de matériels d'animation. Mais le plan d'actions 2010, par insuffisance de moyens et d'appuis des partenaires, n'a pas pu être mis efficacement en œuvre, d'où la non atteinte des résultats attendus. Pendant la même période 2005-2010, des problèmes importants de fonctionnement ont été constatés et soulevés à l'occasion de la visite du représentant de l'UNFPA en 2008. Ces problèmes n'ont pas permis au CNRJ/Boukoki de fonctionner avec efficacité et efficience comme souhaité par tous les acteurs parties prenantes. Parmi les problèmes majeurs jugés comme facteurs limitant l'atteinte des objectifs assignés au CNRJ/Boukoki, on peut relever l'insuffisance des ressources humaines ; la détérioration des infrastructures sportives et culturelles ; l'état de délabrement total des portails, faisant du Centre non seulement une route pour les passants qui au besoin s'y soulagent, et de lieu de rencontre des délinquants du quartier; cela a fait que le Centre est considéré comme un lieu de débauche par les gens du quartier. Il y a également le retrait de certains partenaires du CNRJ.
Pour les raisons évoquées ci-dessus, et au regard de la volonté des autorités et des partenaires dont l'UNFPA en premier chef, de faire du CNRJ un centre de référence et d'excellence au niveau national et même sous-régional, d'énormes efforts ont été consentis afin de lui faire recouvrer sa notoriété et lui permettre d'assurer un meilleur relèvement du niveau de la qualité de ses services. C'est ainsi qu'il a été mis en place une Direction Technique et sept unités opérationnelles à savoir l'unité d'écoute, la radio communautaire ''Voix des Jeunes FM 99'', l'unité socio-éducative, l'unité médico-sociale, le foyer féminin, l'unité sportive, l'unité communication IEC/CCC.

La Ligne Verte ou téléphone N°14, inaugurée le 13 avril 2006, est gratuite et confidentielle. Elle assure les écoutes, les conseils, les soutiens et les références à distance pour répondre à la préoccupation des jeunes en matière de SSRAJ, y compris les IST/VIH/SIDA. Elle est animée par des conseillers formés à cet effet. La ligne verte est le fruit des coopérations belge et danoise, de l'UNFPA et de la République du Niger.
Avec la radio ''Voix des Jeunes'' on a une couverture limitée à quatre quartiers de la commune. Cette radio, qui a été inaugurée officiellement le 28 juin 2007, est animée par des jeunes et pour les jeunes, contribue à la sensibilisation continue des jeunes sur la SSRA et la prévention des IST/VIH/SIDA. Elle est le fruit de la coopération entre la Belgique, UNFPA et le Gouvernement de la République du Niger.
L'unité socio-éducative, qui est en collaboration avec l'unité médicale, l'unité sportive, le foyer féminin, les pairs éducateurs et la chargée de l'IEC/CCC, sensibilise les jeunes sur les questions de santé de la reproduction, l'infection IST/VIH/SIDA et tout problème qui a un impact positif ou négatif sur l'environnement social et culturel où évoluent les jeunes. Elle a en son sein une salle de projection et une bibliothèque. L'unité médico-sociale gérée, par une sage-femme, s'occupe des préoccupations des jeunes en matière de santé à travers la prise en charge syndromique des IST, la planification familiale, le counselling, les consultations prénatales et natales, les consultations générales, le dépistage du VIH y compris le dépistage prénuptial, les références vers d'autres services de santé de certains cas qui dépassent les compétences du centre, et la prise en charge des cas référés par les autres unités et les pairs éducateurs. Créé en 1998, le foyer féminin forme les jeunes filles aux activités génératrices de revenus pour atténuer leur vulnérabilité. Il est le fruit de la coopération multilatérale entre l'ambassade d'Allemagne, l'UNFPA et le Gouvernement de la République du Niger.
L'Unité Sportive, animée par un professeur d'EPS, est chargée de mobiliser les jeunes à travers la pratique du sport et d'initier les enfants, les jeunes et les adolescents aux activités sportives. L'Unité Communication IEC/CCC prépare et mène des séances d'IEC interpersonnelle au CNRJ/Boukoki, des séances d'IEC de masse lors des animations sportives et culturelles organisées par le Centre, de VAD, Thé Débat avec les Fadas, des causeries-débats. Elle intervient au niveau de toutes les autres unités.

Que représente le centre de référence en termes de fréquentation ?

Le CNRJ est fréquenté par jour et en moyenne par 800 jeunes de toutes tranches d'âges et catégories socioprofessionnelles confondues. Le Centre a également une troupe théâtrale, deux groupes de danse moderne, un groupe de danse tradi-moderne, deux groupes de danse dandali soyéya, une équipe de tennis de table, une équipe de basket-ball, une équipe de karaté, équipe taekwondo, des équipes des différentes catégories de football, une équipe de handball, un groupe de lutteurs, un groupe de jeunes lecteurs, et un groupe de jeunes amis du Centre.

Quelles sont les difficultés que rencontre le centre ?

Les difficultés sont essentiellement l'insuffisance, l'irrégularité, voire parfois l'absence de financement des activités de terrain ; l'insuffisance des crédits de fonctionnement alloués par l'Etat ; des opportunités régulières pour le renforcement des capacités des agents et des autres acteurs ; l'insuffisance en moyens logistiques (besoin en véhicule pour les animations foraines, dotation en carburant, frais d'entretien et assurances pour les 3 motos). Le personnel d'appui est aussi insuffisant, car dans ce domaine, nous avons un besoin de 2 gardiens, 3 monitrices, d'un planton manœuvre, d'une secrétaire, d'une sage-femme, d'un infirmier et d'un bibliothécaire. Notre bibliothèque manque d'étagères, et nous avons aussi un besoin en jeux de société (dame, scrabble, démocrapoli, lido, monopoli, etc.) En outre, le centre est confronté à l'insuffisance de matériels et produits médicaux nécessaires à la prise en charge en cas d'urgence ; à l'insuffisance et l'exiguïté des salles ; au manque de magasin et à l'insuffisance de matériel informatique.
Malgré tout, le bilan de la période 2011-2014 est plus que satisfaisant. D'énormes changements positifs ont été opérés, les plans d'actions ont été presque globalement exécutés année après année, avec la volonté manifeste de la Direction Technique et du Personnel du CNRJ. Comme vous le savez, le développement accéléré de nos villes, soutenu par un accroissement incontrôlé de la population, transforme et continuera à transformer l'espace de vie des jeunes, aussi bien en bien qu'en mal. C'est pourquoi les jeunes ont droit à une éducation saine et une information pertinente sur tout sujet qui les préoccupe, à l'accès à des services de santé de qualité, à des loisirs sains aussi bien dans leurs familles que dans leurs établissements scolaires, leurs fadas de quartiers et les centres des jeunes.
Nous pensons que cela est possible pour peu que nous placions leurs préoccupations au centre de nos priorités. Et c'est ici qu'apparaît toute l'importance des gestes en direction des jeunes en général, et des jeunes de Boukoki en particulier, à travers le CNRJ. En effet, en apportant un appui et en accompagnant les centres des Jeunes, les partenaires témoignent leur attachement à l'épanouissement de notre jeunesse. C'est pourquoi je ne cesserai jamais de remercier et de témoigner ma gratitude et celle de tout le centre aux Coopérations espagnole, française, allemande, danoise et bBelge, au FNUAP, aux ministères de la Jeunesse et des Sports, de la Santé, de l'Urbanisme, à l'Arrondissement Communal Niamey III, au CISPSIS France, aux ONG DIKO et à MARIE STOPES International, pour tout le soutien constant et précieux qu'ils ont apporté au CNRJ.

Oumarou Moussa

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