Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Sahel N° 8865 du 26/1/2015

Voir la Titrologie


  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

Planification familiale : le Niger sur l’amorce d’un grand bond
Publié le vendredi 27 fevrier 2015   |  Le Sahel




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Avec un taux de contraception de 12,2%, le Niger s'est fixé comme objectif d'atteindre en 2020 un taux de 50% des femmes qui utilisent la contraception moderne. Plusieurs actions en faveur des femmes, des hommes et des agents de santé pour soutenir la planification familiale sont mises en œuvre avec des résultats très probants.
Il est dix heures à Gawounawa, district sanitaire de Magaria dans la région de Zinder. Dans la cour de la Case de Santé, Abiba Issoufou 21 ans, visage maigre avec des rides porte au dos son 5ème enfant, un garçon de 4 mois. A la main droite, elle tient son 4ème enfant, une fille qui n'a pas encore un an et demi. Elle est venue pour la contraception. « C'est la première fois que je suis venue au centre de santé pour prendre un contraceptif, » confie la jeune dame. « Par le passé mon mari était contre la contraception, mais maintenant avec les sensibilisations, il a compris toute l'importance de la planification familiale,» a-t-elle ajouté.
Son quatrième enfant, une fille, avait 5 mois lorsqu'Abiba a contracté sa cinquième grossesse. « J'avais beaucoup souffert. Mon mari a beaucoup dépensé dans les soins et ma fille était presque tout le temps malade, » raconte Abiba, qui repart de la case de santé après avoir reçu sa première injection du contraceptif Sayana Press.
Au même moment, sous le froid, assise sur un banc, Rakiya Issaka, 25 ans, 4 enfants dont le dernier a 2ans, attend, d'être reçue par l'agent de Case de Santé. Cette jeune femme au teint clair et à l'apparence très calme est une habituée des services de santé. « J'ai commencé la contraception après mon troisième accouchement. Depuis, je mets trois ans entre deux grossesses, » explique Rakiya Issaka qui a opté pour une méthode orale de contraception. Elle retournera chez elle avec une plaquette de pilule.


La moitié des femmes au Niger sont mères avant 18 ans
Le fait qu'Abiba et Rakiya aient plusieurs enfants malgré leur jeune âge n'est pas rare au Niger. Chaque jour, 256 adolescentes nigériennes âgées de 15 à 19 ans et 28 adolescentes âgées de 12-14ans mettent un enfant au monde. Selon l'Enquête Démographique et de Santé (EDS-2012), 75% des filles se marient au Niger avant l'âge de 18 ans et 36% des filles de 15-19ans sont mères ou enceintes. La même enquête indique que seulement 2,6% des filles de 15-19ans utilisent une méthode contraceptive. A tout cela s'ajoute le taux de fécondité qui est l'un des plus élevé au monde. Au Niger chaque femme donne naissance, en moyenne, à 7,6 enfants au cours de sa vie.
La précocité du mariage constitue un problème de santé publique au Niger à cause des complications liées aux grossesses, des décès maternels ou la survenue de fistules obstétricales. Depuis 2013, à travers l'Initiative « le Savoir pour la dignité », autrement dit « Burkinataray Béray » ou « Ilimin Zaman Dounia », le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) avec le Ministère de la Santé Publique œuvrent dans le pays pour que les adolescentes ne soient plus victimes de mariages précoces et qu'elles soient à l'abri des grossesses à risques.

« Une leçon aux femmes sur la planification familiale »
Assis sous un hangar autour d'une table, un groupe de femmes suit avec attention les explications de l'agent de santé de case sur la planification familiale et l'utilisation des différentes méthodes contraceptives.
Une fois par mois, ce genre de séance intervient dans toutes les Cases de Santé de Téra dans la région de Tillabéry et de Magaria dans la région de Zinder. Au cours de cette séance de 10 à 30 minutes, des informations pratiques et cliniques par rapport à chaque contraceptif sont données aux femmes.
« Et à chaque rencontre nous enregistrons de nouvelles utilisatrices de tous les âges, » témoigne madame Yayé Balkissa, agent de santé de case à Talley, district sanitaire de Téra. « C'est en quelque sorte une leçon aux femmes sur la planification familiale,» a-t-elle soutenu. « L'agent de santé nous donne les informations sur comment utilisé chaque contraceptif. Il nous dit par exemple de venir le plus vite possible à la Case de Santé en cas de persistance d'effets secondaire. Grâce à ces séances, je connais les avantages et les effets secondaires de tous les contraceptifs et des connaissances que je peux transmettre à d'autres femmes», explique Fourera, 27ans, venue à une consultation prénatale à la Case de Santé de Talley.
Un choix élargi des contraceptifs offert aux femmes
Dans l'armoire de la salle d'accueil de la Case de Santé de Baskore, district sanitaire de Magaria où travaille madame Ibrahim Aicha, agent de santé de case, sont rangés dans un carton des produits contraceptifs notamment des préservatifs, des pilules, des injectables Sayana Press et Depo Provera. Ces produits contraceptifs on les trouve dans toutes les Cases de Santé de Téra et de Magaria. « Je ne suis jamais en rupture. Une fois que je constate qu'un produit est presque fini, j'en fait la demande au niveau du Centre de santé intégré (CSI), » lance Madame Ibrahim Aicha les yeux fixés sur son stock.
« Chaque femme choisie, en fonction de sa réalité quotidienne, le contraceptif qui lui convient. Nous n'imposons pas de méthode aux couples, chacun fait son choix. Nous leur présentons les produits contraceptifs dont nous disposons tout en leur expliquant les avantages et les effets secondaires de chacun, » commente madame Daouda Aissata Hama, agent de Case de Santé à Sekomé, district sanitaire de Téra.
« Les mentalités évoluent de plus en plus positivement. Des femmes arrivent des villages les plus reculés pour chercher les produits de contraception. Toutefois, beaucoup reste à faire en matière de sensibilisation car il y a toujours des poches de résistances,» explique Alio Boukari, major au CSI de Chatouman district sanitaire de Téra.
Pour sensibiliser d'avantage les femmes sur la planification familiale les agents des Cases de Santé continuent les actions jusque dans les concessions. Les occasions de cérémonies de baptême ou de mariage sont mises à profit. « Dieu merci notre message est de plus en plus bien compris et accepté. De nouvelles utilisatrices sont enregistrées chaque semaine,» explique madame Ramatou Oumarou, agent de santé communautaire à Koulbaga, district sanitaire de Téra. Sur les onze utilisatrices de la contraception enregistrées par madame Ramatou au mois de décembre 2014, six sont de nouvelles utilisatrices et sont sur Sayana Press.
Au cours de leur sensibilisation, Les agents de santé de case mettent beaucoup sur les multiples avantages de la planification familiale, notamment la bonne santé de la mère et de l'enfant et aussi sur le bien-être familial. Toutefois selon Dr Siddo Moumouni Daouda, coordonnateur du projet SAYANA PRESS à UNFPA, toutes les cases de santé doivent être dotées de mallettes IEC sur la planification familiale afin de bien outiller les agents des Cases de Santé pour les permettre de sensibiliser efficacement les populations.
Beaucoup de femmes misent sur la technologie contraceptive Sayana Press
La nouvelle technologie de contraception Sayana Press introduite au Niger au mois de juillet 2014 par le Ministère de la Santé Publique, UNFPA et l'ONG PATH dans l'objectif de satisfaire les besoins non encore couverts en planification familiale rencontre en quelque mois beaucoup de succès; avec comme indicateurs le nombre de femmes qui fréquentent les cases de santé pour motif d'espacement de naissances.
« Presque toutes les nouvelles utilisatrices de la contraception qui sont venues à ma case de santé sont toutes sous Sayana Press,» raconte Zeinabou Idi Labo, agent de la Case de santé à Anguwal Ané, district sanitaire de Magaria. Au niveau de cette case de santé au mois de décembre 2014, toutes les 17 femmes qui sont sous contraception enregistrées sont sous Sayana Press, parmi elles, 7 sont des nouvelles utilisatrices.
Administré en injection sous cutanée, le contraceptif Sayana Press est introduit à titre pilote dans quatre pays africains. Il s'agit du Burkina Faso, du Niger, du Sénégal et de l'Ouganda.
Aichatou Abdou, 18 ans, 4 enfants dont le dernier a six mois a décidé d'observer une pause de 3ans entre deux grossesses. Elle a opté pour le contraceptif Sayana Press. « C'est avec l'accord de mon mari que je suis venue. Maintenant il apprécie positivement l'espacement de naissance, » raconte la jeune femme. Elle continue, « L'autre raison, j'en ai marre des moqueries de mes camarades qui m'ont surnommée la pondeuse à cause de mes grossesses rapprochées», confie Aichatou.
Selon les informations recueillies auprès des agents des Cases de Santé, les femmes et surtout les nouvelles utilisatrices préfèrent l'injectable Sayana Press. « A la question pourquoi, elles répondent que c'est à cause de l'aiguille qui est petite », commente ironiquement Safia Ibra, agent de santé de case de Zara-Koira, district sanitaire de Téra.
Une des causes aussi évoquée par les femmes, ce que Sayana Press les met à l'abri de l'oubli par rapport à la prise des pilules, puisque pour Sayana Press c'est une injection tous les trois mois, or pour la pilule il faut prendre un comprimé tous les jours. Il a été également souligné par les femmes que les raisons qui ont fait que ce contraceptif à la côte découle du fait qu'à la fin de chaque trimestre elles peuvent décider de tomber enceinte ou de continuer la contraception.
Ainsi depuis le lancement au mois de juillet du projet d'introduction de Sayana Press au Niger, ce sont 8350 doses qui ont été distribuées au niveau des districts sanitaire de Téra et de Magaria. A la fin décembre 2014, elles sont 3.781 femmes qui utilisent Sayana Press. Parmi elles, 2687 sont de nouvelles utilisatrices de la planification familiale.
Le contraceptif Sayana Press est offert dans 79 Cases de Santé de Téra et 127 Cases de Santé de Magaria. Il est aussi distribué depuis fin décembre 2014 à Madaroufa et Mayahi sur 55 sites à travers les distributeurs à base communautaires de contraceptifs (DBC).
Afin d'atteindre la prévalence contraceptive de 50% en 2020, le Niger a identifié trois axes stratégiques qui sont : la promotion d'un environnement favorable à la planification familiale à tous les niveaux avec le maximum de soins, le renforcement de la demande des prestations de planification familiale et le renforcement de l'offre des prestations d'une planification familiale à tous les niveaux.
Cependant, malgré les résultats probants qui sont en train d'être enregistrés, des efforts restent à fournir pour amener toutes les femmes nigériennes en âge de procréer à accepter la planification familiale.

Souleymane Saddi Maâzou Communicateur UNFPA

 Commentaires