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A la BAGRI : une "complotite" déjouée
Publié le lundi 22 juillet 2013   |  tamtaminfo.com


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© Autre presse par DR
Agence BAGRI (Banque Agricole du Niger) de Dosso


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Le Conseil d’Administration de la Banque agricole du Niger (BAGRI) tiendra le 12 juillet prochain, sa 15ème ré du Conseil d’Administration. Cette ré intervient après une assemblée générale avortée des administrateurs, tenue le 3 juillet dernier à Niamey. Selon nos sources, l’échec de cette ré est dû à l’immixtion du ministre des finances, Gilles Baillet, dans les affaires intérieures de la Banque, à travers son directeur de cabinet, Abdou Maidadji, venu à ladite assemblée générale avec une résolution non inscrite à l’ordre du jour, résolution par laquelle il a tenté de révoquer tous les Administrateurs, au motif qu’il a un problème politique à régler.

Face à cette situation, le président du Conseil d’Administration qui préside les travaux de l’assemblée générale lui fera comprendre que la Loi Bancaire n’autorise pas l’acte qu’il envisage de poser, à savoir la révocation, séance tenante des administrateurs de la Banque. De là, un débat houleux s’en est suivi. C’est alors que selon nos sources, le Directeur Général de la BAGRI va sortir la Circulaire N°002- 2011/CB/C de la Commission Bancaire de l’UEMOA qui précise les conditions d’exercice des fonctions d’administrateurs et dirigeants au sein des établissements de crédit de l’UEMOA.

L’article 8 de cette lettre Circulaire stipule que «Tout projet de modification de la liste des administrateurs et des dirigeants doit être préalablement notifiée à la Commission Bancaire, pour observations, avec copie à la Direction Nationale de la BCEAO, au moins 30 jours avant». Malgré cette disposition, le directeur de cabinet du ministre des finances qui tenait coûte que coûte à débarquer les administrateurs de la BAGRI au cours de cette assemblée générale, refusa d’admettre les conseils des juristes du ministère des finances, qu’il s’agit là d’une bavure procédurale. Il leur aurait répondu que « l’Etat est au dessus de toutes les lois qu’on peut imaginer, car ce sont eux qui ont demandé de faire la Loi Bancaire ».

Au regard donc de l’atmosphère qui prévalait et constatant que l’ordre du jour étant épuisé, le président du Conseil d’Administration, Abdoulaye Soumana lève la séance et tous les 5 actionnaires de la Banque de vider la salle, y compris le Notaire attitré de la Banque qui refuse de légitimer cette forfaiture. Devant ce refus du conseil d’administrateur, le directeur de cabinet du ministre des finances adopta tout seul sa résolution révoquant tous les Administrateurs et nomma un autre conseil composé de quatre membres dont lui-même comme PCA de la BAGRI. Mais le vrai Conseil d’Administration, dirigé par Abdoulaye Soumana et dont le mandat court jusqu’en 2015, maîtrisant parfaitement la Loi Bancaire refuse d’être utilisé pour que la banque soit donnée à un parti politique.

C’est alors qu’il renouvela sa confiance au Directeur Général de la BAGRI, car ayant compris que toute cette « complotite » ne vise qu’à l’évincer pour nommer un militant d’un parti politique, à savoir le Lumana. Les 5 actionnaires de la Banque dressent ainsi leur propre procès-verbal de l’assemblée générale, signé par le bureau de l’AG, composé d’un Président, deux scrutateurs et le Notaire de la Banque. Aussitôt, un collectif d’Avocats dirigé par Maître Didier DEGBE et comprenant 2 autres Avocats est mis en place pour la défense des Administrateurs et du Directeur général de la BAGRI, objet du harcèlement du ministre des finances et de son directeur de cabinet. Mais étant donné que la démarche du ministre des finances est juridiquement trop bancale au regard de la Loi bancaire et de l’OHADA, les Avocats de la BAGRI, fortement documentés, parviendront à coup sûr de déjouer cette « complotite » politico-juridique.

Des manoeuvres.

Elles sont toutes dirigées, selon nos informations, contre le Directeur général de la BAGRI, Abdou Rabiou, au motif qu’il a refusé de satisfaire à certaines exigences que veulent lui imposer le ministre des finances et son directeur de cabinet. De quoi s’agit-il ? Selon nos sources, en mai 2012, le ministre des finances Gilles Baillet aurait écrit au PCA de la BAGRI pour demander de nommer un militant de Lumana (ignorant tout du secteur bancaire) en remplacement de l’actuel Directeur général de la Banque, un ancien Cadre de la BCEAO, très expérimenté et qui a mené l’étude de faisabilité et tout le montage du dossier de demande d’agrément de la BAGRI à la BCEAO.

Mais le Conseil d’Administration, présidé par un ancien Directeur National de la BCEAO (s’il vous plaît) à la retraite, rejette la demande de nomination en se référant aux dispositions de la Loi Bancaire et au droit OHADA. Les Administrateurs indiquaient alors que l’intéressé ne remplissait aucune condition pour diriger une banque et précisaient que l’actuel Directeur général est lié à la BAGRI par un contrat de travail dont la durée du premier mandat court jusqu’en juin 2016. Le Conseil va plus loin, en précisant que Rabiou Abdou lui donne entière satisfaction. D’ailleurs, c’est son CV que l’Etat du Niger a présenté pour obtenir l’agrément de la BAGRI auprès de la Commission Bancaire de l’UEMOA.

Malgré tous ces obstacles juridiques et réglementaires, nos sources nous apprennent que le Lumana aurait conditionné son appartenance à l’alliance par l’obtention de cette banque qui figurait selon toujours nos sources, à la 13ème place sur la liste des entreprises à partager entre partis politiques, malgré son statut de banque recevant les dépôts des citoyens. Ce qui amène à s’interroger sur ce qui sera fait avec les dépôts des citoyens? Quel serait également le but visé à travers cet acharnement? La Commission Bancaire et la BCEAO peut-elle accepter que l’on partage une banque avec plus de 30 milliards de dépôts des citoyens pour la remettre à un parti politique? A qui reviendrait alors la protection des dépôts des citoyens dans ce pays?

Le danger est là, cette banque qui fait la fierté des nigériens et dont le développement fait école en moins de 3 ans d’exercice, risque de voir toute la confiance des déposants se volatiliser, car il n’est pas évident de garder son argent dans une banque sous contrôle d’un parti politique. En outre, nos sources nous indiquent que le combat pour le contrôle de cette banque a deux dimensions. D’abord, le problème de partage politique qui est réel et un problème de personne entre les dirigeants de la Banque et le ministre des finances ainsi que son directeur de cabinet Abdou Maidadji, du fait du rejet d’une demande de financement d’une usine de fabrication de bouteilles d’emballage pour un coût d’environ 160 millions de FCFA au profit de la fille du ministre.

Dans cette affaire, apprend-on, une demande appuyée par le titre foncier N°24.654 appartenant au ministre des finances, d’une valeur de 86 millions aurait été présentée comme garantie. Mais elle a été jugée trop risquée par les analystes financiers de la BAGRI, surtout que cette usine dénommée EMBALBA (EMBALLAGE BAILLET) a été jugée non rentable par le Comité de Crédit de la Banque et son Conseil d’Administration. C’est alors que la fille du ministre, Nafissa Baillet, se débarqua à la Banque pour insulter tout le staff avec des menaces de représailles au regard de sa position.

Un scandale s’en est suivi puisque le tout se transforma en bagarre rangée entre la cliente particulière et l’analyste crédit qui notifia la décision du rejet à la fille du ministre. Le Conseil d’Administration saisi en recours confirme la décision de la Direction Générale et rejette le dossier à son tour. Notons à ce niveau que malgré l’intervention du ministre pour faire fléchir la Comité de Crédit en faveur de sa fille, le Directeur général de la BAGRI, au regard du risque encouru par la Banque pour un tel projet qui n’a aucune perspective a refusé de céder à la menace.

A noter également que dans cette affaire, le directeur de cabinet du ministre des finances aurait également, selon nos sources, des comptes à régler, suite à un autre rejet du dossier de crédit. En effet, la BAGRI avait accordé une ligne de crédit d’un milliard de FCFA à une institution de microfinance dont le directeur de cabinet du ministre, Abdou Maidadji assure la présidence du Conseil d’Administration. Mais pour des problèmes d’interprétation des termes de la convention, le Directeur général de la BAGRI a suspendu le décaissement après un montant de 300 millions. C’est alors que Maidadji se présenta en personne chez le PCA de la BAGRI, Abdoulaye Soumana pour lui demander de contraindre le Directeur général de la BAGRI à lui décaisser les 700 millions.

Connaissant parfaitement les textes, le PCA de la BAGRI va demander au DG d’analyser la situation si elle ne contredit pas la convention et les procédures de la BAGRI. Ayant analysé la situation, le Directeur général de la BAGRI refusa tout arrangement malgré les menaces du directeur de cabinet du ministre Gilles Baillet. C’est tout cela qui résume la guerre ouverte, sur deux fronts avec d’un côté le ministre des Finances pour un refus de crédit de 160 millions et avec le Dircab du même ministre pour un refus de prêt de 700 millions, alors même qu’ils n’ont pas la neutralité requise pour agir comme ils l’ont fait. (Affaire à suivre).

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