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’’Destins croisés’’ : Le réalisateur Sani Elhadj Magori affiche l’ambition de porter à l’écran un contraste entre le Nord et le Sud
Publié le vendredi 23 aout 2013   |  Le Sahel




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Notre compatriote Sani Elhadj Magori est, depuis le 16 août dernier, et ce jusqu'au 6 septembre prochain, en résidence de création en France pour la réalisation de son film ''Destins croisés''. Sani Elhadj Magori veut réaliser un film documentaire sur le bac Farié. L'on est alors tenté de se demander quelle est la relation entre cette résidence et un film qui sera tourné sur une infrastructure de notre pays.
Dans sa note d'intention, le réalisateur explique qu'en novembre 2012, il a été invité en France pour assister au Mois du film documentaire avec l'association ''Le Peuple Créateur en Saintonge en Charente-Maritime''. Entre deux projections, ses hôtes lui avaient proposé de visiter quelques beaux endroits de la région.
''Compte tenu du temps insuffisant, je devais choisir entre le Moulin de la Baine, l'Ecluse, et le bac à chaîne, ''le dernier de France'', m'a-t-on dit !... J'ai opté pour la visite du bac. J'étais très curieux de voir ce bac à chaîne: non seulement parce que de nos jours, je trouve son existence anachronique surtout en France, mais aussi parce qu'au Niger, nous avons aussi un bac, le seul et le dernier du pays, mais il est à moteur!'', dit-il. Une fois au bord de la Charente, Sani a été très déçu d'apprendre qu'il ne pouvait pas voir le bac. Ce dernier n'est pas utilisé en cette période de l'hiver! Selon des riverains, qui ont remarqué sa grande curiosité, c'est une nouvelle acquisition du département de la Charente-Maritime en 2009 pour une somme de 280 000 €. Et la traversée est gratuite. ''Je me demandais pourquoi mettre une somme aussi importante pour un bac à chaîne au lieu d'un bac à moteur, plus moderne ? Plus tard, dans la même semaine de mon séjour, j'ai appris, par la presse française, que notre président, Issoufou Mahamadou, présidait à Paris une table ronde sur le financement du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2012-2015. Le Niger cherchait environ 2353 milliards de FCFA (4 milliards d'euros) pour compléter le financement de son PDES. De retour à Niamey au Niger, j'ai mené des recherches détaillées sur le fameux programme PDES. J'ai appris que le gouvernement du Niger prévoyait la réalisation de grands ouvrages publics dont un pont sur le fleuve Niger, au village de Farié'', explique Sani Elhadj Magori. Il se souvient que c'est justement à Farié que se trouve le dernier et unique bac du Niger. Déjà dit-il, le bac n'est plus assez emprunté depuis la construction de la route goudronnée Niamey- Namaro-Farié en fin 2012. Et maintenant, avec un nouveau pont à Farié, que va t-il lui arriver? Après des recherches, Sani Magori s'est rendu compte qu'avant de venir à Farié, le bac avait servi d'abord à Gaya, frontière entre le Niger et le Dahomey (Bénin) jusqu'en 1959. Après la construction du pont qui relie actuellement Gaya à Malanville, il a été transféré à Niamey où il a servi pendant 11 ans à relier les deux rives du fleuve Niger au niveau de Niamey. Il a pris le nom du ''Bac Aissa Diori'', du nom de la première Dame du Niger de l'époque. En 1970, après la construction d'un pont à Niamey, le Pont Kennedy, le ''Bac Aissa Diori'' fut transféré plus loin vers le nord, à une centaine de kilomètres. Après le coup d'État de 1974 qui a renversé le régime de Diori Hamani, il devient ''Bac Farié'', du nom du village marchand qui s'était spontanément créé sur la rive droite du fleuve, du fait de la présence d'un autre bac dans la localité. ''A chaque fois donc qu'un pont est construit, le bac a migré de rive en rive, et a changé de nom. Durant les décennies de traversées, le bac a pris divers noms, il en a donné d'autres, il a marqué des vies, il en a sauvées certaines et en a brisées d'autres... Le bac a permis l'installation des marchés et a favorisé le développement des échanges socio économiques et culturels entre les villages riverains. Il a fait des riches et aussi des pauvres. Durant les décennies de son existence, son histoire a été jalonnée de drames, des superstitions de toutes sortes...'', dit avec amertume le jeune réalisateur.
A travers ce film, Sani Elhadj Magori voudrait connaître et raconter le passé de ces deux derniers bacs, montrer leurs présents, aborder et comprendre la question de leurs destins si opposés, car tandis qu'en France on a investi des centaines de millions de Francs CFA pour acquérir le dernier bac à chaîne, au Niger on va investir des centaines de millions de Francs CFA pour mettre fin à l'usage du dernier bac du pays...
Selon le réalisateur, ce film se déroulera en deux temps, en deux lieux différents, au Niger et en France. ''Je vais effectuer une sorte d'aller-retour sur les deux bacs. Un aller de la rive gauche à la rive droite sur le fleuve Niger à bord du bac Farié et un retour à bord du bac sur la Charente. Je pense que c'est pour la première fois qu'un regard cinématographique se pose sur le transport fluvial au Niger, ses difficultés et son avenir'', précise Sani Elhadj Magori.
Ce film est une coproduction entre la société de production de Sani Elhadj Magori (MAGGIA IMAGES), la société française VRAI VRAI FILM et une association française. Selon l'échéancier, le tournage de ''Destins croisés'' est prévu en France pour les mois d'août et septembre 2013, et au Niger en octobre de la même année.

M. S. Abandé Moctar

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