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Deuxième gouvernement de la 7e République : l’Union nationale en lambeaux
Publié le lundi 2 septembre 2013   |  Le monde d’aujourd’hui


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© Autre presse par DR
Membres du gouvernement de Issoufou Mahamadou


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Le Gouvernement d’union nationale auquel tenait mordicus le chef de l’Etat s’est aujourd’hui révélé comme une source des germes destructeurs de la quiétude et de la sérénité qui prévalaient dans notre pays jusqu’alors ! Aujourd’hui, le climat délétère qui s’est abattu sur notre pays n’est pas sans rappeler l’atmosphère qui régnait au moment de la confiscation de la démocratie en 2010 lorsque le Président Tandja voulait rempiler malgré la dénégation des instances sociales, politiques et juridictionnelles.

Aujourd’hui comme en 2010, les déclarations succèdent aux déclarations. Les débats et autres entretiens facilement organisés par les médias à dessein donnent l’occasion aux uns et aux autres « d’attiser le feu » en cherchant à se faire valoir aux yeux des différents protagonistes. Evidemment, ceux qui dédouanent le Président Issoufou et son parti le PNDS sont à la fois les plus nombreux et les plus visibles. Bien entendu, comme en 2010, les médias d’Etat offrent une large part aux idées et aux défenseurs du Chef de l’Etat et de son parti. Exactement comme en 2010, c’est plus par la boulimie du pouvoir qu’arrive la crise. Les apprentis sorciers dont beaucoup étaient activistes dans l’obstination et la déchéance du Président Tandja, ont repris du service. Contrairement à la rhétorique de l’unité au service de la paix et de la sécurité, on perçoit aisément les enjeux de 2016 au coeur de la polémique au sommet de l’Etat. En effet, on peut consentir au Chef de l’Etat que le principe du gouvernement d’union nationale ou celui d’un gouvernement de large ouverture puissent répondre à des préoccupations contextuelles, mais la façon dont il s’est pris dans le cas de figure actuel, jette le doute dans les es prits et suscitent pas mal d’interrogations : pourquoi la faisabilité de l’idée du gouvernement d’union nationale n’a pas impliqué tous les partis du MRN dans un esprit de collégialité ? Pourquoi la démarche n’a pas été menée dans le cadre des regroupements MRN/ARN ? Pourquoi cette tendance d’isoler les parties prenantes dans les négociations et réflexions ? Pourquoi un comité de négociation exclusivement composé de membres du PNDS ? Autant de questions fondamentales, entre autres, qui expliquent la levée de boucliers générée au niveau de l’opposition politique ainsi qu’au niveau du Moden Fa Lumana, le principal allié du parti au pouvoir.



Mais bien plus, qui voudrait semer la discorde et la zizanie n’aurait certainement trouvé meilleure démarche que celle qui a été mise en oeuvre dans l’opérationnalisation du projet du gouvernement d’union nationale. De ce point de vue, comment comprendre l’urgence et la pertinence de procéder à la composition du gouvernement avec des militants du MNSD contre l’avis des instances du parti ? De même, personne ne pourrait justifier que le Moden Fa Lumana soit illégitimement tenu à l’écart des tractations de la composition du gouvernement sous prétexte que le président de la République aurait la prérogative exclusive de la nomination des membres du gouvernement. Mais pourquoi cet argument n’avait-il pas été de rigueur dans la nomination des membres du 1er gouvernement de la 7e République ? Le Président a le pouvoir institutionnel de nomination, mais les tractations et autres propositions ne sauraient être de son apanage exclusif dés lors que l’on se trouve dans une dynamique de gestion collégiale du pouvoir dans le cadre d’une alliance. Par ailleurs, que le Président de la République refuse au Président du Moden un délai de 48 heures qui lui aurait permis d’éviter le grabuge me paraît au-delà de toute explication logique. On comprend dés lors comment ces aspects irrationnels de la démarche du Président Issoufou dans la mise en place d’un gouvernement d’union nationale aboutissent aux résultats désastreux que nous connaissons actuellement. Comment d’ailleurs en aurait-il pu être autrement? Le gouvernement d’union nationale ou le gouvernement de large ouverture ne représente pas une mauvaise chose en soi lorsqu’il vise l’inclusion des meilleures compétences du pays dans la gestion du pouvoir, cependant, ceux qui y ont recours ne cooptent pas n’importe qui. On aurait voulu que le président de la République fût allé jusqu’au bout de la logique de l’union au service du progrès en composant un gouvernement dont les ministres représentent d’abord les valeurs de compétence. C’est loin d’être le cas ! La liste rendue publique comporte beaucoup de noms difficiles à faire passer sous le sceau de l’efficacité professionnelle, y compris au PNDS, le parti du président de la République. Mais on peut s’en tenir juste au cas du Moden Fa Lumana où certains ministres attendus dans le nouveau gouvernement au nom des progrès avérés au sein de l’ancienne équipe, soient remplacés par d’autres à qui on aurait du mal à confier un service administratif. La logique de l’union au service du progrès est fondamentale au Niger, mais rien dans la démarche mise en oeuvre n’autorise de penser que nous soyons dans cette option. L’autre aspect progressiste qui ne transparaît pas non plus dans la démarche du président de la République, soutenue par son parti, procède dans l’articulation structurale même du gouvernement. Le formatage des départements dans certains cas ne peut se justifier que par la tendance à la multiplication de portefeuilles en récompense à certaines allégeances : entres autres options bizarres, un département des enseignements secondaires de surcroît à moins d’un mois de la rentrée ; deux départements pour l’équipement et l’urbanisme qui dédoublent au passage le logement dévolu à la Sonuci ; deux départements pour le Travail et la Fonction publique ; des ministères comme le développement industriel, l’intégration africaine, environnement et salubrité (sic) … Nul doute que personne ne prendra au sérieux les argumentaires distillés à travers pareille configuration…, sauf, sans doute, les apôtres des déclarations inconditionnelles.

N’en déplaise aux structures politiques et celles de la société civile qui surenchérissent de soutien pour le moins subjectifs et gratuits au président de la République, la démarche mise en oeuvre montre à tort ou à raison des allures de supercherie pour ne pas dire d’ « escroquerie politique » selon la formule du Président Issoufou à propos du gouvernement d’union nationale lorsqu’il était à l’opposition. Aujourd’hui, le mal est fait. Très brutalement, nous nous retrouvons au coeur d’une crise créée et entretenue par le camp du président de la République, peut-être sans sa bénédiction. Mais en tout état de cause, c’est à lui qu’il revient de ramener la sérénité dans un pays qui n’a manifestement pas fini de souffrir de l’inconscience et de la convoitise de ses propres enfants.

Kabirou Mounkaïla

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