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Sorti médiatique du SG du MODEN FA : Pour qui roule Ladan Tchiana ?
Publié le lundi 2 septembre 2013   |  Le monde d’aujourd’hui


Omar
© Autre presse par DR
Omar Hamidou Tchiana


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Cette question peut paraître absurde lorsqu’on sait que Omar Hamidou dit Ladan Tchiana est le Secrétaire général du MODEN FA Lumana africa. Mais compte tenu du virus fabriqué et lâché pour détruire les formations politiques, la question mérite bien d’être posée.

Les analystes politiques sont divisés sur la question, les uns pensent que le ministre Ladan est « recruté » par le PNDS-Tarayya dans sa logique de déstabilisation de son ancien allié, tandis que les autres estiment que l’homme est en mission pour la défense de ses propres ambitions.

Dans une conférence de presse dimanche, Ladan Tchiana a réaffirmé son appartenance au Lumana tout en justifiant sa présence dans le gouvernement en rébellion à la décision du bureau politique de son parti.Voici, mot à mot, la réponse de Ladan Tchiana : « quand le bureau politique avait pris sa décision, j’ai dis que cela était mauvais parce que ça a été pris sous l’effet de la colère. Deuxièmement, le Niger a besoin d’une stabilité politique et institutionnelle, on ne peut pas se développer s’il y a un éternel recommencement (…) Nous avons décidé de nous maintenir au gouvernement parce que le MODEN Lumana a prit la décision de se retirer de la MRN, nous en prenons acte mais quand on est dans une maison, le chef donne l’exemple. La majorité a des postes et des fonctions partout à l’exécutif et à l’Assemblée nationale. Le premier poste occupé par Lumana à l’Assemblée nationale, c’est le poste de l’Assemblée nationale ! Ce que nous disons, le jour où le président de l’Assemblée nationale démissionnera de son poste de président de l’Assemblée nationale, eh bien, en ce moment il peut légitimement demander aux ministres et aux autres de démissionner. Mais comment voulez vous que lui, il reste en fonction dans les rouages du pouvoir et qu’il demande aux autres de démissionner, pour moi cela n’est pas logique. Cette décision, elle est collégiale, et la démission doit être collégiale. C’est pourquoi, nous nous maintenons au gouvernement. »

En ne voyant pas le visage de celui qui a prononcé ces paroles, on dira qu’il s’agit d’un militant du PNDS-Tarayya. Mais c’est bien le SG du MODEN FA qui les a prononcées. Alors, on peut se hasarder à donner raison à ceux qui soutiennent que le ministre Ladan Tchiana prend fait et cause pour le parti au pouvoir.

Mais à y regarder de près, on peut également penser que ces propos sont contre le régime en place. En cette période de vacance parlementaire et à plus d’un mois de la prochaine session, c’est vouloir créer une instabilité politique que de demander la démission du président de l’Assemblée nationale. Il aurait fallu attendre la prochaine session et voir si le président de l’Assemblée nationale a l’intention de rendre le tablier ou non. Une démission de Hama Amadou va certainement nécessiter la tenue d’une session de droit du parlement. Ce qui est non seulement onéreux en ces temps de sécheresses financières mais également très risqué en ces moments d’incertitudes politiques, où on ne sait plus qui et qui.

Vouloir la stabilité politique et institutionnelle du Niger, comme l’a laissé entendre le ministre Ladan, c’est donner une chance au pays de passer cette épreuve de manière douce, en ne précipitant pas un retrait absolu de tout le staff du parti de Hama Amadou dans le pouvoir. Imaginez si en un seul jour tous les gouverneurs, directeurs généraux, ministres et autres laissent toutes leurs places vides, que se passera t-il ? Il y aura bien un vide qui risque de coûter cher au pays avec l’insécurité déjà à nos frontières. Mais une façon intelligente de se retirer graduellement permettra à la MRN de prendre position au fur et à mesure. Et lorsqu’on regarde les prises de position de Lumana, elles ne sont pas subitement extrêmes. C’était d’abord une suspension de participer aux activités du gouvernement et la demande d’ouverture de négociation. Et ce n’est qu’après l’impossibilité pour Hama Amadou de s’entretenir avec le président Issoufou que le retrait du gouvernement et de la MRN a été décidé et annoncé. Alors, pourquoi le ministre Ladan qui dit refuser de suivre le mot d’ordre de son parti pour éviter « l’éternel recommencement » qui a fait que « toutes les républiques du Niger n’ont eu qu’un seul président » demande que toutes les portes à une éventuelle réconciliation soient immédiatement et hermétiquement fermées ?

Pourtant, on se rappelle que lorsque le président du PNDS-Tarayya de l’époque Issoufou Mahamadou avait quitté l’AFC de Mahamane Ousmane avec tout son staff cela a produit une instabilité politique suivie d’un coup d’Etat militaire. Or, c’est justement ce que Ladan Tchiana demande aujourd’hui à son parti le MODEN FA de faire.

Et si Ladan n’est ni pour le PNDS, ni pour Lumana ?

A la lumière de cette analyse, le Secrétaire général du MODEN FA ne défend pas les intérêts de son parti dont il provoque la scission. Il ne défend pas non plus Hama Amadou qu’il insinue lui être redevable après « tout ce qu’il a fait au parti et à son président » lorsque ce dernier était en prison à Koutoukalé.

Le ministre Ladan ne défend pas non plus les intérêts du PNDS-Tarayya parce que ce qui arrange le plus ce parti politique est de retrouver la sérénité au sein de sa majorité la MRN, et non le départ de la deuxième force politique. Or, en agissant comme il le fait, en demandant ce qu’il demande, Ladan Tchiana ne laisse aucune place à une quelconque réconciliation. Pourtant, c’est de cette réconciliation que le PNDS fait semblant de vouloir. Alors, sauf si le ministre Ladan Tchiana sait déjà qu’officieusement, le parti au pouvoir ne veut pas du tout de cette réconciliation …. Cette hypothèse est d’ailleurs renforcée par le remaniement du gouvernement intervenu le lundi 26 Août dernier. A cette occasion, le président de la république a remplacé les ministres de Lumana qui suivent le mot d’ordre de leur parti fermant ainsi les portes aux négociations.

Le ministre des Mines ne défend pas aussi les intérêts du Niger puisque ce dont le pays à le moins besoin, c’est d’un déchirement politique au sein des partis et des blocs politiques. Hélas ! Le seul résultat que les agissements et propos de Ladan Tchiana peuvent produire, c’est bien ce déchirement là.

Les desseins inavoués du ministre Ladan

L’objectif premier du sulfureux SG du MODEN FA est visiblement d’affaiblir sa propre formation politique d’abord, avec son départ, ensuite les propos qu’il commence à proférer dans les médias contre le président de son parti, Hama Amadou. Ainsi, il tente de discréditer l’homme qui est investi de la confiance du bureau politique nationale du MODEN FA en le présentant comme quelqu’un qui met ses troupes en première position pour se cacher derrière elles, à la manière d’un « Général de salon ». Mais l’histoire politique du Niger est là pour témoigner. Lorsque le CDS-Rahama avait retiré ses militants du gouvernement de Tandja en 2009, pendant le Tazartché, son président Mahamane Ousmane n’a pas démissionné de la présidence de l’Assemblée nationale. Il y est resté jusqu’à la dissolution de l’institution. D’ailleurs Hama Amadou n’est pas le président du parlement de la majorité, il est président de l’Assemblée nationale du Niger. Et cela est largement confirmé par le nombre de voix qui l’a élu à la tête du parlement le mardi 19 avril 2011. On se rappelle, de ce vote qui a donné les résultats suivants : 103 voix sur 104 votants, alors que la majorité ne fait que 83 députés donc même l’opposition a voté pour lui.

Enfin, selon toute vraisemblance, Omar Hamidou dit Ladan Tchiana ne défend que ses propres intérêts parmi lesquels on retrouve en première position, son portefeuille ministériel. Et là, personne n’a le droit de lui refuser le droit de vouloir assurer ses vieux jours. A sa place, beaucoup de personnes feront la même chose. En conséquence, il n’y a aucun évènement extraordinaire dans cette affaire.

Amadou BELLO

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