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Lutte contre Boko Haram: "A quoi joue le Nigeria?", s’interrogent ses voisins
Publié le samedi 28 mars 2015   |  AFP


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© Reuters par Emmanuel Braun
Un drapeau pris aux forces de Boko Haram est brandi par des soldats nigériens entrés dans la ville de Damasak au Nigeria, le 18 mars 2015.


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Deux mois après le début de l’offensive régionale contre Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, la coopération militaire entre pays du bassin du Lac Tchad patine, ses voisins dénonçant le manque de coopération d’Abuja face aux islamistes.

Tchad, Cameroun et Niger ont déployé leurs troupes pour aider le Nigeria à faire face à l’insurrection sanglante des islamistes, qui menaçait de contaminer toute la région. Mais le pays hôte, où se tiennent samedi des élections présidentielle et législatives, ne voit pas la présence de troupes étrangères d’un bon oeil.

Dernier exemple de la confusion sur le terrain: la ville nigériane de Damasak, près du Niger, a été reprise le 9 mars par les armées tchadienne et nigérienne. Trois semaines plus tard, aucun soldat nigérian n’y a encore remis les pieds...

Même constat à Gamboru, à la frontière du Cameroun. Les troupes tchadiennes ont repris la ville début février et se sont retirées il y a quinze jours. L’armée nigériane n’a pas pris le relais. Les islamistes ont profité du champ libre pour attaquer la ville, tuant 11 civils et contraignant les soldats tchadiens à revenir.

Le président Idriss Déby Itno, fer de lance de la lutte contre Boko Haram, ne cache plus son amertume.

- pas de contact avec les Nigérians -

"L’armée tchadienne mène seule ses combats à l’intérieur du Nigeria (...) ce qui est un problème. Nous aurions souhaité qu’il y ait au moins une unité nigériane avec elle. C’était même une demande expresse auprès du gouvernement nigérian, mais pour des raisons que nous ignorons, jusque-là nous n’avons pas pu travailler ensemble", a-t-il affirmé dans un entretien à l’hebdomadaire français Le Point.

"Deux mois après le début de cette guerre (...) nous n’avons pas pu avoir un contact direct, sur le terrain, avec des unités de l’armée nigériane. C’est ce qui a, plus d’une fois, obligé les forces tchadiennes à reprendre des villes", a insisté M. Déby, en soulignant a contrario les "très bons rapports" avec Nigériens et Camerounais.

Ces problèmes de compréhension s’expliquent notamment par la méfiance du Nigeria anglophone envers ses voisins francophones et de différends anciens.

Les Camerounais, en conflit par le passé avec les Nigérians - notamment pour la péninsule de Bakassi - n’ont pas été autorisés à franchir la frontière et restent cantonnés à une posture défensive face aux islamistes.

"On se demande bien à quoi jouent les Nigérians", s’énerve une source sécuritaire camerounaise.

- Couacs à répétition -

Autre exemple de ces couacs à répétition, l’absence du Nigeria dans la cellule de coopération et de liaison basée à N’djamena, au quartier général de l’opération anti-jihadiste française Barkhane.

Depuis environ 15 jours, la cellule est "au complet", dit-on du côté de Barkhane. Des officiers de liaison français, britanniques, américains, nigériens, tchadiens et camerounais échagent au quotidien du renseignement sur Boko Haram. Abuja n’a pas répondu à l’invitation.

Sur le terrain, le manque de coordination n’a certes pas empêché les armées de la région de gagner du terrain ces dernières semaines, chassant les islamistes de certains de leurs fiefs.

Les Tchadiens ont pris le dessus de part et d’autre du lac Tchad, permettant une relative sécurisation des frontières avec le Cameroun et le Niger.

L’armée nigériane, longtemps critiquée pour n’avoir pas contenu l’insurrection islamiste qui a fait plus de 13.000 morts en six ans, a annoncé récemment des victoires sans précédent.

Selon Abuja, deux des trois Etats où Boko Haram sévissait ont été libérés: Yobe et Adamawa.

Il s’agit désormais de donner un cadre juridique à une intervention avec une force régionale de près de 10.000 hommes.

Là encore, blocage. Le Tchad a présenté un projet de résolution à l’ONU pour obtenir un appui politique et financier dans la lutte contre le groupe islamiste nigérian.

Et, selon des diplomates du Conseil de sécurité, il a été particulièrement irrité par une volte-face du Nigeria. Après avoir participé à la rédaction du projet pendant des semaines, Abuja a remis en cause l’inclusion du chapitre 7, autorisant le recours à la force sur son sol.

La force régionale (Tchad, Nigeria, Cameroun, Bénin, Niger) doit en effet avoir la possibilité "d’opérer librement" dans une zone déterminée, selon l’Union africaine, qui a entériné sa création début mars.

"Ce sont des pays qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble", souligne un officier français se voulant optimiste: "il faut absolument passer sous commandement opérationnel de la force multinationale. Avec un état-major commun, les choses vont se mettre en place progressivement".

A condition que le Nigeria joue le jeu.

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