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Les îles du lac Tchad, repaire des Boko Haram en déroute
Publié le mercredi 8 avril 2015   |  AFP


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© Autre presse par DR
Le drapeau noir de Boko Haram visible depuis le Niger


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Attaques de villageois, vols de bétail ou de récoltes: de nombreux islamistes de Boko Haram, chassés de leurs fiefs nigérians par l'intervention d'une coalition régionale, se réfugient sur les îles du lac Tchad où ils sèment la terreur.

"Vous voyez ces îles, en direction du Nigeria? Avant, j'allais vendre mes récoltes là-bas. Avec Boko Haram, c'est devenu trop dangereux. On ne se déplace plus sans escorte militaire", explique Mustapha, cultivateur de Ngouboua, village tchadien situé à 18 km de la frontière nigériane.

Les islamistes mènent depuis des mois des attaques sanglantes sur les îles peuplées des quatres pays riverains, Nigeria, Tchad, Niger et Cameroun. Mais le lac est aussi devenu un lieu de repli, à l'heure où les insurgés perdent du terrain face aux forces régionales - notamment tchado-nigériennes - qui opèrent dans le nord-est du Nigeria depuis février.

"Aux abords du lac Tchad, autour des îles, il y a des zones boisées où des éléments de Boko Haram vont se cacher", soulignait la semaine dernière le chef d'état-major de l'armée nigérienne, Seyni Garba, ajoutant qu'il "faudrait aussi aller les chercher" là-bas.

- Forêts marécageuses -

La perte de Baga Kawa, et plus récemment de Malam Fatori, deux villes nigérianes proches du lac, constitue notamment un lourd revers pour les islamistes.

Selon une source sécuritaire tchadienne, "les Boko Haram sont sous pression et une partie d'entre eux se réfugient au milieu du lac" sur des îles aux forêts marécageuses difficiles d'accès pour l'armée.

"Comme ils ont faim, ils attaquent les villages pour manger", souligne cette source.

Vols de bétail et de nourriture (riz, maïs) sont devenus monnaie courante sur les îles tchadiennes proches du Nigeria et les rives du lac, qui dans certaines zones se parcourt à pied.

Ainsi, "les Boko Haram sont venus deux fois dans un village près de Tchoukou Telia (localité riveraine du lac, ndlr). Ils ont volé jusqu'à 500 boeufs", affirme un commerçant de Ngouboua, Al Hadji Mbodou Maï.

Ngouboua, attaquée il y a deux mois par Boko Haram, est aujourd'hui "bien sécurisée" avec une forte présence militaire, mais "il y a beaucoup de problèmes dans les îles autour", reconnaît le commandant de la brigade de la gendarmerie locale, Saleh Ali.

Pour "nettoyer la zone", les militaires doivent agir vite, avant le retour de la saison des pluies d'ici juin, qui compliquera encore plus leurs déplacements.

- Des Boko Haram tchadiens -

Autre motif d'inquiétude pour les autorités: la participation de jeunes tchadiens aux activités des islamistes.

Le vendredi 3 avril, une embuscade tendue à des civils à 15 km de Tchoukou Telia ayant fait sept morts - dont certains égorgés -, a été attribuée à des Tchadiens membres de Boko Haram, originaires du même village que leurs victimes. Selon le sous-préfet de Baga Sola, Dimouya Souapebe, les assaillants auraient tenté de les recruter et les ont tués face à leur refus.

Après l'attaque, des engins explosifs ont été découverts enfouis le long de la route, selon des sources humanitaires, qui parlent d'une menace "inédite".

Il reste cependant très difficile de connaître le nombre de tchadiens enrôlés.

Certaines ethnies du lac, notamment les Boudouma, entretiennent des liens forts avec des membres de Boko Haram au Nigeria: "ils ont souvent des parents en commun de part et d'autre" du lac, affirme M. Souapebe.

"Il est vrai que les Boudouma ont des contacts privilégiés avec les Boko Haram", exlique un bon connaisseur de la région. "Mais parfois ces liens leur servent aussi de prétexte pour régler leurs comptes".

En un mois, une trentaine de suspects ont été arrêtés dans la région de Ngouboua, selon des sources policières. La majorité d'entre eux sont des "chauffeurs clandos" (motos-taxis) soupçonnés d'être des informateurs, explique une de ces sources.

D'autres ont été interpellés dans leur village après avoir disparu plusieurs jours.

"Nous avons auditionné un garçon d'à peine 16 ans et qui avait passé 15 jours dans un camp à la frontière. (...) On lui avait promis un peu d'argent et surtout du tramol", drogue prisée des combattants de Boko Haram, qui fait aussi des ravages chez la jeunesse pauvre du lac, selon cette source.

"Ces jeunes comprennent vite qu'ils n'ont rien à gagner là-bas, assure la source policière. Les autorités essaient de régler ce problème en dialoguant avec leurs parents, en leur faisant comprendre qu'il n'y aura pas de suites graves s'ils reviennent".

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