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Mahamadou Issoufou au JDD : «On s’est vite rendu compte qu’ils (Boko Haram) étaient des amateurs»
Publié le mercredi 15 avril 2015   |  Actu Niger


Le
© AFP par BOUREIMA HAMA
Le président nigérien Mahamadou Issoufou
Dimanche 22 février 2015. Niamey.


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Le Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou a accordé une intervention à l'hebdomadaire français ''Le Journal Du Dimanche''. En répondant aux questions de notre confrère Antoine Malo, le Chef de l'Etat a abordé plusieurs points relatifs à la sécurité, dont entre autres, l'efficacité des forces nigériennes et tchadiennes engagées dans l'opération contre Boko Haram et la lutte contre le terrorisme dans la sous-région, notamment en Lybie.

Quel bilan tirez-vous de l'opération que vous avez lancée contre Boko Haram ?

Boko Haram a été très fortement affaibli. Le 6 février, quand il a attaqué le Niger, nous lui avons infligé une défaite historique. Depuis le 8 mars, les armées tchadiennes et nigérienne mènent des opérations à l'intérieur du Nigeria. Tous leurs objectifs ont été atteints en moins d'un mois.

Comment expliquez-vous cette rapidité ?

Les forces de Boko Haram ont été surestimées. Et ce parce que l'organisation avait multiplié les conquêtes face à l'armée nigériane. Mais lors des premiers contacts avec nos forces, on s'est vite rendu compte qu'ils étaient des amateurs. Certes, ils ont leur foi, cette foi aveugle, mais cela n'a pas été suffisant. Le mythe de l'invincibilité de Boko Haram est tombé.

Bénéficiez-vous d'aide de pays occidentaux dans cette guerre ?

Nous collaborons avec des pays amis, en particulier la France, dans le domaine du renseignement. Mais nous voudrions le vote d'une résolution à l'ONU pour que la communauté internationale nous apporte aussi un soutien matériel et financier. Nous ne sommes pas des pays riches et cette guerre nous coûte très cher. Tellement cher, que je suis contraint d'y affecter des ressources que je pourrais orienter vers l'éducation, la santé...

Les troupes nigérianes n'ont toujours pas réinvesti les villes que vous avez libérées. Comment comprendre cette lenteur ?

Nous regrettons ces difficultés de coordination. Il y a beaucoup d'opérations que l'on devait mettre en place ensemble et cela ne s'est pas fait. Mais les choses devraient changer. Je connais M. Buhari, le nouveau président, et cela peut favoriser notre collaboration. C'est un homme d'État intègre.

Avez-vous déjà planifié ensemble de futures opérations militaires ?

Nous les avons déjà en tête. Notre objectif est clair : nous voulons éradiquer Boko Haram, le chasser de tout le bassin du lac Tchad.

Pour cela, l'option du tout-militaire n'est sans doute pas suffisante...

Je suis de ceux qui pensent que la solution face au terrorisme passe par le développement économique et social. Il existe un plan de développement pour le bassin du lac Tchad, adopté en 2012. Nous attendons que nos amis bailleurs de fonds soutiennent ce plan. Il y a urgence : si l'on ne fait rien, le lac va disparaître. Ce serait une catastrophe écologique avec des conséquences incalculables.

En janvier, après la publication des caricatures du prophète par Charlie Hebdo, de violentes émeutes ont éclaté au Niger. Est-ce le signe d'une radicalisation de la société ?

Il n'y a pas de radicalisation. À l'origine de ces émeutes, il y a surtout une manipulation politique. Le 17 février, nous avons organisé une autre manifestation, contre Boko Haram et pour soutenir nos troupes. Ce jour-là, tout le peuple nigérien s'est prononcé contre le terrorisme. On parle souvent de plusieurs islams, l'un modéré, un autre radical. Mais, en réalité, il n'y en a qu'un, celui de la tolérance et de la paix, et c'est celui que nous pratiquons.

Regrettez-vous d'avoir dit « Je suis Charlie », compte tenu de ces caricatures ?

Je ne regrette pas de m'être engagé dans la lutte contre le terrorisme. Je continuerai à me battre contre celui qui tue, égorge, ou viole les femmes au nom de ma religion.

Mais que pensez-vous des caricatures ?

Je les condamne. La liberté d'opinion a des limites et il ne faut pas choquer ou frustrer l'autre.
Plusieurs opposants et journalistes ont été arrêtés dernièrement... Assiste-t-on à un raidissement du pouvoir à l'approche de l'élection de 2016 ?
Quand les gens violent les règles, on applique la loi, c'est tout. Est-ce un raidissement que de les punir ? C'est curieux cette façon de regarder l'Afrique. Lorsque l'on arrête un opposant qui viole la loi, on est taxé de dictature... Pour reprendre de Gaulle, ce n'est pas à mon âge que je vais entamer une carrière de dictateur.

Êtes-vous toujours favorable à une intervention en Libye ?

Elle est inévitable. Je ne vois pas comment l'on peut expulser l'État islamique ou les djihadistes du Sud libyen sans intervention. Mais il faut la préparer : il faut d'abord réconcilier les Libyens, réunifier l'État. Alors les forces internationales auront un allié pour chasser les terroristes. Le problème est que l'on ne nous écoute pas. En 2011, j'avais mis en garde contre la somalisation de la Libye en cas d'intervention internationale. On ne m'a pas écouté, on a foncé, on a débarqué Kadhafi, il n'y a pas eu de service après-vente... Et maintenant qu'est-ce que l'on a ? Le chaos.

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