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Le Sahel N° 8865 du 26/1/2015

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Commission Mixte Nigéro-Nigériane de Coopération (CMNN) : Un outil de coopération bilatérale unique en son genre
Publié le mercredi 3 juin 2015   |  Le Sahel


SEM.
© Autre presse par DR
SEM. Issoufou Mahamadou,Président de la République du Niger


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La Commission Mixte Nigéro-Nigériane de Coopération (CMNN) a sonné le tocsin pour contribuer à réserver un accueil des grands jours à S.E.M. Mahammadu Buhari, Président de la République Fédérale et Commandant-en-Chef des Forces Armées du Nigeria, qui sera en visite officielle au Niger du 3 au 4 juin 2015. Pour ce faire, la Commission a mis les petits plats dans les grands et tout le personnel nigérien et nigérian est mobilisé ! Et il y a de quoi !
En effet, la Commission Mixte Nigéro-Nigériane de Coopération est l'un des instruments de la coopération bilatérale entre le Niger et son puissant voisin du Sud. Qui plus est, c'est la seule Commission mixte de coopération qui est permanente en Afrique et elle siège à Niamey depuis sa création, en 1971, par les Présidents Diori Hamani du Niger et Yakubu Gowon du Nigeria. Administrée de manière paritaire, elle est, depuis 2012, dirigée par le tandem composé de l'ambassadeur Abubakar Abdu Jalil Sulaiman du Nigeria comme Secrétaire Général, et Mme Touré Aminata Djibrilla Maïga du Niger comme Secrétaire Générale adjointe.

Selon une note de son secrétariat général, la Commission a ''la compétence exclusive d'identifier les voies et moyens de coordonner et d'harmoniser les économies des deux pays dans tous les domaines pour parvenir à une coopération accrue et plus efficace. L'article 3 de la convention a également accordé à la Commission les responsabilités de proposer aux deux gouvernements les mesures et projets à entreprendre, pouvant favoriser à la fois la réalisation progressive d'une coopération rationnelle, harmonieuse et équilibrée et d'un développement significatif des deux pays à moindre coût et sans grand délai''.
Les secteurs d'intervention de la Commission sont ''les domaines de l'intégration économique ; des transports aérien, routier et ferroviaire ; du système de surveillance de la sécurité des frontières ; des questions de santé ; de l'agriculture et de la lutte contre la désertification ; de la gestion des écosystèmes ; de la ré-démarcation des frontières ; de la fourniture d'électricité ; et du partage équitable des ressources en eau entre les deux pays, pour ne citer que quelques-uns''.

Comment la Commission opère-t-elle ? ''Actuellement, selon la même note, il existe seize comités d'experts du Niger et du Nigeria qui se réunissent de temps en temps pour faire des recommandations au Conseil des ministres''. C'est ainsi que, ''grâce aux efforts inlassables de la CMNN, la coopération bilatérale entre le Nigeria et le Niger est l'une des plus harmonieuses dans le monde. Les travaux de réhabilitation de la frontière internationale Niger/Nigeria, longue de 1500 kilomètres, sous la supervision de la CMNNC, sont des plus paisibles dans le monde.
L'Union Africaine et la CEDEAO ont toutes salué les experts du Nigeria et du Niger pour le sens élevé de compréhension et de professionnalisme dont ils ont fait montre pendant l'exercice''.

De même, ''la CMNN, en collaboration avec la Banque Mondiale, a récemment lancé une initiative Kano-Katsina-Maradi (K2M) pour la sécurité alimentaire et les échanges commerciaux, y compris le bétail et les produits agricoles. Le principal objectif de cette initiative était de promouvoir l'intégration économique à travers les contacts entre les populations tout au long des frontières des deux pays. L'initiative vise également à assurer la libre circulation des personnes, des capitaux, des biens et des services dans les deux pays sans aucun obstacle injustifié. Le programme fournira une grande occasion pour enregistrer le volume des échanges commerciaux permettant ainsi d'établir des informations commerciales fiables aux fins de génération de revenus pour les gouvernements des deux pays''.

La Commission ne va pas en rester là ! D'abord, elle ''envisage actuellement d'ouvrir trois autres corridors commerciaux constitués de Kebbi-Sokoto-Zamfara au Nigeria, Dosso–Tahoua au Niger; Jigawa-Daura au Nigeria, Magaria-Zinder au Niger, et Borno - Yobe au Nigeria, Diffa au Niger. Ces trois corridors supplémentaires, lorsqu'ils seront pleinement opérationnels, favoriseront le renforcement des relations commerciales séculaires entre les deux pays''.

Ensuite, ''les deux pays ont également identifié Babura au Nigeria et Zinder au Niger pour la construction de postes de sécurité dans le but de créer un réseau efficace de communication entre les deux pays dans les domaines de la patrouille frontalière pour mieux contrôler le trafic des stupéfiants et la traite des humains, le trafic illicite des armes légères ainsi que le blanchiment d'argent et d'autres infractions assimilées. Les travaux sur la station de base sont achevés depuis janvier 2015, cependant les équipements de communication n'ont pas encore été installés''.

Par ailleurs, ''pour rassembler les opérateurs économiques des deux pays, la CMNN a réussi à mettre en place une Chambre Consulaire Nigéro-Nigériane (CCNN) dont le siège est à Kano... Grâce à cette Chambre Consulaire, la Commission mixte peut facilement organiser des foires commerciales au Nigeria et au Niger à l'instar des autres foires organisées par les diverses régions et états dans les deux pays''.
Comme gage du sérieux de cette volonté, il y a eu ''la signature d'un accord pour le retour des opérateurs économiques du Niger vers les ports maritimes du Nigeria, qui est également un autre jalon à l'actif de la CMNN. Actuellement, les opérateurs économiques du Niger disposent d'une représentation à Lagos avec immunité diplomatique en vue de faciliter l'acheminement rapide de leurs marchandises par les ports maritimes du Nigeria jusqu'à la destination finale''.

Mais, qui dit échanges, dit transport! C'est pourquoi, ''le Conseil des Ministres a également accordé son approbation pour l'extension de lignes ferroviaires de Kaura Namoda-Sokoto-Illéla à Konni; Kano - Magaria à Zinder, et Kano-Katsina-Daiyi-Jibiya à Maradi''. Des accords sur la construction d'entrepôts, de centres de collecte, d'un service aérien entre les deux pays, d'usines de ciment et de charbon pour la production d'électricité, de routes, ainsi que d'autres ententes pour assurer la communication, la santé humaine et animale, la lutte contre la désertification, etc., ont été conclus dans le cadre de la Commission.
Certes, beaucoup a été fait de 1971 à ce jour; mais, il reste des questions en suspens comme celle des sources alternatives de financement, la clause de la nation la plus favorisée entre les deux pays, la convertibilité du franc CFA et de la Naira, etc.
Au regard de toutes ces questions, la Commission a émis trois recommandations. La première estime que ''l'essence de la commission mixte, qui est de promouvoir le développement économique et l'émancipation sociale des deux pays, demeure un objectif capital qui a été valorisé par la politique étrangère afro-centrique du Nigeria à travers la coopération bilatérale telle que celle-ci. Le Niger étant un voisin, représente un intérêt stratégique pour le Nigeria, surtout dans l'orbite du cycle concentrique de la politique étrangère du Nigeria et vice versa''.

La seconde recommandation est relative à ''l'offre pour le Nigeria de promouvoir la diversification économique en Afrique de l'Ouest qui servira d'outil important pour assurer l'intégration économique coordonnée avec les pays voisins tels que la République du Niger''. Enfin, ''sur la question de la sécurité, il est très important pour les deux pays de poursuivre leur partenariat afin de sécuriser leur frontière commune de 1 500 km. Le Boko Haram, qui défie les deux pays, et par extension, le monde entier, ne peut être vaincu que par la coopération et, par conséquent, la garantie et promotion de la paix dans le monde ''
Ceci expliquant sans doute cela, ''dans le domaine de la sécurité transfrontalière, on pourrait rappeler que l'année dernière, le Nigeria a fait don au Gouvernement nigérien de quatorze véhicules doubles cabine HILUX, équipés de gadgets de surveillance de sécurité modernes. Suite à la réunion du comité d'experts sur la sécurité transfrontalière tenue en juin 2013 à Niamey, les experts ont recommandé que des véhicules supplémentaires et motos tout terrain soient fournis par le Nigeria en faveur de l'équipe mixte de patrouille de la frontière, qui comprend à la fois le personnel de sécurité du Niger et du Nigeria en vue de gérer efficacement les situations d'urgence. A cet égard, la Commission a adressé une correspondance au Nigeria pour demander les 14 véhicules double cabine HILUX et 150 motos tout terrain pour une patrouille frontalière efficace contre toutes sortes d'actes illicites. Outre ce qui précède, le Comité a également identifié et créé 10 nouveaux postes frontières dont cinq dans chaque pays. Le but recherché est de contrôler les entrées et sorties dans les deux pays''.

C'est la preuve que les deux parties ont compris qu'il n'y a pas de développement sans sécurité. C'est tout cela qui fait de la Commission Mixte Nigéro-Nigériane de Coopération un outil bilatéral unique en son genre.

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