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Au sahel, un programme pour la transition écologique
Publié le mercredi 29 juillet 2015   |  CCFD Terre Solidaire


Agriculture
© Autre presse par DR
Agriculture : 40 milliards de FCFA mobilisés pour l`agriculture !


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A l’approche de la COP 21 à Paris, en décembre 2015, le CCFD-Terre Solidaire se mobilise avec son réseau autour des enjeux climatiques. Tandis qu’au Sahel, trois partenaires du CCFD-Terre Solidaire acteurs de l’agriculture familiale préparent un nouveau programme de quatre ans, le PAIES. Il démarre en janvier 2016 pour mettre en place des alternatives aux systèmes agricoles actuels défaillants.

Le changement climatique, des effets tangibles dans le Sahel

Le changement climatique a pour conséquence directe la fragilisation des petites exploitations familiales, notamment sur le plan de l’irrigation. Pourtant, leurs pratiques traditionnelles sont considérées comme les mieux adaptées.

Dans le Sahel, l’agriculture familiale s’avère d’autant plus importante qu’elle est centrée sur les cultures vivrières, dont dépend largement la sécurité alimentaire.

De la Côte d’Ivoire au Niger, en passant par le Mali, les constats sont les mêmes : « Une perturbation au niveau des saisons, des pluies tardives et abondantes qui provoquent des inondations et l’érosion des sols, entre les mois de mai et juillet », explique ainsi Jean-Paul Sikéli, secrétaire exécutif de la Copagen, un mouvement social ouest-africain présent dans neuf pays, dont la Côte d’Ivoire.

« Au Niger, les pluies viennent tardivement, elles sont irrégulières et de courte durée », explique Illiassou Dandakoye, chargé du programme sécurité alimentaire pour Mooriben, une vaste fédération des unions de groupements paysans du Niger, forte de 58 000 membres. « Un champ de 2 hectares qui donnait 100 bottes de mil il y a vingt ans n’en fournit plus que 20 aujourd’hui », poursuit-il, soulignant le problème de la dégradation des sols.

Au Mali, témoigne Issiaka Magassa, responsable de l’organisation d’horticulteurs RHK, qui regroupe 104 associations et 23 000 producteurs dans la région de Kayes, « les producteurs sont désorientés, parce que les semences qu’ils ont l’habitude d’utiliser ne donnent pas les résultats escomptés, à cause de la hausse des températures : la fleur tombe et le fruit ne vient pas, par exemple. D’autre part, nous observons la disparition des variétés locales de plantes avec la désertification, ce qui se traduit en perte de biodiversité. La profondeur des puits est un bon indicateur des problèmes que nous éprouvons : il y a 15 ans, il fallait creuser jusqu’à 15 mètres pour trouver de l’eau, mais il faut aller jusqu’à 30 à 35 mètres aujourd’hui, parce que la nappe phréatique baisse. A certaines périodes de l’année, les puits se tarissent, posant de gros problèmes d’irrigation pour boucler les cycles de cultures maraîchères ».
Comment lutter pour la sécurité alimentaire dans le Sahel

Partout, les organisations paysannes s’efforcent de lutter pour préserver la sécurité alimentaire. L’action du Copagen est centrée sur le refus des OGM dans l’alimentation et l’agriculture, la promotion de l’agro-écologie et des semences paysannes.

Au Niger, le plaidoyer a également porté sur un meilleur accès aux financements pour les paysans. « La Banque agricole Bagri a été créée en 2008, mais elle est devenue une banque commerciale comme les autres, avec des taux d’intérêts trop élevés », relève Illiassou Dandakoye. Pour remplacer ses intrants chèrement acquis à crédit, Mooriben fait elle aussi la promotion de l’agro-écologie, pour « accompagner les paysans à utiliser les matières organiques et à prendre soin des arbres, de manière à restaurer la fertilité des terres ».

Au Mali, même constat : « L’agroécologie est vraiment la solution pour lutter contre la désertification et faire du reboisement, explique Issiaka Magassa. Nous voulons associer la culture des céréales avec l’arboriculture, pour enrayer l’ensevelissement des terres arables par le sable transporté par le vent et l’eau. Il faut donc appuyer les producteurs de tomates, par exemple, pour qu’ils soient prêts à planter des arbres et des haies vives pour clôturer les champs, etc ».
Le PAIES, un programme attendu

Le programme du PAIES [1] paraît important à la Copagen, parce qu’il appuiera ses actions d’inventaire des semences locales menacées d’extinction et de plaidoyer pour que toutes les lois foncières tiennent mieux compte des droits des communautés en Côte d’Ivoire et dans les autres pays de la coalition. Plus que le problème de l’accaparement des terres, il s’agit surtout de sécuriser les titres de propriété foncière.

De même, au Mali, le PAIES semble d’autant plus intéressant que depuis 2008, la RHK travaille sur l’agroécologie tropicale et cherche à diversifier les cultures. « Les gens voient plus l’intérêt de l’intégration des activités d’agriculture, d’élevage et de foresterie, note Issiaka Magassa. Nous envisageons d’inclure la pisciculture dans le cadre du PAIES, avec des étangs piscicoles contenant de l’eau riche en azote pour fertiliser les sols. »

Un autre volet crucial du programme PAIES porte sur les échanges avec les organisations sœurs au Niger, au Burkina, au Mali et en Côte d’Ivoire. « Quand on parle d’agroécologie, il existe un savoir-faire ailleurs dont le Mali peut tirer profit, et les inventaires approfondi des ressources génétiques que font par exemple le Copagen peut nourrir nos échanges. Il s’agit d’écrire ce qui ne l’est pas encore, pour pouvoir partager nos connaissances ».

Le PAIES, un programme ambitieux, n’a d’autre but que d’accompagner les agricultures familiales à s’engager pleinement dans une transition vers l’agroécologie. Les dynamiques collectives favoriseront l’accès des producteurs à une large diversité des semences paysannes, outre la valorisation des circuits courts de commercialisation des cultures, les financements innovants pour promouvoir des pratiques agricoles qui tiennent compte de l’environnement.

Sabine Cessou

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