Colonel Major Mahamadou Abou Tarka, président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix : ’’Le chef de l’Etat a mis tous les moyens pour la sécurité afin que le Niger contienne hors de ses frontières les dangers qui nous entourent’’ #aNiamey

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Colonel Major Mahamadou Abou Tarka, président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix : ’’Le chef de l’Etat a mis tous les moyens pour la sécurité afin que le Niger contienne hors de ses frontières les dangers qui nous entourent’’

Publié le vendredi 14 aout 2015 | Le Sahel

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Le Colonel Mahamadou Abou Tarka, président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix

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Conférence de presse du Capitaine Adili TORO sur les événement du 16, 17 et 18 Janvier 2015.

- 19/1/2015

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Armée et sécurité nationale 2015

Mon Colonel Major, que vous inspire l'évolution de la situation sécuritaire régionale autour de notre pays aujourd'hui ?

Aujourd'hui, quelques années après le déclenchement de la guerre de Libye et du Mali, et après les moments forts de l'agression de Boko Haram, nous sommes beaucoup plus sereins et on peut dire que le pire est derrière nous. Nous devons cette victoire à la capacité d'anticipation dont a fait preuve le Président de la République SE Issoufou Mahamadou par rapport à chacun de ces foyers de conflits. En Libye d'abord, il y a des leçons de l'histoire qu'il faut retenir. Chaque fois que ce pays est déstabilisé, chaque fois qu'il s'y déroule un conflit, les conséquences se font sentir au Niger et dans le Sahel en particulier. Un officier français qui relatait dans un livre les circonstances de la montée de Kaocen en 1916 écrivait : ''Quand ils ont été défaits par les Italiens en Libye, les Turcs ont abandonné un arsenal impressionnant. Les Touaregs du Soudan ont mis la main sur cet arsenal pour se soulever de Tombouctou à Agadez''. Un siècle après, les mêmes causes conduisent aux mêmes effets! C'est ainsi qu'au Mali, dans les années 90, la rébellion qui y a cours, par intermittence depuis 1963, a fini par influencer certains jeunes de notre pays. Là aussi d'ailleurs, la connexion s'est faite à travers la Libye. Certains partisans du RDA qui ont fui après le coup d'Etat de Kountché, puis ceux qui les ont rejoints à la suite du coup de force de Bayéré et Sidi Mohamed, en grande partie des ressortissant de Tahoua, ont trouvé les Maliens de Libye, qui ont fui leur pays par vagues successives depuis la première révolte de 1963, et qui leur ont communiqué leur idéologie irrédentiste, jusque-là absente dans la jeunesse touarègue nigérienne. Il en était de même pour les jeunes Toubous, qui ont fait leurs armes dans les divers mouvements soutenus par Kadhafi qui ont ensanglanté le Tchad. Quant au Nigeria, avec le phénomène de Boko Haram, vous connaissez les liens de notre pays avec le Nord de notre grand voisin. Mais vous savez, également, si vous avez lu Djibo Hamani, que pour les mouvements djihadistes dans cette zone, la frontière est juste ce qu'elle est réellement, c'est-à-dire qu'elle n'est que virtuelle. Maintenant, évidemment, Boko Haram n'a rien à voir avec ces mouvements réformateurs d'antan. Il est l'avatar du terrorisme nihiliste qui endeuille le monde musulman. Sur cette question de Boko Haram également, le Président de la République a refusé l'attitude passive de pusillanimité, voire de lâcheté, qui a caractérisé de nombreux secteurs de la société nigérienne. A la place, il a dit clairement que Boko Haram est un ennemi de l'Islam, qu'il en dénature les préceptes et enseignements. Alors que certains étaient tétanisés par la peur de provoquer Boko Haram, il a ordonné de se préparer pour la guerre. C'est cela qui nous a sauvés. Quand Boko Haram a attaqué, nous étions prêts! Et il a été défait et poursuivi. Le reste fait partie de l'histoire comme on dit.

Ici à Agadez, il y a beaucoup d'inquiétude par rapport aux affrontements entre Toubous et Touaregs dans le sud libyen. Ne pensez vous pas que cette situation pourrait déborder sur le Niger ?

Comparaison n'est pas raison. On serait en effet tenté, comme je l'ai développé plus haut, de craindre une contagion. Mais voyez-vous, il y a les réalités historiques et géographiques etc., et il y a de l'autre côté la volonté des hommes. Dans son discours à la Nation du 3 août 2015, le Chef de l'Etat, Chef suprême des Armées, a parlé de prospective. Convaincu que les ''menaces actuelles auxquelles est exposé notre pays ne resteront pas figées [...] et convaincu des vertus de l'anticipation, le Gouvernement a décidé d'engager une réflexion prospective''. La différence entre prospective et prévision, c'est justement que la prévision se contente de dire comment les choses seront dans le futur si on ne fait rien, alors que la prospective, contrairement à la simple prévision, vise à agir sur le cours des événements pour que le futur ressemble à ce qu'on voudrait qu'il soit. Si elle est faite efficacement, elle débouche sur une stratégie d'action et crée implicitement une corrélation entre le passé, le présent et le futur. Il n'y a pas de prédétermination. Un ami américain me faisait, très justement, remarquer qu'il venait seulement de réaliser que c'est le Niger, et non le Mali, qui a une frontière avec la Libye. Alors qu'il entend partout que c'est le voisinage libyen qui constitue un problème. Je crois qu'il n'y a pas besoin de commentaire supplémentaire à cet exemple. Donc, pour en revenir à votre question, c'est le sens de l'implication du Niger dans la résolution du problème libyen. D'abord au niveau international, diplomatique, pour favoriser la réconciliation entre les deux gouvernements rivaux, puis au niveau de proximité, spécifiquement pour le sud libyen dont la composition ethnique permet au Niger d'avoir une certaine influence. Maintenant, vous connaissez très bien la vigilance de nos Forces Armées et de Sécurité Intérieur si d'aventure des actes illégaux et de déstabilisation sont commis ou projetés.
Est-ce qu'en tant que Président de la HACP, vous êtes impliqué dans le règlement de ce problème ?
Je suis très attentivement l'évolution de ce dossier. Le Premier ministre, Chef du Gouvernement, m'a demandé d'animer autour de moi un Comité National qui serait, au niveau central, le pendant du Comité Régional de Paix d'Agadez. Le Premier ministre envisage également, dans un avenir proche, une rencontre à Niamey des notables et leaders du Fezzan. Au-delà de la HACP, c'est un dossier que suit le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Défense et le ministre d'Etat Bazoum Mohamed qui dispose d'atouts non négligeables pour ce genre d'action.
Mais, disons que pour le moment, nous encourageons toutes les bonnes volontés, et nous soutenons toutes les initiatives du Comité Régional de Mohamed Anacko, et nous faisons beaucoup confiance aux actions de proximité engagées par nos compatriotes qui connaissent si intimement les acteurs dans le Fezzan. On verra ce qu'il conviendra de faire pour appuyer davantage ces actions.
Nous sommes convaincus au Niger qu'il faille explorer toutes les voies pour résoudre pacifiquement les conflits. Si le Président de la République est intraitable sur les questions de défense et de sécurité, sur les menaces qui pèsent sur nos concitoyens, c'est aussi et d'abord un homme de paix qui aime donner sa chance aux négociations, à la médiation. Par exemple, en fin de semaine, samedi et dimanche 15 et 16 août, nous réunissons les parties maliennes protagonistes du conflit dans le nord de ce pays frère. Vous savez tous notre position de principe prise très tôt contre ceux qui veulent diviser nos pays, ceux qui veulent affaiblir l'Afrique. Mais à partir du moment où tous se sont associés à la démarche de négociation et qu'ils ont signé l'accord de Paix et de Réconciliation Nationale d'Alger, nous recevrons la Coordination des Mouvements de l'Azawad et la Plateforme du 14 juin pour les aider à aplanir leurs différences et favoriser une bonne application de l'accord. Nous avons une certaine expérience dans ce sens et je pense qu'il est de notre devoir de la partager sans prétentions et en toute modestie.

Mon Colonel Major, pouvez-vous rappeler à nos lecteurs les missions de l'institution que vous dirigez ?

Je pense que la HACP est aujourd'hui bien connue par tous les Nigériens, spécialement les habitants des 76 communes cibles de nos actions. Retenez que pour consolider la paix sur l'ensemble du pays, nous menons des actions qui ont plusieurs dimensions: sécuritaire, économique, politique et sociale. Sur le plan sécuritaire, nous menons des actions civilo-militaires en soutien aux Forces Armées et aux Forces de Sécurité Intérieure. Nous déployons également nos réseaux pour certaines formes de renseignement humain, nous prenons le pouls de certaines zones pour y faire des actions de prévention. Sur le plan de la politique citoyenne, nous menons des actions de sensibilisation à travers l'organisation des caravanes de la paix, de forums et autres rencontres communautaires, ainsi que l'appui aux manifestations entrant dans le cadre de l'enracinement de la culture de la tolérance. La HACP fait également des actions d'urgence à caractère socio-économique, surtout en direction de la jeunesse dans les zones exposées au danger sécuritaire.

Votre mot de la fin, mon Colonel Major ?

Je souhaite au Niger un hivernage fécond afin que nos laborieuses populations récoltent le fruit de leur labeur. Je demande également à tous de multiplier les prières pour que notre pays continue de connaître la paix et la sécurité, condition essentielle du développement que nous appelons de tous nos vœux.

Abdoulaye Harouna ONEP Agadez
www.lesahel.org

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