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Boko Haram touché mais pas mort
Publié le samedi 22 aout 2015   |  Camer.be


Boko
© Diasporas News par DR
Boko Haram touché mais pas mort


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« Mort », puis « vivant », Aboubakar Shekau est dangereux. Sur la ligne de front et dans les maquis de Sambisa, la choura des insurgés reste intacte.

Déclaré hors jeux par le chef de l’Etat tchadien, Idriss Deby Itno, Aboubakar Shekau leader du mouvement insurrectionnel « Boko Haram » n’a pas laissé durer le suspense trop longtemps. Dimanche 16 août 2015, un enregistrement audio du terroriste qui vaut au moins 5 millions de dollars américains, est venu mettre un terme à la polémique. «Il est en effet partout dit dans les médias du monde des infidèles, que je suis mort ou que je suis malade et inapte à gouverner. Que je n’ai plus d’influence dans les affaires de la religion…

Comprenez que cela est faux. C’est en effet un mensonge. Si cela était vrai, ma voix n’aurait pas été entendue, au moment où je vous parle ». L’extrait de la bande d’une durée de huit minutes a été authentifié aussi bien par les spécialistes des questions sécuritaires que par les journalistes nigérians proches des milieux islamistes. La sortie d’Aboubakar Shekau remet en cause l’information selon laquelle « Boko Haram » a été décapité. Le Jour a exploré la galaxie « Boko Haram », en remontant les hommes de la « Choura » en poste depuis 2010. En effet, le conseil de commandement des insurgés nigérian n’affiche le nom de Mahamat Daoud nulle part dans les bases de données.

Un confrère nigérian ayant participé à notre enquête entamée en mars 2013 précise que les services spéciaux de son pays n’ont pas confirmé « une offre de négociations de Boko Haram au gouvernement du Nigeria ». Les sources contactées par notre confrère indiquent également, qu’ellesn’ont aucun signalement de Mahamat Daoud. Ce démenti des services compétents du Nigéria rappelle le feuilleton Dansai Amadou. Ce personnage inconnu était présenté courant 2014, comme principal négociateur pour le compte de « Boko-Haram », en vue de la libération
des filles de Chibock, et des otages enlevés au Cameroun. Les médias internationaux, citant des sources officielles françaises et tchadiennes, avaient annoncé que Dansai Amadou s’était rendu en Arabie Saoudite où il aurait retrouvé des émissaires camerounais et nigérians. Or, à Yaoundé comme à Abuja, aucune autorité n’était au courant d’une rencontre en terre saoudienne.

Depuis lors, Dansai Amadou a disparu des écrans radars, de la même manière qu’il y était détecté. Mais au même moment, le nom de Mahamat Daoud est cité, à la fois comme successeur d’Aboubakar Shekau, nouveau chef de « Boko Haram », et négociateur préposé de ce mouvement avec les autorités nigériane. Or, selon toute vraisemblance, Shekau n’est pas mort, Mahamad Daoud n’existe pas tout comme Dansai Amadou. Bien plus, les filles de Chibock n’ont jamais été libérées malgré la mobilisation de l’opinion internationale et d’importants moyens militaires. Au même moment, sur le terrain, « Boko Haram » montait en puissance, poussant militaires et civils nigérians à la fuite.

Aboubakar Shekau

A l’heure qu’il est, Le Jour est en mesure, en exclusivité, de livrer quelques détails sur les hommes et le commandement de Boko Haram (Choura), à commencer par son chef, Aboubakar
Shekau. Même si le chef des insurgés nigérians n’avait pas publié la bande audio qui lève aujourd’hui un pan de doute sur son sort, les journalistes travaillant sur la crise sécuritaire aux frontières septentrionales du Cameroun et du Nigéria n’auraient jamais cru à la nouvelle de sa mort. Entre septembre 2014 et début février 2015, des témoins avaient signalé la présence de Shekau, 1er membre de la Choura, dans la zone de Dikwa, puis Gambarou et finalement Madagali, au Nord-Est du Nigéria. Dans la savane arbustive et sur les montagnes de roches à perte de vue, la disparition de l’Etat central nigérian, la déroute des troupes de la 7ème division de l’armée de terre basée à Maïduguri, difficile de localiser « Comrade Umate », comme l’appellent ses plus proches lieutenants. Le chef terroriste qui dispose d’au moins trois sosies, se déplace tout le temps. « Il est un peu dérangé mentalement, il boit du sang et il a une mémoire très courte », indique aux confrères nigérian un ancien membre de la secte, repenti. La dernière apparition publique de Skehau au Nigéria remonte à mi-décembre 2014. C’est ce que rapportent des villageois de Madagali, sans plus. Ils avaient l’habitude de voir passer un convoi de véhicule, « les après-midi », en direction d’une maison quelconque, au toit bleu.

Des soldats camerounais avaient confié au reporter du Jour, en janvier et février 2015, qu’ils avaient connaissance « de mouvements suspects en contrebas de Mabass ». Les convois dont parlent les témoins nigérians ont souvent essuyé des tirs camerounais, « de loin ». Les tirs en question auraient-ils fait des victimes, dont le chef de « Boko Haram » ? Des officiels camerounais répondaient par l’affirmative. Du moins, jusqu’en février 2015. Mais selon nos informations, « Aboubakar Shekau a été exfiltré de Madagali entre le 10 et le 27 février 2015 ». La source sécuritaire nigériane qui l’affirme confie que cette exfiltration de Shekau a été conduite par Omar Bukar, 5ème membre de la Choura. Destination du chef terroriste : les maquis de la forêt de Sambisa. Les autorités nigérianes, convaincues de la présence de Shekau à Sambisa, ont renforcé les premières lignes du dispositif sécuritaire, avec notamment la 1ère division basée à Kaduna où le général de division Osuji avait cédé sa place au général de division Oyebade. Au même moment, la base de la 3éme division à l’Etat du Plateau à Joss a vu l’arrivée du général de division Umaru.

Abu Usamah Al Ansari

De tous les 10 membres de la Choura de « Boko Haram » dont il est le 2ème membre, Abu Usamah Al Ansari, est le seul connu des milieux sécuritaires comme spécialiste du grand terrorisme. A partir de décembre 2014, c’est lui qui avait pris le contrôle des opérations dans la zone de Bama au Nigéria. Il y a rasé des villages entiers, mettant le feu à tout. Ce spécialiste du viol et des égorgements de sang-froid connait des hauts et des bas auprès d’Aboubakar Shekau, avec qui il a étudié le droit islamique au Soudan en 1999. Abu Usamah Al Ansari, de son vrai nom Cheik Mahmoud Issa, né en 1974 dans l’Etat de Jalingo, était à la création de Boko Haram avec Mohamed Yusuf, tué en 2009 par les forces nigérianes. Il est le chef d’une katiba puissante et meurtrière, dénommée « Ansarul- Muslima » Abu Usamah Al Ansari est un terroriste des temps modernes, formé au maniement et à la fabrication des explosifs. Plusieurs sources concordantes disent de lui qu’il a fait tuer certaines de ses victimes par son épouse, Haja Amina. Abu usamah Al Ansari a souvent combattu aux côtés de ses trois enfants, notamment lors des batailles de Dikwa et lors des tentatives de prise de Maïduguri par « Boko Haram ». Ce terroriste a l’avantage de s’exprimer couramment en trois langues : anglais, arabe et hausa. Aussi est-il proche des combattants étrangers dans les rangs des insurgés.

El Bechir Ali

L’enquête du Jour s’est particulièrement intéressée à un certain El Bechir Ali alias Abu Musa Aljaali As Sudan, 4ème membre de la Choura, connu aussi dans les rangs de Boko Haram comme « Abu Abdallah ». Lors de l’attaque de la ville de Fotokol le 3 février 2015, les habitants avaient noté la violence des tirs ennemis, ainsi que la volonté des assaillants de supprimer toute vie dans cette ville camerounaise. Profitant de la brèche ouverte sur le pont El Beid, en faveur des forces tchadiennes, des combattants lourdement armés avaient brulé et pillé, faisant de nombreux morts et blessés. Six mois après, Le Jour a appris de plusieurs sources sécuritaires et civiles que « Abu Abdallah » était le commanditaire de cette expédition punitive. El Bechir Ali est le plus soudanais de tous les insurgés. En effet, il est né le 3 avril 1977 à Omdurman au Soudan. Commandeur en chef de la katiba « Mouvement islamique armé Darul- Widaya », il avait fait allégeance en 2004 à Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). « Abu Abdallah » est soupçonné d’avoir enrôlé des enfants camerounais et nigérians depuis 2009, avant de prendre en charge les opérations de Boko Haram à Gambaru-Ngala. Dans cette zone du Nord-Est du Nigéria, Abu Musa Aljaali As Sudana commis de nombreuses atrocités. Sur le théâtre des opérations terrorismes, il se dit que c’est son fils, Ousman As Sudani qui est en première ligne. Il tue, mais prend en otage les jeunes filles dont il fait des objets sexuels. C’est en 2013 qu’Abu Musa Aljaali As Sudans’est davantage radicalisé lorsqu’il a perdu son épouse dans les combats à Gao au Mali.

Sheik Bukar Al Barnawi

Pour réfuter la thèse de la prise du contrôle de « Boko Haram » par Mahamat Daoud, même au cas où AboubakarShekau serait mort, les spécialistes se sont appuyé principalement sur le rôle prépondérant de Sheik-Bukar Al Barnawi au sein du haut commandement de ce groupe dont il est le 5ème membre. Depuis février 2015, c’est Barnawi, dont le vrai nom serait Omar Bukar, né en 1976 à Maïduguri, qui assure le commandement général de « Boko Haram » à partir des camps d’entraînement dans la forêt de Sambisa. de son vrai nom Omar Bukar est né en 1976 à Maiduguri, Etat du Borno au Nigeria. D’ethnie Kanuri, il parle le kanuri, le hausa, l’arabe et l’anglais. Il a appris le droit islamique au Soudan, en compagnie de Abubakar Shekau et As Sudani. Membre-fondateur de Boko Haram avec Mohamed Yusuf, Sheik Bukar Al Barnawi a deux femmes et une nombreuse progéniture. Il est l’un des 10 membres de la Choura de Boko Haram. En ce moment, Sheik Bukar Al Barnawi est à Bama, en compagnie de son frère Usman Bukar, un combatant violent, né en 1978 à Maiduguri. Sheik Bukar Al Barnawi et Usman Bukar participant à la formation des homes qui vont bientôt lancer un vaste assaut contre le Cameroun.

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