Le RDP Jama’a se prépare activement aux élections de 2016 et contrairement à 2011 où le parti de l’ancien Président Ibrahim Baré Manassara s’est aligné dès le premier tour derrière la candidature de Issoufou Mahamadou, cette fois la formation entend miser sur son propre poulain. Des prétendants, il y en a certes et en dépit de la tentative de certains membres du Bureau politique de remixer la mise de la dernière présidentielle, des voix s’élèvent au sein du parti pour plaider en faveur d’une candidature qui aura l’avantage d’insuffler une nouvelle dynamique à la formation politique, en perte de vitesse électorale ces dernières années.
Selon les sources recueillies par Actuniger.com, le docteur Hamid Algabit a décidé de passer le témoin au vu de son âge et de son état de santé dégradant. Il faudrait donc trouver la perle qui pourrait reprendre le flambeau à la direction du parti. Après réflexion et échanges au plus haut niveau du parti, l’oiseau rare n’a pas été difficile à trouver. Il s’agit de Djibril Baré, petit-frère de l’ancien président de la 4e République, dont il a été le conseiller spécial aux affaires économiques.
Djibril Baré a d’ailleurs déjà déposé sa candidature auprès du Bureau politique national du RDP Jama’a qui s’est penché sur la question lors de sa dernière réunion tenue le weekend dernier à Niamey.
Selon l’intéressé lui-même, cette candidature fait suite à la sollicitation dont il a fait l’objet de la part de plusieurs militants du Parti dont des élus au titre du RDP. Djibril Baré a d’abord posé comme condition, que Hamid Algabit ne se présente pas, avant d’accepter d’y faire acte.
Algabit ayant décidé de ne pas se présenter, il a donc déjà déposé sa candidature officielle pour l’investiture du RDP Jama’a aux prochaines présidentielles.
« Ma candidature n'est pas dirigée contre Issoufou ou contre quelqu'un » a tenu à préciser l’intéressé qui rappelle que le RDP a soutenu l’actuel président dès le premier tour en 2011 et avant, il était dans la coalition de l'opposition regroupée au sein de la CFDR avec le Tareyya de 2000 à 2005. « Le RDP veut se redynamiser pour espérer faire élire des députés et des conseillers » explique le frère de l’ancien président qui anticipe sur la suite des évènements en ajoutant qu’en cas de second tour de la présidentielle, « le candidat désigné du RDP se ralliera au candidat qui entre dans le cadre de ses visions ». Autrement dit, le candidat qui s’engagera entre autres à faire la lumière sur les circonstances de la disparition de l’ancien président de la 4e République.
Il importe de notre que le verdict sans possibilité d’appel de Cour de Justice de la CEDEAO interviendra dans quelque semaines c'est-à-dire probablement avant la fin novembre 2015 donc bien avant les élections prévues le 21 février 2016. La décision de la cour communautaire liera de ce fait les prochaines autorités du pays.
C’est donc désormais officiel. Djibril Baré est candidat à la succession de Hamid Algabit à la tête du RDP et mieux encore vise à se présenter au titre du parti jaune à la Présidentielle de 2016. A moins qu’il ne choisisse qu’une seule option, celle de porter les couleurs du RDP à la prochaine présidentielle.
Selon certains militants du parti contactés par notre rédaction, la candidature de Djibril Baré a de fortes chances d’aboutir. Le maire de Douméga dans le département de Doutchi et un des fiefs du RDP, nous a confirmé que « cette candidature ne souffre d'aucune contestation au sein du parti » car c’est avec le consentement du président Hamid Algabit qu'ils ont demandé à Djibril « de revenir pour apporter du tonus au parti afin d’éviter qu’il ne sombre ».
« Il n y a pas de dissidence, bien au contraire c'est dans la droite ligne du parti » acquiesce notre source.
L’argument porte au sein du RDP selon plusieurs cadres du parti qui ont été à la base de cette initiative. Selon un des membres du BPN du RDP Jama’a, c’est après une analyse approfondie que « les cadres ont estimé que si le RDP n'a pas un candidat à la prochaine présidentielle, il y a de grands risques que le parti ne parvienne pas à faire élire des députés et assez de conseillers du fait du couplage des législatives et d’un tour de la présidentielle ». « La disqualification des partis avait profité au RDP en 2011, ce qui ne risque pas d'être le cas cette fois ci », conclut notre source pour étayer ses arguments.
Il reste à présent à Djibril Baré de remporter la première manche de sa nouvelle aventure politique en parvenant d’abord à faire valider sa candidature au RDP. Selon nos sources, certains cadres du parti « tentent d’imposer une candidature à Hamid de manière à ce que le parti ne présente pas de candidat et se rallie à Issoufou Mahamadou ». Toutefois, ils sont minoritaires et plusieurs militants et élus locaux de certaines sous- sections de Doutchi menacent de se retirer du Parti au cas où le RDP ne présenterait pas son propre candidat. Le député RDP, Tanimoune Oumarou, vice-président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale est dans la même logique.
Un autre membre de la direction du parti rappelle d’ailleurs à juste titre que « la dernière fois le RDP JAMAA avait soutenu Mahamadou Issoufou dès le premier tour, il avait pris des engagements par rapport à l'ouverture d'une enquête sur la mort du président Baré, un engagement qu'il n'a pas encore respecté ».
La messe est donc dite et en attendant les préparatifs des prochaines élections, le RDP sera dans les prochains jours au cœur de l’actualité politique nationale. Fort du soutien de plusieurs cadres du parti et des militants de son fief de Doutchi, Djibril Baré maintient fermement qu’il se mesurera à toute autre candidature sauf celle de Hamid Algabit, lequel n’est pas opposé à une candidature du RDP. Les ténors du RDP qui visent la succession sont avertis et ils sont légions à l’image de Ben Omar Mohamed, même si (c’est un secret de polichinelle), au RDP, le 4e Vice-président du Parlement a déjà un pied dedans et un autre dehors.
La suite sera encore plus mouvementée pour Djibril Baré qui se prépare à son vrai baptême de feu dans le marigot politique nigérien. Le fait qu’il soit le petit frère de Baré lui sera certainement d’un certain secours pour asseoir sa légitimité au sein du RDP mais sur la scène politique, c’est toute une autre paire de manche qui l’attend. A sa décharge, l’actuel cadre au siège régional de la BCEAO à Dakar peut compter sur son passé politique. Il a été milité au sein de plusieurs organisations professionnelles et surtout de plusieurs partis politiques à leur création, aux premières heures de la démocratie nigérienne post-conférence nationale, comme la CDS ou le PNDS. De quoi lui assurer un tremplin pour insuffler le renouveau au sein du RDP qui n’a pas su survivre à la disparition du Général Président même si ce dernier garde encore une certaine sympathie dans une large frange de l’opinion nigérienne.
Bio express
Né le 9 novembre 1955 à Niamey–Ecoles primaire Zinder Diffa, Douchi, Doumega Niamey (école Neuve) - Lycée National : Brevet - Bac D
Maîtrise en Sciences Economiques option Economie Générale (Planification) 1981
DESS Banques Finances (1984) –DESS Economie du Développement (1986)
Carrière professionnelle
1981 : Chef de Division d’Administration Générale (A2) –Homologue des Experts du BIT- Direction de la Tutelle des Sociétés d’Economie Mixte – au Ministère du Commerce et de la tutelle des Sociétés d’Economie Mixte
1984 : Fondé de Pouvoirs puis Sous-Directeur- BCEAO Siège Dakar après concours et formation 18 mois au COFEB
Mars 1996-avril 1999 : Détaché auprès du Gouvernement du Niger- Poste occupé : Conseiller Spécial du Président de la République Chargé des Questions Economiques et Financières
Activité actuelle : Consultant Banques et Finances - Auditeur
Activités Politiques et syndicales
Militant au Lycée national
1976 -1981 USN Section UB (Togo)
29 juillet 1991 : Délégué à la Conférence Nationale Souveraine au titre des Représentants des Fonctionnaires Nigériens du Sénégal – Elu Président des Représentant des Organisations Internationales pour la durée de la CNS
1989- 1991 : Sympathisant MNSD
1991-1994 : Sympathisant CDS Rahama et PNDS Tarreya
1995-1996 : Membre Fondateur et premier Président de la Section PNDS Tarreya du Sénégal (élargie aux pays limitrophes : Gambie, Mauritanie Guinée, etc…)
