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Blocage du pétrole nigérien : l’incapacité notoire de Foumakoye Gado et Idi Ango
Publié le samedi 3 octobre 2015   |  Le Monde d’Aujourd’hui


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© Autre presse par DR
Société de raffinerie de Zinder (SORAZ)


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Rien ne va plus entre la Société nigérienne des produits pétroliers (SONIDEP) et la Société de raffinage de Zinder (SORAZ). La crise couvait depuis plusieurs mois mais là, elle a atteint son paroxysme. Lundi dernier, la sortie médiatique de Salifou Oumarou, Assistant du Directeur financier de SONIDEP a mis à jour le conflit qui n’était jusque-là qu’une rumeur.


« SORAZ veut que la SONIDEP disparaisse en tant qu’acteur de la filière pétrolière» a affirmé Salifou Oumarou. Ainsi, selon cette société d’Etat, la SORAZ, détenue à 60% par les Chinois tenterait d’asphyxier la seule entreprise qualifiée pour distribuer, officiellement en tout cas, les produits pétroliers.

« Entre la SONIDEP et ses clients, il y a 45 jours (ndlr, une échéance), entre la SONIDEP et la SORAZ, il y a 60 jours, entre la SORAZ et la CNPC, il y a 70 jours. Mais eux, (ndlr, les Chinois de SORAZ) ils ont décidé unilatéralement de ramener ça (ndlr, l’échéance entre SORAZ et SONIDEP) à 30 jours » a expliqué l’Assistant du directeur financier de SONIDEP. « La SONIDEP n’a aucun arriéré vis-à-vis de la SORAZ » a conclu Salifou Oumarou.


Par ailleurs, la SONIDEP reconnaît importer de l’essence, du gaz butane et du gasoil depuis quelques semaines pour éviter une « pénurie » de ces produits de grande consommation. Ce qui explique l’odeur insupportable de l’essence actuellement achetée à la pompe dont la qualité douteuse aura probablement des conséquences néfastes sur les moteurs comme s’en inquiètent les consommateurs. La société dit également ne pas croire en une quelconque panne technique de la société de raffinage du brut nigérien, tout serait dû à la dynamique chinoise de « faire disparaître SONIDEP ».

Voilà pour ce qui est de la version officielle de la Société des produits pétroliers dans la crise qui l’oppose à la Société de raffinage de Zinder.

Mais, bien sûr, Salifou Oumarou n’a pas et ne peut pas tout dire. En attendant une réaction plus ou moins officielle de SORAZ, certaines informations donnent une autre version des raisons de la crise. Et avant d’en arriver là, quelques interrogations permettent de comprendre que le directeur financier assistant de SONIDEP n’a pas tout dit. Quel intérêt les Chinois ont-ils à arrêter l’usine de raffinage ? Qui perdrait le plus entre SONIDEP qui est client et les Chinois qui détiennent 60% en cas de faillite de la SORAZ ? Ce qui est sûr, même les parts de l’Etat nigérien dans SORAZ ont été financées à crédit par les Chinois qui sont loin d’avoir récupéré leur investissement. Dès lors, nul besoin d’être sorcier pour comprendre que ceuxci n’ont aucun intérêt à bloquer la société par laquelle ils sont sensés amortir leur capital. Et s’ils le faisaient malgré tout ? Le chat ne peut plonger dans l’eau chaude sans raison. Ce qui laisse penser que les Chinois redoutent de sérieuses menaces sur leur investissement. D’où l’utilité de porter une oreille attentive à ce qui se dit dans certains milieux proches du pétrole nigérien. Il se susurre, en effet, que sur les 20 000 barils produits par jour, seuls 7 000 sont consommés localement. Les 13 000 restants devaient être exportés par la seule société habilitée à le faire, en l’occurrence, la SONIDEP. Mais problème ! Ce rôle dévolu à SONIDEP serait joué par de privilégiés privés nigériens pour le compte des barons du régime. Ainsi, une partie de ce surplus serait exportée et une autre reversée dans des stations-service créées pour les besoins de ce commerce illicite qui ne profite ni au Trésor nigérien, ni à la SONIDEP encore moins à SORAZ.


Et lorsqu’on porte une oreille attentive aux explications de Salifou Oumarou de la SONIDEP, la vraisemblance de ce scénario s’en trouve confortée. D’abord, il nous apprend que SORAZ n’a jamais dépassé 17 000 barils/jour au lieu des 20 000 que la capacité de l’usine permet d’atteindre. Ensuite, Salifou Oumarou affirme que depuis 4 mois SONIDEP n’a pas exporté. Quand on sait que la consommation locale est estimée à 7 000 barils/jour, il y a lieu de se demander où passent les 16 voire 17 000 barils produits depuis 4 mois ? Et enfin, le directeur financier Assistant de SONIDEP affirme que si SORAZ veut exporter, elle n’a qu’à augmenter dans la production pour dépasser les 20 000 barils/jour. « Il est possible pour la SORAZ d’aller au-delà des 20 000 barils/ jour. S’ils veulent exporter, ils peuvent produire jusqu’à 22 000 barils/jour pour pouvoir exporter la différence » propose Salifou Oumarou.

Quoi qu’il en soit, il y a un véritable malentendu entre SORAZ et SONIDEP et jusque-là l’opinion ne connaît pas la vérité. Ce qui est sûr, les Chinois ne sont pas là pour défendre les intérêts du Niger. Mais s’ils arrivent à empêcher à des Nigériens de s’enrichir sur le dos du peuple, tant mieux ! L’autre certitude est que le pétrole nigérien est géré dans une opacité extraordinaire par la faute des autorités en place qui ont gravement endetté le pays avec des prêts chinois. Ces derniers en profitent pour prendre le Niger en otage sans aucun respect pour les travailleurs nigériens se trouvant à SORAZ dont les salaires sont nettement inférieurs à ceux des Chinois pour le même travail. Sans compter les conditions de vie qui sont aussi caractérisées par une discrimination insultante. La légèreté avec laquelle le gouvernement, à travers le ministre du Pétrole Pierre Foumakoye Gado dont le seul mérite a été de profiter du pétrole pour s’enrichir, distribuant à tour de bras des véhicules 4X4 à son parti politique, le PNDSTarayya, gère le pétrole, est assez criarde.

Un ministre du Pétrole dont le seul véritable souci semble être la défense de ses intérêts propres, ceux de son parti et des ténors du régime dont le président de la République Issoufou Mahamadou. Aucune place pour les intérêts du peuple nigérien qui a nourri de grands espoirs légitimes en devenant producteur de l’or noir. Un peu comme pour dire au peuple qu’il peut aller se plaindre où bon lui semble. A cela s’ajoute la gestion cahoteuse de SONIDEP par le jeune nommé Idi Ango qui a déçu l’espoir de la jeunesse qui voit un des siens échouer lamentablement là où il devait réussir à son nom propre et au nom des jeunes nigériens. En lieu et place, la mauvaise gestion du personnel caractérisée par une « clanisation » a fini par mettre à l’écart les agents expérimentés et compétents capables de l’aider à relever le défi. Comme on le voit, même s’il pleuvait de l’or, du diamant et du pétrole sur le Niger, avec Guri system aux commandes, le peuple ne verra que misère, désespoir et désolation.
Ibrahim AMADOU

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