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Au Niger, l’avenir des jeunes filles toujours assombri par les mariages forcés
Publié le jeudi 15 octobre 2015   |  AFP




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Son rêve de devenir un jour infirmière est brisé. "Pour moi, l'école, c'est terminé", murmure Ousseïna, vendeuse d’œufs près de la gare routière de Maradi, dans le sud du Niger. A 15 ans, la jeune fille doit se résoudre à la pesante tradition du mariage forcé. La tête et les épaules couvertes d'un voile bleu ciel, l'adolescente au corps frêle confie: "Mon mariage? Ce sera après les récoltes, vers fin novembre". Elle devait passer en juin prochain le certificat d'études primaires censé lui ouvrir les portes du collège.

Comme des milliers d'autres, Ousseïna n'a pas échappé à la tradition, toujours prégnante au Niger, qui veut que les filles se marient très tôt."Les filles sont mariées dès 15 ans, des fois à des hommes plus âgés, sans leur consentement", déplore Mintou Moctar, une sage-femme de Safo, un village au sud de Maradi.

Légalement, l'âge requis est de 18 ans mais dans les cas "les plus scandaleux", les filles "sont promises" au mariage "alors qu'elles sont encore au sein", s'offusque un responsable onusien. Les mariages sont prononcés par des chefs religieux ou coutumiers, aux termes de la charia, la loi islamique, ignorant la procédure civile.

Des plaintes sont parfois déposées, mais "aucune condamnation n'a été prononcée", assure à l'AFP Mariama Moussa, présidente de l'ONG "SOS Femmes et enfants victimes de violences". Les statistiques sur ces unions forcées ou arrangées sont alarmantes : 30% des filles sont mariées avant l'âge de 15 ans et 75% avant 18 ans, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) à Niamey, des chiffres confirmés par une récente enquête gouvernementale.

Ces mariages freinent ou interrompent brutalement la scolarisation des filles. D'après l'ONU, seulement 4 filles sur 10 sont inscrites à l’école primaire, 2 sur 10 atteignent le collège et à peine 3 sur 100 le lycée. D'autres parents brandissent des arguments économiques. Les graves crises alimentaires qui frappent souvent le Niger ont sérieusement appauvri des millions de paysans qui marient leurs filles pour réduire les charges du foyer.

- Chassées par leurs maris -

"C'est un leurre de considérer le mariage précoce comme une panacée", gronde Mamane Sani, un médecin de Gabou, une bourgade de Maradi. L'utérus des mineures "est à peine" prêt à "contenir un bébé", d'où des risques d'avortements mortels et des cas de fistules obstétricales, observe-t-il. D'après le Fonds de l'ONU pour la population, 48% des jeunes filles mariées souffrent d'une fistule avant 19 ans. "Et après, elles sont chassées par les maris" et rejetées par leurs proches, déplore Saidou Issoufou, un notable de Garin-Kouroum, une autre localité de Maradi.

En outre, les autorités du Niger s'inquiètent de la part des mineures dans le fort taux de fécondité, un des plus élevés au monde avec 7,6 enfants par femme. Dans l'espoir de réduire ces mariages précoces, agences de l'ONU et autorités mènent des campagnes de sensibilisation de masse, principalement dans la région de Maradi, où le phénomène est particulièrement important. Des films sur les ravages liés à ces unions forcées sont projetés dans les villages. Des équipes de volontaires, formés notamment par l'Unicef, véhiculent aussi des messages dans les villages reculés.

Mais dans ce pays presque intégralement musulman, cette politique se heurte aux réticences de certaines organisations musulmanes, qui y voient "une œuvre satanique de l'Occident". En 2014, plusieurs organisations musulmanes ont juré "de barrer la route" à ceux qui "remettront en cause les mariages célébrés dans les villes et villages" et "considérés par les féministes comme +des mariages précoces+".

Boureima HAMA

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