Depuis le retrait du consortium sino-libyen, l'Etat a repris le dossier en main. Quelque 1 700 km de câbles et de fils posés avec 3 liens internationaux qui relient le Bénin, le Nigeria et le Burkina, lancement du projet de construction du cœur de chaine à Niamey, équipements high-tech arrivés à Niamey, autant d'investissements gigantesques, d'un montant de 50 milliards de f CFA, changent le visage de l'opérateur national. Son tout nouveau directeur général, Issaka Jaharou, qui a pris ses quartiers dans la bâtisse, a placé la barre très haut.
Sonitel passe à la vitesse supérieure. Après plusieurs années de flottement et de contreperformances financières, l'Etat a pris l'option audacieuse en juin 2012 de renationaliser la Sonitel, suite aux péripéties douloureuses de sa privatisation en 2001. Une opération du reste infructueuse au fil de son exploitation, même si à l'époque les autorités visaient des objectifs stratégiques en termes de mobilisation des ressources et de transfert de savoir-faire. Tout ou presque est allé à l'eau. Entretemps, les cartes changent de mains. L'arrivée au pouvoir du chef de l'Etat, Issoufou Mahamadou, remet au grand jour la délicate et récurrente question de doter le pays d'un opérateur national de grande envergure et de renflouer en urgence ses caisses. Le défi de modernisation et d'extension du réseau de l'opérateur Sonitel est aujourd'hui plus qu'un impératif.
Installation de la fibre optique
La relance de Sonitel sur le marché fort concurrentiel dominé par des groupes télécoms offshore (Orange, Airtel, Maroc Telecom (ex-Moov)) passe par le recrutement d'un bon manager performer, lequel devra s'atteler à pousser la roue. Le temps presse. L'Etat a décroché la grosse timbale en la personne d’Issaka Jaharou. Le tout nouveau patron, nommé mi-août 2015, interrogé par Les Afriques, un pur produit maison, qui a rampé, s'affaire. De grands chantiers sont dans les starting-blocks. Le gouvernement a donné son quitus à la Sonitel d'installer la fibre optique de Niamey à Zinder, sur une distance de 900 km. Un véritable blackbone de fibre optique à l'échelle nationale est en gestation. Le président nigérien a donné le coup d'envoi le 12 août 2014 à Dosso au démarrage des travaux de la fibre optique. Des coups de pioche similaires sont été donnés (Koni- Zinder avec des bretelles, Koni-Tahoua, Koni frontière Nigeria, Maradi, Danissa). La frontière algéro- malienne va être raccordée, commente Issaka Jaharou.
La Sonitel a injecté dans ses vastes chantiers la bagatelle de 49,5 milliards de f CFA depuis la mise en route du plan d'investissement. Grâce à un prêt bilatéral (Exim Bank Chine-Niger) au taux préférentiel, des fonds ont pu être mobilisés pour l'exécution des 5 composantes du projet (fibre optique longue de 2 275 km de câbles à poser avec 2 000 arrivés déjà à Niamey, développement du mobile GSM, Internet haut débit ADSL, Intranet gouvernemental et services connexes ). Les consortiums Huawei et CITCC China Com s'occupent des chantiers dont la livraison devra intervenir fin 2016. « Nous voulons faire de Sonitel un champion national des télécommunications », rassure le ministre des Télécommunications, Abdou Mani. Car, l'Etat s'y emploie et s'est donné les moyens de ses ambitions.
