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Le Sahel N° du 14/10/2015

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Analyse sur l’éducation : Où va l’école nigérienne ?
Publié le vendredi 16 octobre 2015   |  Le Sahel


Niger:
© Autre presse par DR
Niger: les élèves retournent en classe


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L'école nigérienne fait face à des défis importants. Dans cette analyse, le macroéconomiste Noufou Insa, Coordonnateur de la Cellule d'Analyse et de Prospective en Développement (CAPED), donne un aperçu global des défis auxquels fait face le système éducatif nigérien. Ces défis, estime-t-il n'épargnent aucune facette de l'édifice scolaire. Des infrastructures à l'évaluation du système en passant par l'équipement, les acquis scolaires, la qualité de l'enseignement, le niveau des élèves, les compétences didactiques, la crédibilité des diplômes et la gestion du système, le travail est titanesque si on veut redorer le blason de notre école.


Une analyse rétrospective, nous a amené à regarder au rétroviseur ceux qui ont fréquenté cette école, il y a cinq (05) décennies. S'ils en parlent, « ce système formait et éduquait, disent-ils. Tout fonctionnait avec harmonie. Sans raté ! Les entreprises et les administrations se disputaient les meilleurs et nantis de diplômes fiables". Il en va autrement aujourd'hui pour l'école de leurs enfants et petits-enfants. Le défi pour l'école nigérienne d'assumer sa fonction de lieu de formation et d'éducation de qualité reste encore de loin relever.

Quelle chance pour l'école nigérienne pour assurer une formation et une éducation de qualité afin de garantir la démocratie et la bonne gouvernance pour un développement inclusif ? Quelles chances l'école nigérienne peut-elle saisir dans un tel avenir ? En même temps quels défis, cette école doit-elle relever pour que le rêve du peuple nigérien, celui de construire et par conséquent, de bâtir un Etat fort et sans pauvreté, devienne une réalité ? Telle est la double question à laquelle nous essayons de répondre dans cet article.

Du désengagement de l'Etat au déclin de l'enseignement de base sur les deux (02) dernières décennies
La problématique de la qualité de l'enseignement de base au Niger est l'une des conséquences fatale du désengagement de l'Etat dans la gestion stratégique du système éducatif national. Cette école qui a enregistré un développement spectaculaire aussi bien sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif entre 1960 et 1990 à partir de la libéralisation ou de la privatisation à outrance, déclenchée par la décision de création d'école privés, l'école nigérienne a été progressivement et demeure fragilisée par une crise profonde dont les indices s'apparentent au déclin de la qualité, aux doutes touchant l'adéquation entre les programmes scolaires et les besoins économiques et sociaux, aux déséquilibre entre l'offre et la demande de services d'éducation, aux déséquilibres supplémentaires entre les possibilités d'emploi et le chômage des diplômés, mais aussi aux écarts continus entre les normes et la scolarisation des zones urbaines et rurales.

La situation actuelle de l'école nigérienne est le résultat de réformes et d'innovations prenant leurs sources dans les politiques et interventions publiques dans le système éducatif circonscrites par des documents d'orientations sur les long, moyen ou court termes. On peut en citer :
1. la Loi d'Orientation du Système Educatif Nigérien (LOSEN) de 1998;
2.la Lettre de Politique Educative pour la période 2013-2020 ;
3.le Programme Décennal de Développement de l'Education (PDDE 2003-2013).

Selon des analyses menées par monsieur Mahaman Mourtala ABDOU ILLOU, Expert en Economie de la Santé et du Développement à la Cellule d'Analyse et de Prospective en Développement (CAPED), dans le cas du Niger, il apparait une hétérogénéité structurelle des taux de scolarisation selon les niveaux d'étude. Au niveau de l'enseignement primaire, entre 1996 et 2012, ce taux a été multiplié par 2,4 ; passant de 29% à 71%. Sur la même période, dans l'enseignement secondaire, il est multiplié aussi par 2,4 et passe de 6,7% à 15,9%. Ainsi, si de plus en plus d'enfants sont scolarisés au primaire, seule une proportion relativement restreinte atteint le cycle supérieur. Le constat est plus marqué lorsque l'on considère l'enseignement supérieur où le taux de scolarisation est resté en dessous de 2%.


La baisse exponentielle du taux de scolarisation constatée lorsqu'on passe progressivement de l'enseignement primaire au supérieur met en évidence une forte déperdition scolaire. Cette dernière agit à son tour négativement sur la durée moyenne de scolarisation.
De la cherté des frais de scolarité à la commercialisation à outrance d'un service régalien de l'Etat !
Le système éducatif nigérien est victime d'un sous-financement chronique, et le niveau des ressources publiques allouées à l'éducation primaire et secondaire est caractérisé par une forte inégalité entre Niamey la Capitale et les autres régions. Les investissements publics au niveau de l'éducation primaire, qui permettent de scolariser de nouveaux élèves, ne sont pas suivis d'un soutien à l'éducation secondaire, ce qui aboutit à un goulot d'étranglement au niveau du système d'enseignement secondaire. Ce dernier est alors incapable de faire face à l'augmentation du nombre d'élèves.


Avec la montée en puissance d'une classe moyenne constituée de jeunes travailleurs et des jeunes entrepreneurs émergeants, l'enseignement privé est en plein essor, bénéficiant ainsi de la hausse de la part du budget des ménages allouée à l'éducation des enfants. Ainsi, au Niger, le taux d'élèves scolarisés dans les écoles privées avoisine les 40%. Les établissements privés sont par conséquent à la recherche de financements privés pour assurer un niveau de services en adéquation avec les frais de scolarité demandés aux parents.


La hausse des frais de scolarités des écoles privées et leur attractivité croissante auprès des familles a fortement accru la rentabilité des investissements dans l'éducation privée. En pratique, les institutions éducatives privées se financent auprès des établissements bancaires, ou bénéficient de l'injection de capitaux propres par des investisseurs privés.


La privatisation du système éducatif nigérien pourrait entraîner une réelle amélioration de la qualité des services éducatifs. Mais un système à deux vitesses aboutissant à la dégradation de l'enseignement public et un afflux massif vers l'éducation privée, au lieu de créer une véritable complémentarité entre les deux secteurs, l'éducation privée, n'est pas stimulée par une obligation de réussite conduisant ainsi à la fuite des inscriptions à l'école publique et la disparition progressive de la concurrence entre les établissements, ce qui se traduit par une dégradation de la qualité et l'inadéquation entre l'offre éducative des enseignements supérieurs et professionnels et les besoins du marché du travail.


Toutefois, le processus de privatisation de l'éducation au Niger devrait s'accompagner d'une régulation publique efficace, veillant entre autres au respect des programmes scolaires, à la qualification des enseignants et aux dérives liées à des écoles entièrement tournées vers le profit. Des récentes études ont démontré qu'entre 1990 et 2014, les frais de scolarité annuelle d'un élève au collège est passé en moyenne selon les écoles de quatre vingt mille (80 000) à trois cent soixante mille (360 000) FCFA, soit une croissance de plus de 350% en 24 ans. La marchandisation des diplômes et la baisse du niveau de la qualité de l'enseignement supérieur. Cette situation interpelle l'Etat à reprendre l'école en main pour une nationalisation stratégique, afin que l'école nigérienne retrouve sa noblesse et sa valeur cardinale. Cette école qui doit relever un certain nombre de défis pour que le rêve du peuple nigérien, celui de construire et par conséquent, de bâtir un Etat fort et sans pauvreté, devienne une réalité.


Que faire, lorsqu'en 2030 la population nigérienne à scolariser serait d'environ huit millions (8 000 000) d'enfants au primaire ?


Noufou Insa, macroéconomiste Coordonnateur de la Cellule d'Analyse et de Prospective en Développement

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