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Niger: L’opposition ARN exige le renvoi de Labo du gouvernement
Publié le samedi 16 mars 2013   |  Le républicain


Le
© Autre presse
Le ministre d`Etat, ministre de l`Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Religieuses, M. Abdou Labo


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Les partis politiques de l'opposition, réunis au sein de l'Alliance pour la réconciliation nationale (ARN), ont annoncé, le lundi 11 mars 2013, la suspension de leur participation aux réunions du Conseil national de dialogue politique, jusqu'à ce qu'une suite heureuse soit donnée à la principale revendication de leur allié la Convention démocratique et sociale (CDS Rahama). Cette revendication, c'est le renvoi de l'équipe gouvernementale, du ministre d'Etat chargé de l'Intérieur, de la décentralisation et de la sécurité publique, Abdou Labo.

La réunion du CNDP programmée lundi dernier, mais boycottée par l'ARN, devait débattre d'un sujet d'intérêt général, notamment la question du fichier électoral biométrique (CFEB), dont l'aboutissement tient beaucoup à cœur les Nigériens. Comme par le passé, les intérêts partisans ont fini par prendre le dessus sur les attentes de tout un peuple.

L'ARN estime -à tort ou à raison- que la majorité au pouvoir n'a pas le droit de coopter un de ses militants à un poste ministériel alors même que son parti, la CDS Rahama de Mahamane Ousmane n'a pas donné son feu vert.
L'argumentaire développé dans la déclaration lue par un membre de l'opposition considère le maintien de Labo dans le gouvernement comme une "violation de la Charte des partis politiques et du statut de l'opposition" et même de "Constitution". Du côté de la mouvance présidentielle, on dit regretter cette suspension de la participation des partis de l'ARN au dialogue politique.

La personnalité visée, le ministre Labo, a lui-même qualifié cet acte de "non événement". La Mouvemence pour la renaissance du Niger (MRN) pense que le CNDP n'est pas le cadre approprié pour poser une revendication de telle nature. "Le CNDP est un cadre de discussions entre les partis politiques pour trouver un consensus sur les différents problèmes qui se posent à la classe politique, et nous pensons que d'autres considérations purement politiciennes devraient trouver un autre cadre pour s'exprimer et non pas au niveau des réunions du CNDP", déplore la MRN. Pour elle, le président de la République dispose de la latitude de nommer n'importe quel citoyen à un poste de responsabilité, sans demander l'avis d'une quelconque formation politique.

Cet acte de l'ARN est perçu au sein de l'opinion comme un coup contre un label qui fait la fierté du Niger à cause de son originalité en tant qu'instrument de promotion des idées politiques et de recherche de consensus politique. Mais cette attitude ne surprend guère, ce n'est pas la première fois que les partis d'opposition décident de boycotter des travaux depuis l'installation des autorités de la 7e République.

En mars 2012 déjà, l'ARN a quitté l'hémicycle de l'Assemblée nationale en pleine cérémonie d'ouverture d'une session ordinaire. Quelques jours plus tard, un groupe de députés de l'opposition va déposer une motion de censure contre le gouvernement de Brigi Rafini, mais qui n'a pas prospéré. Cette fois encore, dans les milieux proches de l'opposition, le bruit d'une deuxième tentative de vote de défiance contre l'équipe gouvernementale circule, à cause notamment du problème Labo et d'autres questions.

La nomination de Abdou Labo "politisée" aujourd'hui par l'opposition, fait suite au soutien apporté par plusieurs leaders de la CDS au candidat Issoufou Mahamadou, à l'occasion du deuxième tour des présidentielles de mars 2011, rappelle-t-on. Tandis que Mahamane Ousmane, le président du parti, avait appelé à voter en faveur du candidat du MNSD Nassara, Seïni Oumarou.

Devant cette situation, l'aile Ousmane, qui considère cela comme une rébellion, a décidé d'exclure Labo et certains de ses partisans. Depuis lors, les deux camps se sont engagés dans une bataille juridique, qui est loin d'être close. Par deux fois, les deux ailes adverses ont eu à commémorer en rangs dispersés l'anniversaire du parti, et à chaque occasion, ils se livrent à des invectives mutuelles. Chacune des ailes veut montrer à la face du monde que la légitimité est de son côté. C'est ce spectacle, qui ne grandit ni le CDS, ni les deux leaders protagonistes, que l'ARN a introduit au niveau du CNPD, en bloquant les négociations politiques au sein de l'instance.

Mais même si cette attitude de l'ARN est considérée comme un "non événement" par les tenants du pouvoir, il faut craindre à l'avenir que ce jeu politique ne débouche sur une crise politique, dans un contexte sous-régional marqué par des menaces sécuritaires multiformes exacerbées par la guerre menée actuellement au Mali contre des groupes terroristes et jihadistes. Les acteurs politiques nigériens ne doivent pas perdre de vue que la situation difficile à laquelle fait face le peuple malien trouve son origine dans le déchirement de sa classe politique.

Ils ne doivent pas aussi perdre de vue la grave crise politique dans laquelle notre pays a été placée, il y a moins de trois ans. Une crise due à des manœuvres malsaines visant à satisfaire leurs intérêts individuels. Mais apparemment, les mêmes acteurs à l'origine de cet épisode douloureux veulent imposer de nouveau au pays, une nouvelle instabilité politique.

Il est grand temps de comprendre dans ce pays qu'un climat d'instabilité n'est pas de nature de nature à attirer les capitaux étrangers. Avec de tels comportements, aucun investisseur ne prendra le risque d'injecter son argent dans un pays pris en otage par une kyrielle d'hommes politiques prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Le Niger, qui sort à peine d'une crise politique, n'a plus besoin d'un tel spectacle qui a pour conséquence la remise en cause des acquis obtenus depuis son retour à l'ordre constitutionnel normal.

S. Lamine

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