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Radioscopie de l’abstention au 1er tour de l’élection présidentielle 2011 au Niger
Publié le vendredi 30 octobre 2015   |  Actu Niger




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Le taux d’abstention au premier tour de l’élection présidentielle du 31 janvier 2011 a été estimé à près de 48%. Un pourcentage assez faible par rapport à ceux qui sont habituellement enregistrés au Niger, comme il a étédémontré dans un article précédent, soutenant que l’abstention était le premier parti du Niger.

Ce chiffre de 48%, demeure tout de même considérablement élevé, comparé à ceux d’autres démocraties pour le même type d’élections, y compris celles qui, comme la France, n’ont pas opté pour le vote obligatoire. Leurs taux de participation allant jusqu’à plus de 80% dans certains cas. Aussi, cette radioscopie, établie à partir des résultats bruts publiés par la CENI, est destinée à tous ceux qui sont préoccupés par le faible investissement des populations nigériennes dans le processus électoral et qui œuvrent pour une participation optimale de celles-ci aux scrutins à venir. Ainsi, en examinant les taux de participation enregistrés dans les 266 communes de 2011, elle met en relief les disparités du phénomène abstentionniste sur l’ensemble du territoire nigérien, afin de permettre à l’ensemble des acteurs (particuliers, partis politiques, société civile, pouvoirs publics, partenaires internationaux, etc.) d’entreprendre ou de soutenir les efforts pour des mobilisations spécifiques et efficaces. Quelles étaient donc les communes que l’on peut qualifier de relativement participationnistes ? Quelles étaient celles qui ont été le plus affectées par l’abstention ? Et quelles étaient lesorientations électorales dominantes des unes et des autres ?

I –Les communes relativement participationnistes

Il s’agit ici des communes qui ont enregistré des taux de participation relativement élevés, allant de 50 à plus de 90%. Elles étaient au nombre de 166 sur 266 et représentaient près de 58% du nombre total des inscrits sur les listes électorales de 2011. Se distinguant les unes des autres de par leurs localisations géographiques, tailles et orientions politiques, ces communes peuvent néanmoins, pour le besoin de leur présentation, être regroupées dans des intervalles de taux de participation de 50-59%, 60-69%, 70-79% et 80% et plus.

A- Les communes aux taux de participation allant de 50 à 59%

Elles représentaient 35 % du nombre des inscrits sur les listes électorales et étaient 101 au total, dont 80 rurales et 21 urbaines. On retrouve :

- 3 à Agadez : Agadez, Dirkou et Fachi.

-7 à Diffa : Bosso, Chétimari, Diffa, Goudoumaria, Mainé, N’Guelbeyli et N’Guigmi.

- 8 à Zinder : Dan Barto, Daouché, Gamou, Koleram, Kourni, Tasker, Tsaouni et Zinder V.

- 14 à Tahoua : Allela, Azarori, Bangui, Birnin Konni, Ibohamane, Madaoua, Malbaza, Ourno, Sabonguida, Tabalak, Tahoua I, Tama, Tassara et Tsernaoua.

- 20 à Tillabéry : Abala, Ayerou, Dargol, Diagourou, Dingazi, Fillingué, Gothèye, Inates, Kollo, Kouré, Kourfeye, Liboré, Mehana, Ouallam, Sakoira, Say, Tera, Tillabéry, Tondi Kiwindi et Youri.

-22 à Dosso : Douméga, Fabidji, Fakara, Falwel, Farrey, Garankedey, Golley, Guiladje, Kara Kara, Kiéché, Koré Mairoua, Koygolo, Loga, Matankari, Sambera, Sokorbé, Tanda, Tanouga, Tibiri, Tombokoirey I, Tombokoirey II et Yelou.

- 27 à Maradi : Adjié Koria, Aguié, Allassane Mai Reyrey, Azagor, Bader Goula, Baoudétta, Bermo, Birnin Lallé, Chadakori, Dakoro, Dan Goulbi, Djirataoua, Guidan Roumji, Guidan Sori, Issawane, Kanen Bakaché, Karohane, Kornaka, Madarounfa, Mayahi, Roumbou, Sabon Machi, Safo, Sayé Saboua, Serkin Yemma, Tchaké et Tibiri Gobir.

Du point de vue de leurs orientations électorales, le PNDS est arrivé en tête de la compétition donc du premier tour dans 34 de ces 101 communes. Le MNSD s’est imposé dans 32, le Lumana dans 22, l’ANDP dans 7, le RSD dans 3, le CDS dans 2 et l’ARD dans 1.

B- Les communes aux taux de participation allant de 60 à 69%

Elles étaient au nombre de 44 et représentaient près de 15% du nombre total de l’électorat nigérien, au premier tour de la présidentielle de 2011. 40 se situent dans les zones rurales et 4 dans les zones urbaines. Du point de la vue de la répartition régionale, on dénombre :

- 1 à Diffa : Gueskérou

- 2 à Zinder : Mirriah et Tenhia.

- 6 à Agadez : Bilma, Dannet, Iférouane, Ingall, Tabelot et Timia.

- 8 à Dosso : Dan Kasari, Dioundiou, Dogongiria, Falmaye, Guéchémé, Soucoucoutane, Tessa et Zabori.

- 12 à Tillabéry : Bankilaré, Bibiyergou, Bitinkoji, Dessa, Hamdalaye, Karma, Kourteye, Namaro,N’dounga, Ouro Gueladjo, Sanam et Tondi Kandia.

- 15 à Tahoua : Affala, Allakaye, Babban Katami, Badaguichiri, Barmou, Bazaga, Bouza, Galma , Garanga, Kalfou, Kao, Karofane, Keita, Takanamatt et Tamaské.

En ce qui concerne l’issue de la compétition du premier tour, le PNDS a occupé la première place dans 25 de ces communes, le Lumana dans 10, le MNSD dans 6, l’ANDP dans 2 et le CDS dans 1.

C- Les communes aux taux de participation se situaient entre 70 et 79%

Au nombre de 13, dont 11 rurales et 2 urbaines, elles regroupaient près de 5% du nombre des inscrits au premier tour de l’élection présidentielle de 2011. On retrouve :

- 1 à Dosso : Kargui Bangou.

-2 à Tillabéry : Goroual et Kokorou

- 3 à Agadez : Aderbissanet, Dagaba et Tchirozérine

- 7 à Tahoua : Abalak, Bagaroua, Bambey, Deoulé, Tabotaki, Tajaé et Tébaram.

Sur les 13 communes se trouvant dans cette catégorie, le PNDS a remporté 9, le Lumana 2, le MNSD 1 et l’ANDP 1.

D- Les communes aux taux de participation situés entre 80 et plus de 90%

Elles étaient au nombre de 8, dont 6 rurales et 2 urbaines, et regroupaient près de 3% du nombre d’inscrits en 2011. On retrouve :

-1 à Tillabery : Sinder (80%)

-1 à Agadez : Gougaram (84%)

- 6 dans la région de Tahoua : Illela (80%), Azaye (85%), Tillia (85%), Tchintabaraden (87%), Tamaya (90%) et Akoubounou (99%).

Les communes de Tamaya et Akoubounou, situées dans le département d’Abalak, ont été remportées, selon les chiffres bruts de la CENI, par le Lumana, tout comme celle de Sinder. Celles de Illela, Gougaram, Tillia et Tchintabaraden ont quant à elles été conquises par le PNDS et le MNSD aurait contrôlé Azaye. Les taux de participation observés dans ces communes, tout comme dans celles qui ont été présentées précédemment, tranchent avec ceux des communes que l’on peut qualifier de moins participationnistes et d’abstentionnistes.

II - Les communes les plus abstentionnistes

Il s’agit des communes dans lesquelles, plus de la moitié du nombre des inscrits a été porté au crédit de l’abstention. Elles étaient au nombre de 100 et englobaient 42% des inscrits au premier tour de la présidentielle de 2011. Leurs taux de participation se situaient dans les 20 et 40% ; soit des taux d’abstention allant précisément de 51 à 79%.

A- Les communes ayant eu des taux d’abstention allant de 51 à 60%

Elles étaient 77, dont 59 rurales et 18 urbaines, et constituaient près de 30% des inscrits. On retrouve :

- 1 à Diffa : Foulatari

- 2 à la Communauté Urbaine de Niamey : Niamey I et Niamey V.

-2 à Agadez : Arlit et Djado

- 2 à Tahoua : Dogueraoua et Tahoua II.

- 10 à Tillabéry : Anzourou, Banibangou, Dantchandou, Imanan, Kirtachi, Makalondi, Simiri, Tagazar, Tamou et Torodi.

- 12 à Dosso : Bana, Bengou, Birnin Gaouré, Dosso, Doutchi, Gaya, Gorouban Kassam, Harikanassou, Kakandi, Kiota, Mokko et N’gonga.

- 17 à Maradi : Attantane, Dan Issa, Gabi, Gangara, Gazaoua, Guidan Amoumoune, Hawan Dawaki, Koona, Korgom, Maijirgui, Maiyara, Maradi I, Ourafane, Sarkin Haoussa, Soli Tagriss, Tchadoua et Tessaoua.

- 31 à Zinder : Alakos, Albarkaram, Dakoussa, Dantchiao, Dogo, Doungou, Falanko, Gaffati, Garagoumsa, Gouchi, Gouna, Gouré, Guidiguir, Ichirnawa, Kantché, Kelle, Magaria, Mallaoua, Matamayé, Mazamni, Sassoumbroum, Tanout, Tarka, Wacha, Yaouri, Yekoua, Zermou, Zinder I, Zinder II, Zinder III et Zinder IV.

Concernant l’issue de la compétition du premier tour au sein de ces 77 communes, 30 ont été remportées par le MNSD, 18 par le PNDS, 13 par le Lumana, 9 par le CDS, 5 par l’ANDP, 1 par le RSD et 1 par l’ARD.

B- Les communes aux taux d’abstention allant de 61 à 70%

Elles englobaient près de 11% d’inscrits et étaient au nombre de 22, dont 17 rurales et 5 urbaines. On retrouve :

- 2 dans la région de Diffa : Kabalewa et N’Gourti

- 3 à Maradi :Gadabéji, Maradi I et Maradi III.

- 3 dans la Communauté Urbaine de Niamey : Niamey II, Niamey III et Niamey IV.

- 14 à Zinder : Bande, Bouné, Damagaram Takaya, Dogo Dogo, Droum, Dungass, Gangara, Guidimouni, Hamdara, Kwaya, Moa, Ollelewa, Tirmini et Wame.

Les résultats bruts du premier tour donnèrent le MNSD vainqueur dans 9 de ces 22 communes, le PNDS dans 8, le Lumana dans 4 et le CDS dans 1. La commune de Tamour, située dans la région de Diffa, serait la commune le plus abstentionniste du 1er tour de 2011, 21% seulement de ses 14569 inscrits s’étant déplacé aux urnes, soit un taux d’abstention de 79%.

Au terme de cette radiographie, on peut se poser la question de savoir pourquoi certaines communes sont plus affectées par l’abstention que d’autres. Une question qui incite à aller au-delà de la description et des facteurs globalement associés à l’abstention énoncés dans une publication précédente

[1] Ibid., pour interroger ses dynamiques dans leurs manifestations plurielles. Les communes étant également porteuses departicularités, leurs parcours historiques, positions géographiques, cultures dominantes, taux de participation antérieurs (y compris pour d’autres types d’élections), structures démographiques, caractéristiques socio-économiques, sont autant d’éléments qui peuvent être mis à contribution pour mieux comprendre les disparités du phénomène abstentionniste décrites et maximiser les possibilités d’y remédier efficacement. Et ceci afin que les consultations prévues en 2016, revêtent pleinement la dimension inclusive tant souhaitée par les différents acteurs de la vie politique nigérienne. La notion d’élections inclusives, ne se limitant pas uniquement à la question, certes fort importante, de l’égalité de tous les principaux acteurs de la scène politique devant la possibilité de prendre part à la compétition électorale, conformément aux règles du jeu préalablement établies de façon collégiale et acceptées par tous. Elle renvoie aussi aux tentatives d’intégration maximale des populations vivant dans des zones géographiques difficilement accessibles, des personnes vulnérables, des handicapés, des personnes âgées, des jeunes, des femmes, etc. Bref, tous les groupes qui évoluent en marge du processus électoral et dont la participation contribuerait fortement à revitaliser le processus démocratique nigérien.

Dr Elisabeth SHERIF

cherif_elisabeth@yahoo.fr

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