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«Nous devons donc tous ensemble raisonner comme Montesquieu: chaque fois qu’on a à choisir entre sa patrie et l’humanité, on doit choisir l’humanité», déclare SE. Issoufou Mahamadou
Publié le vendredi 13 novembre 2015   |  Onep


Discours
© Autre presse par DR
Discours du président de la république du Niger Issoufou Mahamadou à la Conférence sur le Développement de l’Afrique à l’Université de Harvard le 03 avril 2015


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« Monsieur le Premier Ministre la République de Malte, Mesdames et Messieurs les Chefs d'Etat et de Gouvernement
Monsieur le Président du Conseil de l'Union Européenne,
Mesdames et Messieurs,
L'heure est grave; la migration, qui suscite tant de débats et provoque tant de tragédies humaines engage notre responsabilité commune, que nous soyons pays d'origine, de transit ou de destination.
Le Niger, pays de transit par excellence, est témoin de ces drames qui se jouent sur son territoire: exploités par d'ignobles trafiquants véreux et sans scrupules, des centaines de migrants meurent pendant la traversée de notre vaste désert. Ceux qui arrivent à survivre doivent affronter la traversée d'un autre désert, le désert libyen, puis celle de la Méditerranée où nombre d'entre eux s'y noieront par centaines.
Chaque année, c'est plus de 100 000 migrants subsahariens qui transitent par mon pays, le Niger, en direction de l'Europe, soit l'essentiel du flux migratoire africain sur cette destination. Mon pays est aussi un pays d'origine des migrants, en particulier vers les pays du Maghreb, notamment la Libye.
C'est ainsi que la ville historique d'Agadez, «Perle du désert», «porte du Sahara», est devenue aujourd'hui l'épicentre du phénomène migratoire en Afrique avec tous ses avatars. Le Niger se sent donc doublement concerné et interpellé par la question objet de notre sommet.

Les drames humains engendrés par la migration illégale affectent tous les pays. Aussi est-il essentiel que la gestion des migrations puisse se traduire dans le cadre du dialogue politique permanent et d'un partenariat global entre l'Afrique et l'Europe par des engagements partagés et solidaires.
Pour que l'Afrique et l'Europe puissent s'attaquer efficacement à ce défi commun, il faut prendre en compte ses causes profondes. Celles-ci sont la pauvreté, les inégalités, le déficit de démocratie et l'insécurité. Ces causes sont souvent amplifiées par le changement climatique et la pression démographique.
Monsieur le Président,

Certes, l'Europe ne peut accueillir toute la misère du monde mais elle peut apporter une contribution capitale à sa résorption en aidant à la mise en œuvre de programmes de développement économique et social dans les pays d'origine et les pays de transit.
C'est le lieu de saluer la création du fonds fiduciaire d'urgence d'un montant de 1,8 milliard d'euros. Certes ce montant ne suffira pas pour faire face à des besoins que nous savons énormes. C'est assurément un véritable plan Marshall qu'il nous faut.

En contribuant au développement des pays d'origine et de transit des migrants, l'avantage est double: donner l'espoir aux migrants potentiels en les fixant dans leurs pays d'origine et contribuer à la croissance de l'économie européenne grâce à un marché plus large.


Par ailleurs, je préconise la promotion de l'organisation de la migration légale, le renforcement des capacités opérationnelles des Forces de Défense et de Sécurité dans la prévention et la lutte contre la migration clandestine, la création de forces spéciales destinées à cette mission, la protection et la prise en charge des migrants, la création de centres d'accueil dans le respect de nos engagements internationaux, notamment le Traité de la CEDEAO sur la circulation des personnes et des biens, la Stratégie Africaine pour le Sahel et la Convention de Genève sur le Statut des Réfugiés.


A titre de contribution pour lutter contre cette migration irrégulière, le Niger a renforcé son arsenal juridique par l'adoption d'une loi qui réprime la traite et le trafic des êtres humains. J'ai aussi engagé mon gouvernement à élaborer et mettre en œuvre un programme de développement durable pour la prévention et la lutte contre la migration irrégulière. Je me réjouis de constater que ce programme cadre avec les axes du plan d'action soumis à notre approbation. Je reste convaincu que la mise en œuvre de ce programme contribuera efficacement à la lutte globale contre la migration irrégulière.


Mais il importe de ne pas se méprendre, la migration irrégulière aura de beaux jours encore tant que nous ne parviendrons pas à intensifier les efforts visant à promouvoir la mobilité et la migration légales, à engager une réforme de la gouvernance économique mondiale axée sur un équilibre des termes de l'échange, un libre accès aux marchés des pays développés et un accroissement de l'investissement privé direct.
Nous devons donc, tous ensemble raisonner comme Montesquieu: "chaque fois qu'on a à choisir entre sa patrie et l'humanité, on doit choisir l'humanité".

Je vous remercie !

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