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Massoudou Hassoumi serait-il le véritable patron du CFEB et de la CENI ?
Publié le vendredi 13 novembre 2015   |  Le Courrier


M.
© Autre presse par DR
M. Massoudou Hassoumi, ministre de l`Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses


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« Alpha Condé et Issoufou Mahamadou, deux hommes, une même démarche ». Il n’y a pas meilleur avertissement pour dire aux Nigériens comment Mahamadou Issoufou compte se faire réélire. Après le forfait électoral du premier, il n’y a plus de mystère sur la prophétie maléfique de ce slogan.


Tout est organisé de la même façon, avec les mêmes méthodes et les mêmes complicités, au niveau national, sous le regard amusé et parfois complice de certains experts internationaux. La présence d’une délégation de l’Organisation internationale de la Francophonie à Niamey remue à nouveau ce vieux débat sur leurs façons de faire. Tout en donnant l’impression de se préoccuper de la bonne tenue des élections, ils pê- chent en donnant pratiquement carte blanche au pouvoir en place pour se «débrouiller». Oui, se «débrouiller» en usant de tous les artifices possibles, y compris en violant la loi électorale et en manipulant le fichier électoral, pour s’octroyer une majorité absolue dès le premier tour. C’est malheureux pour l’Afrique mais c’est la nouvelle façon de traiter les affaires africaines à l’international. Pourquoi diable, se dit-on, faut-il se dé- carcasser pour des gens qui semblent s’accommoder de l’à-peuprès ? À l’OIF particulièrement, on semble avoir perdu les repères qui en font une organisation internationale respectable et de plus en plus, les Africains n’ont plus confiance à l’expertise de cette instance francophone qui devrait être le premier garant de la démocratie sur le continent. En Guinée, le holdup électoral d’Alpha Condé a été l’occasion de découvrir ce jeu pervers de l’OIF dont la partialité des représentants a été clairement établie et dénoncée par l’opposition guinéenne. Dans un rapport frappé du sceau « SECRET », des membres du Comité technique de suivi et de consolidation du fichier électoral guinéen mis en place sur la base de l’accord politique du 20 août 2015, ont mis à nu « la partialité de certains experts de la communauté internationale, en spécifiant clairement le cas de l’OIF. C’est une mise en garde à l’opposition nigérienne qui recevra sous peu la délégation de l’OIF. Sa présence n’est que de pure forme. Elle n’aura aucune incidence sur l’amélioration du processus électoral sinon qu’à consolider les énormités relevées dans le fichier électoral et qui doivent permettre à Mahamadou Issoufou de se faire réélire sans problème. Au soir de la diffusion des résultats, ce seront eux, les premiers, à dire que « les incidents relevés çà et là ne sont pas de nature à remettre en cause les résultats globaux de ces élections qui se sont tenues en toute transparence ». Et ça y est ! On prend son avion et on s’en va, peut-être avec un double per diem (celui de l’OIF et celui du pouvoir en place) sans aucun souci sur les conséquences éventuelles de leur manquement honteux. Bref, à quoi sert une organisation telle que l’OIF si ses représentants peuvent se donner la liberté de prendre parti dans un jeu électoral ? Ou bien, agissent-ils avec la caution de l’OIF, dans quel cas sa vision de la démocratie en Afrique est tout simplement regrettable?
C’est Bazoum Mohamed, président du Pnds Tareyya et non Boubé Ibrahim de la CENI, encore moins Oumarou Malam du CFEB, qui informe curieusement les Nigériens sur la date de remise officielle du fichier électoral à la CENI


Une comparaison de routine des processus électoraux de Guinée et du Niger sous Mahamadou Issoufou montre aisément que le second est en train d’emboîter le pas au premier et que le coup d’État électoral perpétré en Guinée est en train de se reproduire au Niger. Mohamed Bazoum, que l’on compte parmi les milliardaires « fabrikan dan kanchi » en cinq ans de gestion des affaires de l’État, a déclaré sur la télévision Labary que le fichier électoral est si performant qu’il est totalement absurde d’en réclamer l’audit externe. Tout au plus, dit-il, peut-on espérer l’audit du logiciel. Mohamed Bazoum, qui semble connaître trop de choses dans ce fichier électoral, est formel : « le recensement a été bien mené et le fichier est la traduction conforme de ce travail remarquable du CFEB ». Toutes choses qui mettent en lumière la connivence entre le CFEB et les responsables du Pnds Tareyya, les véritables géniteurs du fichier électoral. Très inspiré mais visiblement inconscient de la gravité des propos tenus, Bazoum informe que ce sera le 30 novembre prochain que le CFEB remettra officiellement le fichier électoral à la CENI qui s’attellera alors à éditer les cartes électorales. Une annonce qui sonne comme un aveu de complicité entre la CENI, le CFEB et le parti-État Pnds Tareyya. L’annonce est en effet incongrue dans la bouche de Mohamed Bazoum, président du parti-Etat Pnds Tareyya alors que ni la CENI, ni le CFEB, n’ont encore informé sur une date probable de remise du fichier électoral. Ce qui tend à prouver que les décisions sur le processus électoral se prennent ailleurs qu’à la CENI et/ou au CFEB. C’est un véritable pavé dans la mare, jeté comme par hasard au moment où de grands commis de l’OIF se trouvent dans nos murs. Trop de choses concourent à soutenir l’idée du coup d’État électoral, cautionné et même encouragé par l’attitude perverse de certains experts qui ternissent complètement l’image des organisations internationales qui les mandatent. Le lundi passé, alors que les agents du CFEB disent refuser de continuer le travail tant qu’ils n’auront pas perçu les trois mois d’arriérés que leur doit le CFEB, c’est curieusement le président de la CENI, Boubé Ibrahim, qui vient, en pompier, éteindre le feu. Or, la CENI et le CFEB n’ont pas de compte commun. Non seulement chacune de ces deux structures a une autonomie de gestion, mais la paiement des agents de saisie est bien du ressort du budget du CFEB et non de la CENI. Avec quel argent la CENI a-t-elle payé les émoluments des agents du CFEB ?


Bref, on constate un amalgame des rôles et des missions si flagrant que l’on n’a pas besoin d’être un sorcier pour comprendre le drame qui se joue. Un drame car, si Mohamed Bazoum peut trouver un intérêt certain à violer la loi pour perpétrer un coup d’État électoral, quel intérêt peut trouver le président de la CENI à se rendre complice d’un acte aussi grave ? La violation répétée et continue de la loi électorale, aussi bien par le CFEB que par les partis membres de la majorité au pouvoir, est pourtant faite tandis que la CENI joue aux abonnés absents. Son président, Boubé Ibrahim, sur qui pèsent déjà de lourds soupçons, a été, de source bien informée, saisi par des lettres de protestation et de contestation de ses façons de faire. L’une de ses lettres émanerait des membres de la CENI. Quant aux deux autres, elles lui ont été adressées, l’une par Soumana Sanda, le président régional du Moden Fa Lumana Africa qui a fait constater, par voie d’huissier, des manquements graves au fichier électoral ; l’autre par le chef de file de l’opposition politique, Seïni Oumarou qui l’a interpellé par rapport à la circulation, ces derniers temps, de spécimens de bulletins de vote aux couleurs de certains partis membres de la majorité au pouvoir et frappés du sceau de la CENI. Seïni Oumarou l’a ainsi interpellé pour qu’il prenne « les dispositions requises afin de mettre fin immédiatement à de pareilles pratiques partisanes, malveillantes, insidieuses et frauduleuses qui portent gravement atteinte à l’équité, à la transparence des futurs scrutins et à la crédibilité de la CENI déjà entachée de pratiques corruptives ».


Massoudou Hassoumi serait-il le véritable patron du CFEB et de la CENI ?

À ces doutes de plus en plus lourds sur une probable complicité des premiers responsables de la CENI avec le pouvoir en place, vient s’ajouter un acte de la plus grande gravité. Là, c’est le comble et la CENI ne peut prétendre qu’elle n’en sait rien. Des projets de modification à la loi électorale, Massoudou Hassoumi a eu le privilège de faire un tri pour transmettre au CNDP, puis à l’Assemblée nationale, ceux qui les intéresse et qui ne les bouscule pas dans leur plan diabolique. Toutes les modifications qui sont de nature à contrecarrer leur plan de fraudes massives aux prochaines élections ont été soigneusement mises à l’écart. C’est ainsi que la modification relative à la tutelle des élections au Niger, insidieusement mise dans les cordes du ministère de l’Intérieur, probablement à dessein, a été recalée. Il en est de même pour l’adoption du bulletin unique par rapport auquel la CENI a même fait une campagne de sensibilisation mais qui ne fait pas manifestement le jeu de Mahamadou Issoufou. Par ces actes d’une extrême gravité, Massoufou Hassoumi donne la preuve éclatante qu’il reste et demeure le véritable patron du CFEB et de la CENI. Les décisions se prennent autour de lui et s’exé- cutent par procuration au niveau du CFEB et de la CENI.


Il était d’ailleurs le premier à annoncer qu’il n’y aura aucun audit du fichier. Face à une telle volonté manifeste d’organiser des élections truquées pour gagner les prochaines élections, quels choix s’offrent à l’opposition politique qui a, sans discontinuer, martelé sa dé- termination à ne pas se laisser faire ? Va-t-elle finalement mettre à exécution sa menace de boycott actif si jamais les élections ne sont pas organisées de façon inclusive, transparente, libre et honnête ? En tout cas, elle est désormais au pied du mur, sans autre marge de manœuvre. Peut-elle, en effet, continuer à se contenter de ruer dans les brancards avec des déclarations à n’en pas finir ? Le soupçon (motivé ?) qui pèse sur le président de la CENI de prendre ce fichier calamiteux et de le cautionner avant l’audit externe exigé par l’opposition politique, s’il se confirmait le 30 novembre prochain comme annoncé par Bazoum, risque de déclencher une crise politique aux contours insoupçonnés. Pourquoi Boubé Ibrahim a régulièrement gardé le silence alors que les lois sont dé- libérément violées ? Pourtant, c’est un magistrat. S’il accepte de marcher dans la combine en cours, il faut bien se demander pourquoi exige-t-on d’être magistrat pour présider la CENI ? Le fichier électoral, c’est certain, est décrié de partout pour ses graves lacunes. Cette semaine, c’est l’ANDDH [Ndlr : association de droits de l’homme très en vue au Niger] qui a déclaré qu’au regard « des carences notoires constatées dans le fichier électoral et qui peuvent être sources d’insuffisances majeures dans l’organisation des élections », elle « demande à ce comité [Ndlr : CFEB] de saisir la portée de la mission qui lui a été confiée par les Nigériens et corriger toutes les malformations du fichier électoral pour donner à chaque Nigérien remplissant les conditions, l’occasion d’exercer son droit fondamental de citoyen ».


La plus grande crainte, dans un contexte politique particulièrement chargé, est de pousser à bout les partis de l’opposition. Pour l’heure, malgré la gravité de la situation et le temps qui joue contre eux, ils n’ont pas encore fini de chanter « Nous sommes des légalistes » alors que le pouvoir en place, qui a plus de responsabilité dans ce registre, viole allégrement la loi pour parvenir à ses fins. Attention toutefois car la coupe risque d’être pleine le 14 novembre prochain avec la tenue, illégale puisqu’interdite par la Justice, d’un congrès d’investiture par Abdou Labo et consorts. C’est un jour décidément chargé puisque le président légitime de l’Assemblée nationale, Hama Amadou, a également retenu cette date pour son retour au pays. La CENI, dont on a attendu, en vain, une sortie médiatique pour prendre une position claire sur ces violations de la loi électorale et sanctionner les auteurs, garde encore le silence. Un silence qui en dit peut-être long sur les travers constatés dans la conduite du processus électoral.

Laboukoye

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