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Liberté de la presse au Niger: Espérances dopées, espoirs déçus
Publié le mardi 1 decembre 2015   |  ActuNiger




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Au risque de me répéter, un an plus tôt, je m’interrogeais sur cette même tribune, sur le "gain" réalisé par la Déclaration de la Table de la Montagne (DTM) pour la presse nigérienne. En 2011, membre de l’équipe de plaidoyer pour la signature de ce texte par le Président Issoufou Mahamadou, j’avais beaucoup d’espoir quant aux engagements de celui-ci à doter le Niger d’une gouvernance propice à l’exercice libre du métier de journaliste. J’ai encore en mémoire les quelques phrases d’engagement qu’il nous rechutait lors d’une entrevue. Surtout qu’avant son arrivée, le processus de dépénalisation du délit de presse engagé sous Mamadou Tandja, et parachevée avec Salou Djibo, avait permis à notre pays de s’inscrire sur la "restreinte" liste des pays africains ayant supprimé les peines privatives de liberté en cas de commission de délit de presse.


C’est donc fort de cette conviction et de cet engagement initialement pris par les candidats Issoufou Mahamadou et Seini Oumarou, que nous avions demandé, une fois élu au premier de réitérer sa promesse en paraphant la DTM. Ce qu’il accepta et exécuta, le 30 novembre 2011, seulement 6 mois après sa prestation de serment. En signant symboliquement la "DTM", Mahamadou Issoufou était devenu, en ce jour du 30 novembre 2011, le Premier Chef de l’Etat africain (le texte n’est qu’africain) ayant accompli un tel acte. Ce qui, du coup, l’avait placé bonnement sur les orbites, et par ricochet le Niger, qui veut ainsi renouer avec une image d’un pays respectueux de la libre expression des opinions et de la presse.

Cet acte, récupéré par la suite, par les "vizirs" de la Villa verte, pour lui procurer une "cure propagandiste" s’est converti en une Journée nationale dite de la liberté de la presse. Le procédé de récupération ayant agacé plusieurs protagonistes n’a fait que créer une atmosphère de doutes, de réserves et même de désillusion dans la presse nigérienne. Peut-on faire de la liberté de la presse avec des "bourreaux’" de celle-ci? Bref, nous sommes loin du 30 novembre 2011, puisque 4 ans après, le Niger renvoie l’image d’un bagne pour la liberté de la presse avec à la clé, les cas de bastonnades, arrestations, menaces des journalistes, des saccages de maison de médias et les effluves liberticides d’apparatchiks en soif de musèlement et de brimades à l’encontre de voix discordantes et libres.

A preuve, en l’espace de 10 jours, six journalistes ont été arrêtés/interpellés en violation flagrante de la loi, et pire, comme l’énonçait récemment le Syndicat de magistrats, sans aucun mandat délivré par le juge. Deux semaines durant, les Nigériens n’ont ou peu accès aux réseaux sociaux, une violation avérée des libertés publiques, pourtant consacrées par la loi fondamentale du pays. On célèbre ce 30 novembre 2015, une Journée nationale de la liberté de la presse, sans la présence de celle-ci, une trentaine d’organes de presse, dont des journaux, des télévisions, des radios ayant appelé au boycott de cette journée, en prestation aux répétitives violations impunies de la liberté de la presse au Niger. De cette commémoration donc, ne subsistera que le côté folklorique et propagandiste.

Certes, il n’y a pas que les gouvernants (qui) sont prédateurs de cette liberté, on peut aussi regretter le peu de responsabilité affiché par certains journalistes dans l’exercice de leur métier. Parce que j’estime que le journalisme, en plus d’être un métier, comporte des exigences, lesquelles recommandent l’objectivité, l’impartialité et la neutralité, des critères qu’un engagement politique (ou politicien) ne saurait respecter. Alors, à partir de ce moment, il y a un choix à opérer: celui de ne pas "mélanger les choses" et de marquer sa désunion professionnelle en rejoignant son ....parti! Il est du droit du journaliste d’être militant, en tant que citoyen, mais à partir de cet instant il doit mettre en "veilleuse" ou même entre parenthèses sa carrière journalistique. Au risque de heurter l’éthique et la déontologie du métier.

Je vais donc me répéter.....

Sans Equivoques.....

Contrairement à une opinion largement répandue, la DTM n’est pas la loi sur la presse au Niger; elle n’est pas non plus le Code d’éthique et de déontologie des journalistes, encore moins la Charte des journalistes professionnels. Elle est juste une Déclaration, et à ce titre elle n’énonce que quelques droits jugés fondamentaux, et à portée continentale, pour une libre expression en Afrique. C’est un texte majeur, qui se veut comme un appel à tous les Africains, et notamment les tenants du pouvoir, à accompagner les progrès économiques et politiques par le respect de la liberté de la presse, laquelle doit être affranchie de tout contrôle gouvernemental, politique et économique.

Son slogan est d’ailleurs " Abolir les lois sur la diffamation et l’injure publiques en Afrique et replacer la liberté de la presse au cœur des discussions". Cette Déclaration, qui doit son nom au massif qui surplombe la ville du Cap, en Afrique du Sud, est donc un texte primordial à la fois pour les acteurs étatiques que pour les professionnels des médias eux-mêmes.

Espérances dopées, Espoirs déçus....

Au Niger, sa signature inédite par le Chef de l’Etat a dopé les espérances pour voir "renaître" une presse davantage libre, indépendante, professionnelle et débarrassée de tout contrôle de quelques influences que ce soit. Quatre ans après, faisons attention à ne pas tomber dans les célébrations ponctuées de propagandes et d’autosatisfaction. Quatre ans après, nous devons regarder notre ’’état de la liberté de la presse"; le gouvernement et les journalistes, chacun en ce qui le concerne, doit faire un "examen de conscience" pour voir comment il s’est comporté depuis la signature par le Président Issoufou de ce texte, galvaudé de part et d’autres.

Qu’est- ce que les journalistes ont fait pour mériter un tel texte, précédé par la dépénalisation de trois délits courants de presse? Quel est le comportement de la presse nigérienne aujourd’hui vis-à vis des défis de la démocratie, du droit du public à une information saine? Qu’a-fait le gouvernement pour promouvoir la liberté de la presse?

Je dirais que peu de chemin a été parcouru, et que l’heure n’est pas aux grands discours flatteurs.

Surtout quand on a vu que ce sont des médias qui sont utilisés de manière interposée pour nourrir le lit des invectives courantes entre pouvoir et opposition, quand ce sont des journalistes qui se transforment en justicier, en maître-chanteurs, ou en louangeurs, quand ce sont des journalistes qui acceptent de prendre des pot-de vins- pour "tirer" sur x ou y, quand c’est un ministre proche du même Président Issoufou qui s’expose, sans retenue, pour requérir une limitation de la liberté de la presse.

Donc, célébrez votre Journée de la Liberté de la presse, mais de grâce pas de suffisance. Et demandez aussi au Président Issoufou: Lorsqu’il a signé cette DTM, il s’était engagé à en être l’avocat auprès de ses pairs africains...... les Nigériens veulent aussi savoir ce qu’il a fait dans ce sens.....

D.SAIDOU

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