Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Économie

Cocktail des eurobonds Africains
Publié le samedi 2 janvier 2016   |  financialafrik.com




 Vos outils




Les économies africaines dans leur ensemble ont montré une grande résilience aux chocs ffinanciers lors de la récente crise ffinancière mondiale en enregistrant une croissance économique soutenue avec des taux supérieurs à 5 pour cent sur la dernière décennie.

En effet, selon le rapport du Département américain pour l’Agriculture, l’Afrique subsaharienne a importé pour 48,5 milliards de dollars de produits alimentaires en 2014.

Toutefois, les défs restent immenses pour traduire ce potentiel en réalité pour des millions d’Africains. Le chômage des jeunes, la mauvaise gouvernance, le manque d’infrastructure et l’importation massive de produits alimentaires demeurent des obstacles malgré les récentes avancées.

En effet, selon le rapport du Département américain pour l’Agriculture, l’Afrique subsaharienne a importé pour 48,5 milliards de dollars de produits alimentaires en 2014.

Le rapport Africa Infrastructure Country Diagonstics (AICD, 2010) quant à lui indique que les besoins annuels de financement des infrastructures en Afrique sont évalués à 93 milliards de dollars, parmi lesquels 45 milliards sont investis chaque année, dont plus de la moitié par le secteur public.

Partant de l’année 1997, le montant total des fonds levés par les pays africains via les eurobonds est d’environ 50 milliards de dollars E.U. L’Afrique du Sud représente à elle seule 27% des transactions, suivie du Maroc avec 12%.

Certes, ces chiffres donnent le vertige mais le défi de la mobilisation des ressources ffinancières doit être relevé afin d’assurer le décollage économique du continent. Pour ce faire, plusieurs pays africains ont eu recours aux émissions d’euro-obligations (eurobonds), surtout depuis 2007 en vue de financer, pour la plupart, leurs besoins en infrastructures.

Partant de l’année 1997, le montant total des fonds levés par les pays africains via les eurobonds est d’environ 50 milliards de dollars E.U. L’Afrique du Sud représente à elle seule 27% des transactions, suivie du Maroc avec 12%. Hors Afrique du Sud, le Ghana fut le premier pays d’Afrique subsaharienne à émettre un eurobond dès 2007 et à recourir à ce mode de financement à quatre reprises jusqu’en 2015.

De nombreux autres pays subsahariens ont suivi tels que le Gabon, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, l’Angola, le Nigeria, la Namibie, la Zambie, la Tanzanie, le Kenya, le Rwanda, l’Ethiopie et le Cameroun. Avec la reprise économique aux Etats-Unis, la fin de la politique accommodante de la Fed (Quantitative Easing, QE) et l’anticipation de la remontée des taux américains, on assiste à un renchérissement des conditions de mobilisation des ressources sur les marchés internationaux.

Ainsi, ce mode de nancement suscite de plus en plus un vif débat en Afrique. D’aucuns estiment que le recours aux eurobonds est inapproprié pour le financement des infrastructures. En octobre dernier, le Banquier d’Affaires Tidiane Thiam, déclarait à Londres: «I did a lot of infrastructure development in my life. To fund them with foreign currency is madness. OK? Madness».

D’autres estiment par contre que ce mécanisme est un bon moyen de lever des sommes importantes sans les conditionnalités des partenaires au développement. Plusieurs des arguments sur cette question sont analysés dans l’article « Financer l’Afrique : eurobond ou eurobomb »(voir www. Financialafrik. com).

Un objectif central est donc d’éviter de transformer les eurobonds en «eurobombs». En d’autres termes, il est important de préserver la viabilité macroéconomique des Etats africains acquise au prix fort des réformes structurelles, parfois brutales, de ces 3 dernières décennies et qui ont entraîné des coupes considérables dans les dépenses sociales et les investissements.

En octobre dernier, le Banquier d’Affaires Tidiane Thiam, déclarait à Londres: «I did a lot of infrastructure development in my life. To fund them with foreign currency is madness. OK? Madness».


Pour cela, les préconditions suivantes doivent être considérées pour réussir une opération d’eurobond:

•Une gestion efficiente de la dette publique afin de déterminer la manière la plus optimale pour financer les besoins des gouvernements. Elle doit répondre aux questions suivantes : quels sont les besoins financiers du gouvernement? Quelles sont les sources envisagées, domestiques ou externes ? Quels sont les instruments financiers à privilégier ? Quelles sont les devises d’emprunts appropriées ? Dans le cadre précis d’un eurobond, quelle devrait être la taille cible de l’émission par rapport au PIB, quel est l’utilisation programmée des ressources et comment devrait être la structure de remboursement.

• Une maturation des projets inscrits au financement. Les projets doivent avoir dépassé la phase de préparation et capables d’absorber les flux financiers des eurobonds immédiatement. Il est regrettable que nombre de pays ayant émis des eurobonds se retrouvent à payer des coûts de portage élevés dans l’attente de la maturation des projets à financer. Vu que la plupart de ces émissions ont une maturité moyenne de dix ans, il est préférable de sélectionner des projets qui ont une rentabilité économique directe tels que ceux du secteur de l’énergie, de l’agro- industrie, des transports, etc.

• Améliorer le risque pays avec l’obtention d’une notation nancière «Investment Grade» est de mise. Cette dernière est une note des agences de rating comprise entre AAA et BBB, tandis que les notes comprises entre BB et D sont dans la catégorie dite «Speculative Grade». Pour cette dernière catégorie, les politiques de crédit des investisseurs sont plus restrictives et par conséquent la prime de risque exigée est plus élevée. C’est particulièrement le cas pour les investisseurs institutionnels comme les assurances et les fonds de pension qui n’ont pas souvent le droit d’acheter des actifs risqués.

Hors, c’est ce type d’investisseurs qui a la structure requise pour acheter des titres à long terme, avec des rendements modérés et dans les secteurs tels que les infrastructures. Par contre, les fonds spéculatifs, les banques et autres institutions similaires sont davantage friands de rendements élevés sur le court et moyen terme. Ce sont ces derniers qui investissent de plus en plus dans les eurobonds Africains. La problématique de la notation financière est particulièrement importante. En effet, les notes des agences de rating permettent aux émetteurs de diversifier l’éventail des sources de financement et par la même occasion, d’en optimiser les choix suivant leurs priorités et leurs opportunités.

Obtenir une notation «Investment Grade» requiert de mettre en place une gestion saine des finances publiques, une gestion rigoureuse de la dette publique et un risque politique faible. Ainsi, dans le cocktail des eurobonds Africains, seuls l’Afrique du Sud, le Maroc et la Namibie sont «Investment Grade». Pour exemples, les primes de risque (spread) de ces pays par rapport au taux américain varient de 200 à 350 points de base.

Par contre le reste des pays africains cités est dans la catégorie dite «Speculative Grade» avec des primes de risque 2 à 3 fois plus élevé. Ce qui justifie les inquiétudes grandissantes pour le remboursement à venir des eurobonds émis. Sur le moyen et long terme, il est indispensable de mettre en place un cadre légal cohérent et efficace qui résiste aux changements des gouvernements afin de rassurer les investisseurs sur une période plus longue. Il revient donc à chaque gouvernement de réduire le risque idiosyncratique.

Les changements dans la conjoncture internationale et leurs effets sur la vulnérabilité externe des économies africaines invitent à l’approfondissement des marchés ffinanciers africains. En effet, la nécessité de bâtir les systèmes financiers locaux doit être au centre de toute volonté de transformation économique. On ne peut pas construire des économies prospères sur le long terme sans des systèmes financiers performants.

De l’âge d’or des Pays-Bas au 17ème siècle aux pays émergents d’aujourd’hui, l’histoire montre que la mise en place d’un système financier moderne précède l’accélération de la croissance économique, suivie d’un meilleur développement économique. Il est donc irréaliste de reposer l’essentiel de la réussite des stratégies nationales de développement ou «plan émergence» sur la captation des financements extérieurs.

L’auteur
Cédric Mbeng Mezui, de nationalité Gabonaise, a plus de 10 ans d’expérience dans le secteur financier africain, acquises à Citibank et à la BAD. Il est Coordinateur de l’Initiative des Marchés Financiers Africains (IMFA) de la BAD depuis Décembre 2013. La mission de l’IMFA est de développer les marchés obligataires nationaux et de développer la finance de long terme dans les marchés africains. Avant l’IMFA, il a travaillé pour le département de l’intégration régionale sur les questions de mobilisation des ressources financières pour les Mégaprojets régionaux. Il est auteur de plusieurs articles dans les Revues Financières et des ouvrages suivants : Structured Finance- conditions for infrastructure project bonds in African Markets (BAD) ; La Finance Africaine en Mutation (ouvrage collectif, Revue d’Eco- nomie Financière); et (un Essai) Transformer le Gabon – Scénario de la Panthère ou de l’Ecureuil. Il est titulaire d’un Master en Banque et Ingénierie Financière de l’ESC Toulouse et d’un Master en Monnaie, Finance et Economie Internationale de l’Université Claude Bernard de Lyon/ENS Lyon.

 Commentaires