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La décision de la cour constitutionnelle : un camouflet pour le Guri system et ses « services compétents »
Publié le lundi 11 janvier 2016   |  Actuniger


La
© Autre presse par DR
La Cour constitutionnelle du Niger


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La décision de la Cour constitutionnelle du 9 janvier 2016 validant 15 des 16 candidatures à l’élection présidentielle prévue le 21 février 2016 constitue un véritable camouflet pour le pouvoir en place, sa tentative désespérée d’éliminer certains de ses adversaires politiques-candidats a encore échoué.


Remarquez d’ailleurs le blackout des cercles guristes autour du sujet après avoir tenté en vain d’intoxiquer l’opinion avant cette décision. Rappelez-vous qu’une des conditions pour être éligible c’est « la bonne moralité du candidat attestée par les services compétents ». Ces services élaborent des fiches de renseignement sur chacun des candidats à partir des informations émanant « des archives générales de la police et de la gendarmerie, des archives spéciales des renseignements généraux, et des enquêtes de voisinage ». Résultat de cette enquête de moralité : sur les seize (16) candidats, ces fameux services compétents ont émis des avis favorables pour douze (12) candidats et quatre (4) autres avis défavorables de moralité concernant Kassoum Moctar, Hama Amadou, Abdou Labo et Tahirou Guimba.

En effet, profitant d’une disposition bizarre de la constitution nigérienne le Ministre de l’intérieur, Secrétaire général-adjoint du PNDS Tarraya et ancien directeur de campagne du candidat Issoufou en 2011, a cru devoir instruire « ses » services compétents pour rechercher des poux sur les têtes des différents candidats de l’opposition. Bien sûr un seul candidat était dans le viseur : Hama Amadou. Mais pour l’atteindre, sans donner l’impression d’une élimination personnelle et ciblée, il fallait élargir le périmètre en incluant trois autres candidats : Kassoum Moctar, Abdou Labo et Tahirou Guimba.

Vous renvoyant à l’arrêt pour la totalité, voici quelques morceaux choisis des fiches de renseignement produites par nos services compétents : Kassoum Moctar « le candidat est ambitieux, respectueux mais hypocrite » ; Hama Amadou« très rancunier et égoïste ; s’est fait toujours entourer par des gens de moralité douteuse » ; Abdou Labo « a des relations très difficiles avec un langage ordurier reconnu de tout son entourage » ; Tahirou GUIMBA «mal apprécié par ses anciens collègues de la SNTN ». Nous espérons que Guimba demandera aux anciens collègues miniers et même du gouvernement de notre fameux Ministre de l’intérieur-moralisateur ce qu’ils pensent de lui quand ils étaient ensemble ! Bien sûr pour Hama et Labo « les bébés » étaient mentionnés avec insistance.

Puisque le pouvoir était convaincu qu’il allait être suivi par la Cour constitutionnelle, le Ministre de l’intérieur n’a pris aucune précaution pour éviter à ses services cette déculottée qui révèle moins l’état des candidats que l’état de délabrement « moral » de certains pans de notre appareil de sécurité intérieure mise au service de la politique politicienne au lieu des intérêts supérieurs de l’Etat. Dans tout pays sérieux du monde cette décision de la Cour constitutionnelle aurait dû conduire à la démission immédiate du Ministre de l’intérieur ainsi qu’à celle des chefs de ses fameux services compétents qui se sont ainsi mis à découvert car la méthode employée montre à suffisance une volonté presque « irrationnelle » d’exclure des adversaires dans une compétition censée être libre, équitable et ouverte.

Des honnêtes citoyens, ayant exercé de hautes fonctions dans ce pays, sont traités comme de vulgaires voyous de rue dans des fiches que la décence aurait empêchée à toute personne respectable de transmettre à une juridiction aussi sérieuse qu’une Cour constitutionnelle.

J’essaie d’imaginer les regards des pauvres juges de la Cour avec à leur tête une Hadjia entrain de lire certaines phrases desdites fiches qui frisent l’indécence dans une société où 5 fois par jour, les Femmes et les Hommes arrêtent toute activité pour se rappeler à Allah, le Clément et le Miséricordieux !

Sans hésitation la Cour constitutionnelle a jugé utile d’exercer un contrôle sur les motifs ayant soutenu les avis défavorables émis par les services compétents sur la moralité de certains candidats. Pour tous ces 4 candidats, la Cour a rappelé que le Bulletin n°3 du casier judiciaire est vierge et que seule une condamnation devenue définitive est à prendre en compte.

La Cour a tenu a rappelé que « dans l’exercice de leurs prérogatives, les services compétents doivent établir non seulement l’exactitude matérielle des faits dont ils ont eu connaissance, ce qui exclut toute conclusion vague, non soutenue par des éléments probants, mais aussi adopter, dans leur relation des faits, un raisonnement cohérent et stable pouvant permettre d’établir l’incompatibilité du comportement du candidat avec la fonction présidentielle »;

C’est un désaveu cinglant et une magistrale leçon qu’administre la Cour à « nos apprentis espions politiques » du Guri. Du reste compte tenu du climat ambiant délétère dont parle même nos honorables chefs traditionnels, qui peut imaginer les services de police faire une fiche de renseignement sur un Président sortant et assurer ainsi un traitement équitable entre tous les candidats. Je suis d’ailleurs curieux de savoir ce qui a été dit sur le Président sortant par nos limiers de service. J’imagine qu’ils se sont contentés d’imaginer les bonnes réponses de l’entourage sans oser demander à qui droit. Ce qui aurait permis d’élucider par exemple cette question : comment se fait-il par exemple que les camarades du Président sortant ont osé débarquer et jeter en pâture en pleine journée et devant les caméras de télévision son « Ministre-Directeur de cabinet adjoint Ibrahim Yacouba » alors même que celui-ci exerçait encore ses hautes fonctions auprès du Chef de l’Etat. Mais ça c’est affaire de Président-fondateur, qui va oser ? Service n’est pas compétent kay ! Wané mutum !!!

Cette décision de la Cour est un véritable sursaut salutaire qui soulage la Nation. Bravo à la Cour. Rappelez-vous pendant des mois, cette Cour a été entraînée dans des débats inutiles entre les groupes parlementaires et au sein des factions des partis de l’opposition en particulier le MNSD, une histoire que le PNDS n’a jamais été capable d’assumer et qui a fini par la création d’un nouveau parti politique que bien de députés s’empresseront de quitter quand le vent va tourner.

C’est l’occasion de revoir cette disposition pour le moins bizarre qui n’est encadrée par aucun texte et contre laquelle les candidats ne disposent d’aucun moyen pour se défendre.

C’est du reste très grave que le fait d’être candidat au-delà du casier judiciaire universel délivré par un juge puisse donner la latitude à des services policiers et de renseignement qui ne sont encadrés par aucun texte ni aucun juge même pas un procureur de s’adonner à une fouille de la vie privée des honnêtes citoyens dont le seul tort est de s’engager dans la vie politique.

La décision de la Cour aura eu au moins le mérite d’éclairer les citoyens sur les véritables intentions du Guri system qui, désespéré à l’idée d’un impossible un coup K.O s’accroche désespérément à tout ce qu’il pense être capable de le maintenir dans sa position. L’élimination de Hama Amadou par la Cour allait leur faciliter la tâche. Hama sera de la partie ! Labo, Kassoum et Guimba y seront aussi. Et tout le monde est témoin maintenant ce qu’ils ont voulu faire. Là, on peut dire que c’est vrai coup raté !

Même les partisans du pouvoir au sein de la Cour ont dû être désarçonnés par le peu de sérieux dont a fait montre ce pouvoir dans le traitement des affaires de l’Etat en particulier ces élections. Après l’audit de la CENI et cette leçon de sagesse de la Cour constitutionnelle, que reste-t-il à faire ?

Face à l’ouragan de désaveu y compris venant de plus en plus des rangs de ses militants qui ont cessé de croire, le mieux est de se laisser emporter « paisiblement » par les flots de l’alternance au lieu de chercher à nager à contre-courant ce qui n’aura pour résultat que d’épuiser le peu d’énergie qui reste.


Abdou Gado Maliki
abdougadomaliki8@gmail.com

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