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Mahamadou Issoufou à Mayahi : « Il y a 57 ans, j’ai failli être renvoyé de l’école ! »
Publié le jeudi 21 janvier 2016   |  ActuNiger


Le
© Autre presse par DR
Le Président de la République, SE. Issoufou Mahamadou, procède au lancement des travaux de bitumage de la route Madaoua-Bouza-Keita-Tamaské : un tournant décisif vers le désenclavement de la zone


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Le Président Issoufou Mahamadou, c’est un rappel, a lancé officiellement 15 janvier 2015, les travaux d’aménagement et de bitumage de la route Tchadaoua – Mayahi, longue de 58.4 km, dont 4.4 km de voirie dans la ville de Mayahi, le tout pour un montant avoisinant les 28 milliards de francs CFA.

Dans le discours qu’il a prononcé face aux habitants de Mayahi venus nombreux l’acclamer, le président Issoufou a évoqué un souvenir poignant de son enfance. « Il ya 57 ans, disait-il en substance, j’ai failli être renvoyé de l’école. C’est grâce à Dieu et à mon maitre, un natif de Mayahi, que j’ai pu continuer et devenir ce que je suis aujourd’hui … ». C’était tout simplement pathétique ! Evidemment, Mahamadou Issoufou n’était pas parti à Mayahi que pour cette confidence. Mais l’élève « modèle et reconnaissant » qu’il a sans doute été, ne pouvait passer sous silence ce moment qui a marqué sa vie de manière indélébile.

Même si à Mayahi personne n’a souvenance de cet épisode de la vie du président, il n’en demeure pas moins que, « le maitre » évoqué dans son discours, est quand à lui un personnage très connu, car ayant tout aussi marqué la vie de la quasi-totalité des intellectuels de son Département. Il ne pouvait s’agir que de « Papa ». C’est le nom à travers lequel plusieurs générations d’élèves et étudiants de Mayahi le nomment affectueusement. Boukari Sabo, de son vrai nom, aujourd’hui patriarche de 92 ans, est sans conteste le premier intellectuel de Mayahi, mais surtout le premier ressortissant de cette localité à être Député ( 1959 – 1965) et à occuper, non pas un poste, mais des postes ministériels, c’était de 1965 à 1974. Dans cette intervalle, il a été successivement Ministre de l’Information de la Jeunesse et des sports, Ministre de la Fonction Publique et du Travail et enfin, Ministre des Affaires Etrangères jusqu’au coup d’Etat du 15 avril 1974.

Mais auparavant, Boukari Sabo a d’abord été un enseignant. Pas n’importe quel enseignant. Il était contemporain de Diori Hamani et Boubou Hama ; la génération d’enseignants qui ont construit le Niger de leurs propres mains. Pendant la période coloniale, il a enseigné un peu partout au Niger, dont notamment à Doutchi en 47, à Diffa en 48 et à Illéla à partir de 1956. A Diffa par exemple, il a ouvert la première école de la capitale du Manga. Celle-ci porte aujourd’hui fièrement son nom.

Dans la Région de Tahoua, Boukari Sabo a notamment dirigé l’école primaire d’Illéla. C’est là qu’il a rencontré le « petit Issoufou ». Les circonstances de leur « rencontre » ne sont pas encore connues. Issoufou Mahamadou lui-même n’a pas donné beaucoup de détail là-dessus dans son discours de Mayahi. Tout ce que l’on sait, c’est que le Directeur Boukari Sabo a utilisé ses pouvoirs de chef d’établissement pour maintenir le « petit Issoufou » dans le système en dépit d’une logique qui l’excluait. Qu’a-t-il fait exactement pour que le Président lui-même en garde un souvenir aussi vivace ? Issoufou était-il trop grand ou trop petit pour intégrer l’école ? Lui manquait-il un acte de naissance ? Boukari Sabo lui avait-il servi de « tuteur » ?

Selon des indiscrétions glanées autour de l’entourage du Président, les choses se sont passées à peu près de cette manière : En ce jour d’octobre 1958, c’était le grand jour, jour de la rentrée pour les enfants d’Illéla, dont Issoufou Mahamadou, fraichement venu de Dan Dadji. A l’époque, par manque de pièce d’état civil, les enseignants sélectionnaient les élèves en fonction de la taille ou même du faciès de l’enfant. Pour une raison inconnue, « le sélectionneur », recala le petit Issoufou. Et pourtant, celui-ci s’était préparé pour intégrer cette « école de blanc » qui faisait tant chier les parents de l’époque. Pris par tant de déception, il avait probablement pleuré à chaudes larmes, ce qui avait attiré l’attention du Directeur de l’école qui n’était autre que Boukari Sabo. Touché par tant d’engagement de la part d’un gamin, celui-ci ordonna sur le champ de le reprendre.

La suite de l’histoire est connue de tous les nigériens. 52 ans après, « le petit Issoufou » est devenu Président de la République du Niger. En arrivant à Mayahi, il n’a pu s’empêcher de rendre une visite de courtoisie et de reconnaissance à son ancien maitre, dans sa grande résidence qu’on appelle là-bas « Guidan Papa ». Les habitants de Mayahi, particulièrement la grande famille des Sabo, ont été touchés par cette marque de reconnaissance du Président Issoufou.

Mais pour beaucoup d’observateurs, le lancement des travaux du bitumage de la route Tchadaoua – Mayahi, tout comme l’hommage et la visite du Président à son ancien maitre, à la veille d’élections présidentielles, ne sont que des opérations de cosmétiques, destinées à appâter l’électorat de Mayahi, dont on dit traditionnellement acquis au MNSD Nassara.

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