Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Sahel N° du 26/1/2016

Voir la Titrologie


  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

Invité/M. Elhadji Idi Ibrahim, Préfet du département de Gazaoua (région de Maradi) : ’’Nous avons un important potentiel en matière de cultures de contre saison, et nous souhaitons l’aménagement de la vallée de Gangara’’
Publié le mardi 26 janvier 2016   |  Le Sahel


M.
© Autre presse par DR
M. Elhadji Idi Ibrahim, Préfet du département de Gazaoua (région de Maradi)


 Vos outils




Le département de Gazaoua est l'un des derniers nés qui résultent de la transformation des postes administratifs en département en août 2011. Situé à 100km au sud-est du chef-lieu de la région (Maradi), le département de Gazaoua est limité au nord par les départements de Tessaoua et d'Aguié, au sud par la République Fédérale du Nigeria (avec 70 km de frontière), à l'est par le département de Tessaoua, et à l'ouest par celui d'Aguié. Avec une superficie de 903 km2, le département de Gazaoua a une population de 160.490 habitants, composée essentiellement de Haoussas et des Peulhs. C'est une des plus fortes densités du pays avec 103 habitants au km2. Il compte deux communes, celle de Gazaoua avec 65 villages administratifs et celle de Gangara avec 32 villages et tribus, un seul canton (Gangara-Gazaoua) et deux représentations des groupements peulhs de Hawandawaki et Baoudéta. Les populations de Gazaoua sont constituées essentiellement d'agriculteurs, surtout avec les vallées (Golom, Maifarou, El Fadama). Elles pratiquent aussi l'élevage et le petit commerce.
Monsieur le préfet, depuis bientôt cinq ans, le Chef de l'Etat a initié un programme dit de la Renaissance.


Quelles sont les principales réalisations dans le cadre de ce programme au profit des populations de votre entité administrative ?

Il est difficile, en si peu de temps ou de mots, de dire ce que le Chef de l'Etat a fait, à travers le Programme de la renaissance, en faveur de nos populations. Néanmoins, je prendrais juste les secteurs essentiels, et je commencerai par celui de l'Education parce que c'est le plus important pour toute Nation. Dans ce domaine, nous avons bénéficié de 18 classes construites et équipées pour l'Enseignement Secondaire et 96 classes construites et équipées pour le niveau Primaire, de 2011 à 2014. Dans le domaine de la Santé, notre département a bénéficié de la construction de neuf (9) Centres de Santé Intégrés (CSI) et 16 Cases de Santé. Un autre domaine ayant bénéficié des interventions du Programme de Renaissance et des partenaires de notre pays, c'est celui de la résilience des populations. A titre illustratif, rien qu'en cash transfert, 603.200.000 FCFA ont été investis à travers les travaux à haute intensité de main-d'œuvre (HIMO), auxquels il faut ajouter la distribution de 98,4 tonnes de farine, huile et vivres à travers l'opération blanket feeding. Pour le Cash for work, nous avons bénéficié, en 2014, de 186.918.900 F. En 2015, nous avons obtenu, pour les mêmes activités HIMO, 205.995.000 FCFA auxquels il faut ajouter 163,46 tonnes de farine et d'huile de la part du PAM et de l'Etat. Mais l'une des interventions les plus appréciées par les populations, c'est la mise à leur disposition de semences. Ainsi, de 2012 à 2015, le département a bénéficié 392,474 tonnes de semences pluviales, 57,574 tonnes de semences potagères et 998,4 tonnes de semences irriguées. A cela, il faut ajouter 2100 fagots de boutures de manioc, des dizaines d'appareils de traitement et 3473 litres de produits phytosanitaires.


En plus de l'agriculture, d'autres secteurs sont concernés par les interventions du Programme de la Renaissance. Dites-nous ce qu'il en est ?

Effectivement, d'autres actions ont été menées par l'Etat et ses partenaires dans le domaine de la résilience des communautés. C'est dans ce cadre que s'inscrit les opérations ''kit bétail'' et ''kit volaille''. Ainsi, entre 2012 et 2013, l'ancien projet PASADEM a mis à la disposition de la commune de Gazaoua 60 bœufs de trait auxquels il faut ajouter 532 chèvres distribuées dans la commune de Gangara. Puis, en 2013-2014, il a été distribué 1900 chèvres à raison de 5 caprins par ménage dans le cadre de l'Initiative 3N. En 2014, quelque 214 chèvres ont été distribuées par Save The Children, auxquelles il faut ajouter 904 chèvres (dont 604 pour Gazaoua et 300 pour Gangara) offertes. En 2015, l'Etat a distribué 480 chèvres auxquels il faut ajouter 850 autres caprins mis à la disposition des populations par les partenaires de notre pays. Dans le domaine de l'élevage, nous avons bénéficié, de 2013 à 2015, de 190 tonnes d'aliments bétail, toutes catégories confondues, dans le cadre de la vente à prix modéré. En outre, le service départemental a été entièrement clôturé pour 10 millions de FCFA d'investissement. A cela, il faut ajouter la construction de trois (3) puits pastoraux par le PASADEM. En ce qui concerne l'hydraulique, 10 puits villageois ont été construits par le PMERSA et deux forages réalisés.


Monsieur le préfet, comment s'est déroulée la campagne agricole 2015 au niveau de votre département ?


Dieu merci, il y a eu beaucoup plus de peur que de mal. Il est évident que nous avons eu peur dans un premier temps puisque nous avons semé un peu tard. Nous avons semé en août, et de tout temps on est inquiet au Niger quand les semis vont jusqu'en août. Heureusement, comme disent les Haoussa, ''Tayi shiga kussu, tayi huta Guiwa''. Dieu merci, en dehors de quelques villages de la commune de Gangara, nous ne connaissons pas beaucoup de villages déficitaires. La campagne nous a beaucoup surpris. La production est de loin beaucoup plus importante que celle de l'année passée qui n'a pourtant pas connu de perturbations. C'est exceptionnel et ça va dans l'ensemble.


Qu'est-ce qui explique ces résultats dont vous en êtes satisfaits ?


Il y a d'abord la bonne répartition des pluies dans le temps et dans l'espace, bien que la saison ait débuté avec du retard. Mais en dehors de cela, il y a aussi et surtout les semences. L'Etat a mis à la disposition de nos agriculteurs de bonnes semences et adaptées à la situation. Les populations l'ont compris. Je me rappelle que le pessimisme avait gagné les esprits au début de la saison. De grandes personnalités locales disaient que ce n'était pas la peine de semer en août. Heureusement que l'Etat a distribué aux populations des semences améliorées. Certains les ont semées, peut être juste par curiosité, et le résultat a été surprenant, à la satisfaction de tous. Les populations ont compris et disent qu'il ne faut plus négliger les semences distribuées par l'Etat. Il faut dire que ce sont ces semences améliorées qui nous ont sauvés. Ce qui est formidable cette année, c'est que toutes les spéculations ont donné de bons rendements : qu'il s'agisse du mil, du sorgho, du niébé ou de l'arachide, etc. Notre seule inquiétude, c'est la descente des éleveurs, notamment vers Gangara.

Vous évoquez tantôt la descente des éleveurs. Est-ce qu'il y a des mesures prises pour prévenir tout débordement ?

Ça c'est une routine. Il a été de tout temps ainsi. De quoi s'agit-il ? En fait, la descente des animaux vient du sud. Nos voisins engrangent les récoltes avant nous. Alors, pendant leurs récoltent, ils renvoient leurs animaux vers nous au moment où, nous, nous n'avons pas encore commencé les récoltes. Mais, nous surveillons la situation surtout avec l'instauration de la patrouille mixte départementale qui fait trente jours sur trente sur le terrain. Et avec l'évolution des télécommunications, nous sommes informés en temps réel par les maires et les populations dès qu'il y a des incursions. On oriente la patrouille vers les zones ''infestées'' pour repousser les animaux vers la frontière jusqu'à la libération des champs. Heureusement, les éleveurs eux-mêmes comprennent, et de l'autre côté, nous demandons aux agriculteurs d'accélérer les récoltes.


Le gouvernement a initié une opération intitulée ''Bouture de manioc'' pour diversifier la production et l'alimentation. Comment les populations ont-elles accueilli une telle initiative ?

Je dirai que c'est inédit à l'échelle nationale, mais dans le département de Gazaoua, la production du manioc n'est pas étrangère ici; c'est une vieille tradition. Depuis la nuit des temps, les habitants des hameaux peulhs du département ont toujours cultivé du manioc. Si vous allez dans la vallée de Golom, c'est encore plus important. Ce qui fait que le marché local ici abonde de manioc ; d'autres régions viennent même s'approvisionner ici. Et cette année, avec la peur liée au retard du démarrage de la saison des pluies, les gens se sont davantage investis dans la plantation du manioc. Un peu partout, même ceux qui n'ont pas l'habitude de le faire, se sont lancés dans la plantation du manioc et ça a très bien donné. Je dirai que c'est même impeccable ici à Gazaoua, ainsi que dans les départements d'Aguié et de Madarounfa aussi, d'après les échos qui proviennent de mes collègues. J'aimerai profiter ici pour souligner l'important potentiel de notre département en matière de culture de contre-saison. Nous avons les vallées de Golom, de Maifarou, et celle de ''El Fadama'' qui vient du Nigeria, passe par Gangara pour finir ici à Gazaoua. C'est au total plus de 2000 ha exploitables sur lesquels seuls 800 ha sont mis en œuvre. Nous souhaitons vivement l'aménagement de la vallée de Gangara (El Fadama) pour accroître nos productions et les revenus des populations.


Le département de Gazaoua est un jeune département. Est-ce qu'il y a des préoccupations auxquelles vous êtes confronté dans le fonctionnement et l'administration ?

Notre plus grande préoccupation c'est la sécurité. Vous savez, nous sommes frontalier avec le grand voisin du sud, le Nigeria. Ce qui nous dérange ici, c'est surtout les vols perpétrés par des bandits qui arrivent à traverser la frontière. Des vols de bétail à domicile mais aussi d'argent. Nos opérateurs économiques ont la mauvaise habitude d'aller au marché faire des affaires et revenir avec beaucoup d'argent liquide chez eux. Les voleurs les suivent souvent jusque dans leurs villages, en complicité avec les voyous locaux. Ils opèrent à moto avec la porosité de la frontière. Heureusement, la patrouille mixte est, comme je l'ai dit, en permanence sur le terrain pour rassurer les populations. C'est pourquoi, nous souhaitons que la zone frontalière entre les deux départements (Aguié, Gazaoua) et le Nigeria soit étoffée. Deux commissariats de Police viennent d'être créés à Aguié et Tchadoua. Au niveau du département de Gazaoua, nous avons deux postes frontaliers à Guidan Kané et à Birnin Kouka, mais il nous faut un 3ème à Golom et un 4ème à Gonga Broulé. Nous sommes confrontés à un problème de sous-effectif, parce que nous n'avons que la Garde Nationale. On n'a ni la Gendarmerie ni la Police ici.


Qu'en est-il de la présence des services techniques qui sont souvent absents dans les nouveaux départements ?

Sur ce point Dieu merci, on a une dizaine de services effectivement présents. Cependant, il se pose encore un problème de moyens, car pour l'ensemble de ces dix services, nous ne disposons que de deux véhicules. Il n'y a que la Garde Nationale qui bien dotée. Elle dispose en effet de trois véhicules neufs. Ce qui est tout à fait normal, quand on sait que les autorités, au plus sommet, font de la sécurité des personnes et des biens la priorité des priorités.

Siradji Sanda et Zabeirou Moussa Envoyés spéciaux(onep)

 Commentaires