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Une nouvelle incursion du MNLA en territoire nigérien fait 07 morts et 03 blessés
Publié le lundi 1 fevrier 2016   |  Le Témoin


Les
© Autre presse par DR
Les nouvelles manœuvres du MNLA


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Le mercredi le 20 janvier dernier, un groupe d’hommes armés, venu du Mali voisin sur une quarantaine de motos, a attaqué Bisso, un village situé à une quinzaine de kilomètres de Banibangou, zone nord Tillabéri. Le raid a fait sept (07) morts, dont un enfant de cinq (05) ans, et trois (03) blessés. Les habitants du village ont identifié l’un des meneurs du groupe qui serait un des responsables du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA), qui avait rejoint le Mouvement pour l’Unicité de la Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), avant de revenir au MNLA après la dispersion du mouvement jihadiste par les forces françaises. Treize (13) jours avant, le 07 janvier, un autre groupe, toujours venu du Mali et identifié comme appartenant au MNLA, avait attaqué un autre village frontalier, Loukouma, et enlevé un éleveur peulh. Le 03 janvier, c’est à Sounka que d’autres éléments du MNLA ont enlevé deux (02) peulhs.
Selon certaines sources, ces raids réguliers rentrent dans le cadre d’une série d’attaques et de représailles entre les éléments des groupes peulhs d’autodéfense et ceux du MNLA. Ces attaques et représailles avaient un certain moment cessé parce qu’il y avait dans la zone un équilibre des forces qui ne le permettait pas, les miliciens peulhs s’étant armés et entrainés en la faveur de la présence des jihadistes au nord Mali.
Auparavant, et cela pendant plusieurs années, les éleveurs peulhs de la zone nord Tillabéri étaient régulièrement victimes des attaques d’hommes armés en provenance du Mali. Ces attaques avaient fait des dizaines de morts et blessés et occasionné le vol des milliers de têtes de bétails. Des observateurs pensent qu’à l’origine, les premières attaques avaient justement pour but le vol de bétails. Avec la multiplication des attaques et des représailles, ça a fini par devenir un conflit communautaire. Des hommes armés Maliens, dont la plupart étaient des anciens rebelles, qui géraient à leur guise un nord Mali délaissé par l’Etat central, faisaient des incursions dans la zone nord Tillabéri pour voler les éleveurs peulhs, la zone n’étant pas suffisamment protégée par les forces de défense nigériennes. Pour leur sécurité et celle de leurs biens, les Peulhs avaient créé des groupes d’autodéfense qui avaient commencé à s’armer. Bien qu’ils menaient des actions de représailles autant qu’ils le pouvaient, ils étaient loin de pouvoir faire face à la force de feu de leurs adversaires. Et la situation était devenue intenable lorsque le MNLA (dont les hommes armés qui faisaient des incursions au Niger étaient membres) avait pris le contrôle de la frontière Niger-Mali. La reprise en main de la zone par les jihadistes a modifié la donne. Lorsque ces jihadistes avaient dispersé les éléments du MNLA, après la rupture de leur alliance, les Peulhs avaient saisi l’opportunité d’en faire des alliés ; les jihadistes ayant besoin des bras valides et les Peulhs des armes. Après l’action de l’armée française contre les jihadistes, ceux-ci se sont dispersés et les éléments peulhs de la zone ont gardé leurs armes.
Avec en face d’eux des jeunes armés et entraînés, les hommes armés qui venaient du Mali, n’osaient plus attaquer les éleveurs peulhs jusqu’à ce que la situation connaisse une autre évolution. Le MNLA, s’étant reconstitué sous le parapluie de l’armée française, dont il est devenu désormais le supplétif, ses éléments ne cherchaient qu’à en découdre avec les groupes d’autodéfense peulhs. Les premiers affrontements n’étant pas en leur faveur, ils ont dû, à plusieurs reprises, appeler l’armée française au secours. Et celle-ci répondait favorablement sous prétexte de neutraliser des éléments jihadistes. La dernière fois, après une action de l’armée française contre des miliciens peulhs (qui avaient neutralisé un groupe du MNLA), qui s’est soldée par plusieurs morts et une dizaine d’arrestations, le Colonel Gamou avait vigoureusement protesté auprès des Français pour que les personnes arrêtées soient libérées et que cela ne se reproduise plus. Il faut préciser qu’en fait, les groupes d’autodéfense peulhs sont tout naturellement devenus des alliés des autres groupes d’autodéfense maliens coordonnés par le Colonel Gamou et qu’on appelle pro-gouvernement malien, parce qu’ils sont anti-indépendantistes. Il faut aussi préciser que même s’ils sont majoritairement Nigériens, beaucoup d’éleveurs peulhs sont établis au nord Mali et se sont intégrés.
Depuis le dernier affrontement, l’armée française, qui devrait contribuer à l’application de l’accord d’Alger et au cantonnement des groupes armés, a créé une sorte de zone tampon entre les deux camps adverses. C’est en fait, cette zone tampon, témoignent des sources locales, qu’utilisent les éléments du MNLA pour faire des incursions en territoire nigérien et attaquer des campements ou villages peulhs. Attaques impossibles si les groupes d’autodéfense peulhs avaient suffisamment de possibilité de se mouvoir dans la zone et venir protéger leurs parents sans courir les risques de se faire bombarder par l’armée française.
Dans sa sortie médiatique après les attentats de Ouagadougou, le ministre de l’Intérieur nigérien, Hassoumi Massaoudou, a laissé entendre que le fait que l’armée malienne n’ait pas de contrôle sur les frontières Niger-Mali et Burkina Faso-Mali, favorise le terrorisme dans la région. Ce qui est absolument vrai, parce que la puissance sécuritaire tutrice, l’armée française, qui a préféré recréer le MNLA et le déploiement de ses éléments à la place de celui de l’armée malienne, semble jouer le même rôle que les occidentaux en Syrie dans la lutte contre l’Etat Islamique en cherchant à faire un distinguo entre ce groupe et les autres groupes armés rebelles. Aujourd’hui au Mali, il est pratiquement impossible de faire la différence entre des jihadistes et des éléments du MNLA. Lorsque le MNLA a été disloqué, ses éléments ont rejoint les groupes jihadistes. Lorsque les groupes jihadistes ont été dispersés, beaucoup de ses éléments, y compris les anciens du MNLA, ont regagné le MNLA ou d’autres groupes alliés, s’assurant ainsi la bienveillance, voir la protection de l’armée française sans pour autant renoncer à leurs activités.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger doivent donc dire clairement à la France qu’elle doit jouer franc jeu dans l’accomplissement du rôle qu’elle s’est assigné, la sécurisation du nord Mali, ou alors elle doit permettre à l’armée malienne de réoccuper le terrain et de le faire en collaboration avec les autres armées de la sous-région.

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