Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Politique

Mahamadou Issoufou « Cette élection, je la sens bien! »
Publié le samedi 6 fevrier 2016   |  Tamtaminfo.com


Le
© AFP par ALAIN JOCARD
Le président nigérien Mahamadou Issoufou lors de son discours à l`ouverture de la COP21 au Bourget
Lundi 30 novembre 2015. Paris(France). Le président nigérien Mahamadou Issoufou lors de son discours à l`ouverture de la COP21 au Bourget, près de Paris


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Dans Jeune Afrique N°2873 (du 31 janvier au 6 février 2016), le président candidat Issoufou Mahamadou a répondu aux questions de François Soudan. Cette interview que Niger Inter reprend ici est axée sur le bilan du quinquennat d’Issoufou et bien d’autres questions d’actualité autour des élections 2016.

Aucun scrutin n’est gagné d’avance, concède le président sortant, qui se prend néanmoins à rêver d’un coup KO. « J’ai tenu mes promesses », affirme-t-il.

JEUNE AFRIQUE : Le terrorisme jihadiste a frappé Ouagadougou le 15 janvier. Niamey est-il menacé ?

MAHAMADOU ISSOUFOU : Tous les pays, toutes les capitales du Sahel sont des cibles. Plus nos services de renseignements seront fiables, plus la coopération sécuritaire entre nous sera fluide et mutualisée, plus nos institutions seront fortes, et mieux nous parviendrons à prévenir ce type d’agression. Il s’agit d’une guerre asymétrique, d’une guerre au sein des populations, l’impératif étant d’empêcher l’ennemi d’évoluer dans les quartiers de nos villes comme un poisson dans l’eau. Ici, au Niger, nous faisons un gros travail de sensibilisation afin que tout comportement suspect soit dénoncé aux forces de l’ordre le plus rapidement possible.

Les habitants de Niamey et les expatriés qui y vivent ou y sont de passage ont-ils des raisons d’avoir peur ?

Ne pas sortir au restaurant, ne pas fréquenter nos hôtels, ne pas venir au Niger, c’est déjà offrir une victoire aux terroristes. Alors oui, bien sûr, la vie doit continuer normalement, même si nous avons un devoir de vigilance. Garder les yeux ouverts ne signifie pas être paralysé. Depuis mon arrivée au pouvoir et même avant, le Niger vit dans une sorte d’alerte et de vigilance antiterroriste permanente. Nos forces de défense et de sécurité aussi : ce n’est pas un hasard si elles sont considérées comme étant parmi les meilleures d’Afrique de l’Ouest.

L’extension de Daesh en Libye vous préoccupe-t-elle ?

C’est une énorme source d’inquiétude pour le Niger et pour toute l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale, surtout si Daesh et Boko Haram coordonnent leurs actions. Il faut qu’un embryon d’État centralisé existe en Libye, et il faut l’aider à combattre Daesh par tous les moyens. Une intervention militaire internationale y est plus que jamais un impératif – c’est la seule solution. Autant je suis optimiste quant à nos capacités à réduire, voire à éradiquer Boko Haram en 2016, autant je suis pessimiste sur la Libye. Nous ne devons pas laisser le monstre Daesh devenir hors de contrôle.

Combien y a-t-il de jihadistes détenus dans les prisons nigériennes ?

Un millier. La moitié sont des Nigérians, que nous allons transférer au Nigeria. L’autre moitié sont des Nigériens, que nous devrons juger.

Vous affirmez avoir déjoué une tentative de coup d’État menée par une fraction de l’armée il y a un mois et demi. Était-ce vraiment réel et sérieux ?

C’était très sérieux. Nous avons pris soin de réunir tous les éléments avant d’agir. Et quel intérêt aurions-nous à inventer une opération qui porte atteinte à l’image du pays ?

Comment l’expliquez-vous ?

Je ne me l’explique pas. Il n’y avait aucune raison objective à vouloir faire un putsch. Si problème il y avait dans le pays, il fallait le régler dans les urnes le 21 février. Pas de cette manière.

Une vingtaine de militaires et seize civils sont détenus dans le cadre de cette affaire. Où en est l’enquête ?

Ce n’est pas à moi que cette question doit être posée, mais à la justice. Je peux vous dire que la procédure avance et que le tribunal militaire dont relèvent ces individus est mis en place.

La présidentielle du 21 février risque de se dérouler dans un climat de tension. N’est-ce pas regrettable ?

Cette tension dont on parle à l’extérieur est purement artificielle. Elle fait partie des stratagèmes dont use l’opposition. La rue est calme, les institutions fonctionnent. Ce n’est pas parce qu’il y a de temps à autre des manifestations ou que des députés déposent des motions de censure, choses normales en démocratie, qu’il y a crise ou blocage.

Hama Amadou, l’un de vos principaux concurrents, est candidat tout en restant en prison. Pourquoi ne pas l’avoir fait libérer ?

Cette tension dont on parle à l’extérieur est artificielle. C’est un stratagème de l’opposition.

Encore une fois, c’est à la justice nigérienne, qui est indépendante, que vous devez vous adresser. Hama Amadou est un justiciable comme un autre qui a un problème avec la justice, pas avec moi. Je regrette qu’il ait choisi de fuir en 2014 – s’il avait agi autrement, nous n’en serions pas là. Sans doute serait-il aujourd’hui en liberté provisoire comme les autres protagonistes de cette affaire de trafic d’enfants. Son escapade, qui a duré plus d’un an, fait que notre justice estime qu’il n’offre pas toutes les garanties de représentation.

Pour ses partisans comme pour l u i – m ê m e, Hama Amadou est un détenu politique…
En aucun cas. Il n’y a de ma part ni animosité ni acharnement à son encontre. J’aurais souhaité continuer à travailler avec lui, mais il a décidé de me quitter, à mon corps défendant.

Vos adversaires estiment que vous utilisez les menaces qui pèsent sur la sécurité du Niger pour museler les libertés. Que répondez-vous ?

Il n’y a pas le moindre soupçon de dérive autocratique au Niger. À preuve : le classement mondial de la liberté d’expression par Reporters sans frontières. Le Niger était en 140e position il y a cinq ans. Nous sommes aujourd’hui 47e.

Êtes-vous satisfait du bilan de votre quinquennat ?

Totalement. Toutes les promesses que j’ai faites dans le cadre du programme Renaissance ont été tenues, sans exception. Nous avons investi près de 7 000 milliards de F CFA [environ 11 milliards d’euros] en cinq ans dans les infrastructures, l’éducation, la santé, l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire et la modernisation de nos forces de défense. Nous avons renforcé les institutions et la bonne gouvernance, gagné 31 places sur l’indice de perception de la corruption. Le taux de grande pauvreté est passé de 63 % à 45 % de la population, 15 000 classes d’école ont été construites, 150 000 emplois permanents ont été créés, les salaires des fonctionnaires ont été augmentés, et la classe moyenne, socle de la stabilité, est désormais une réalité. Malgré les défis sécuritaires à nos frontières nord, sud et ouest, et malgré les perturbations sur les marchés de l’uranium et du pétrole, nous avons maintenu un taux de croissance moyen de 6 %. Comme le disent les Nigériens : « Tu as promis, tu as fait, nous te remercions. » Si je suis réélu, les objectifs de Renaissance II seront encore plus ambitieux.

Avez-vous un doute quant au verdict des urnes, le 21 février ?

Aucune élection n’est gagnée d’avance, mais celle-ci, je vous avoue que je la sens bien. Je crois que ce sera un coup KO. Je sais que le Niger a besoin de moi.

Si vous êtes réélu, ne serez-vous pas tenté de modifier la Constitution pour effectuer un troisième mandat ?

Si j’entreprenais quoi que ce soit en ce sens, les Nigériens auraient raison de se soulever contre moi.

 Commentaires