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Niger: une présidentielle sous tension, en l’absence d’un des deux candidats
Publié le vendredi 18 mars 2016   |  AFP


Présidentielle
© Autre presse par DR
Présidentielle au Niger : Mahamadou Issoufou affrontera Hama Amadou au second tour


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L'issue du second tour dimanche de la présidentielle au Niger ne fait pas de doute, le sortant Mahamadou Issoufou devant être réélu: son adversaire Hama Amadou, emprisonné depuis novembre dans le cadre d'une affaire controversée de trafic de bébés, a été évacué vers la France à quatre jours d'un scrutin dont l'opposition ne reconnaîtra pas les résultats.

Ce cas de figure inédit d'un candidat emprisonné puis hospitalisé à l'étranger génère une grande tension dans ce pays sahélien de 18 millions d'habitants, un des plus pauvres du monde et qui vit sous la menace des attaques islamistes.

Jeudi, à trois jours du scrutin, le pays a subi deux attaques: une à l'ouest attribuée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), près des frontières bukinabo-maliennes, a coûté la vie à trois gendarmes, une à l'est attribuée à Boko Haram a vu cinq kamikazes avec des ceintures explosives tuer un haut officier de l'armée.

- Le Lion contre le Phénix -

Le scrutin oppose le président sortant Mahamadou Issoufou, 64 ans, surnommé le Lion, qui a obtenu 48,43% au premier tour, à son ancien allié Hama Amadou (17,73%), 66 ans, qui tire son surnom de Phoenix de sa capacité à renaître de ses cendres.

Les crises politiques ont souvent débouché par le passé au Niger sur des coups d'Etat ou des tentatives de coups d'Etat.

Pendant la campagne, M. Issoufou, ancien opposant historique du charismatique président Mamadou Tandja, a mis en avant son bilan de 5 ans au pouvoir en assurant avoir doté le pays d’infrastructures, lutté efficacement contre la pauvreté et rétabli la sécurité dans ce pays en proie aux attaques islamistes.

Ancien Premier ministre et ancien président de l'Assemblée nationale, Hama Amadou, qui avait soutenu Issoufou au deuxième tour en 2011, a rejoint l'opposition en 2013.

Il n'a pas pu battre campagne, emprisonné depuis novembre dans le cadre d'une affaire de trafic d'enfants qu'il qualifie de montage politique destiné à l'empêcher d'être président. Le pouvoir, lui, parle de "dossier de droit commun" et "d'indépendance de la justice".

Ses partisans critiquent la mauvaise gouvernance du régime et son incapacité à enrayer la pauvreté dans un pays où 76% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.

Sur le plan comptable, la situation est on ne peut plus claire. M. Issoufou, à qui il n'a manqué que 75.000 voix pour obtenir la majorité absolue dès le premier tour (4,65 millions de suffrages exprimés), selon les résultats validés par la Cour constitutionnelle, devrait obtenir un deuxième quinquennat haut la main grâce aux reports de voix. Il a notamment obtenu le ralliement d'Ibrahim Yacouba (4,34%) et de plusieurs candidats mineurs.

Le score devrait même être "stalinien", selon l'opposition qui a dénoncé des fraudes électorales au premier tour. Elle a appelé au boycott quelques jours avant d'annoncer jeudi qu'elle ne "reconnaîtrait pas les résultats" du scrutin ni "les institutions issues des élections".

- Demande de transition politique -

La Copa (coalition de l'opposition pour l'alternance) demande "une transition politique afin de permettre d'organiser de nouvelles élections démocratiques, libres, légitimes, transparentes et honnêtes", a-t-elle ajouté. Le pouvoir fait mine de se moquer de cette posture.

"Nous n'avons pas besoin de leur reconnaissance", a affirmé Mohamed Bazoum, ministre d'Etat sans portefeuille, qui assure que les opposants veulent éviter une défaite annoncée. "Ils ne sont pas unis. Certains ont essayé de faire se désister Hama Amadou".

Emprisonné et malade sans que l'on sache réellement de quoi il souffre, le Phoenix a été évacué mercredi vers la France pour y être soigné. Sa santé et son évacuation défrayent la chronique depuis plusieurs jours. L'opposant, incarcéré à Filingué, à 180 km au nord de la capitale, a notamment refusé de monter dans un hélicoptère qui peinait à démarrer.

Dans ce climat tendu, organisations religieuses, chefs traditionnels et syndicats ont appelé "au dialogue" et à "l'apaisement.

La campagne électorale pour le premier tour avait été marquée par des violences entre partisans du président et opposants qui contestaient la régularité des listes électorales. Elle avait été précédée de l'arrestation de personnalités et de l'annonce d'un putsch raté par le pouvoir.

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