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ANALYSE: L`acte manqué, le mirage démocratique
Publié le jeudi 24 mars 2016   |  Actu Niger


6ème
© Autre presse par DR
6ème conférence des Grandes Chancelleries d`Afrique Francophone Sub-saharienne et de France: le Chef de l`Etat préside la cérémonie d`ouverture des travaux
La 6e Conférence des Grandes Chancelleries de l’Afrique subsaharienne qui s’est ouverte le lundi 21 octobre 2013 dans la capitale nigérienne, au Palais des Congrès, en présence du Président de la République Issoufou Mahamadou


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Il y a deux mille ans, parvenant au terme de l’oeuvre historique qu’il avait consacré aux origines de la Rome antique, Denys D’Halicarnasse résumait ainsi l’expérience des premières siècles de la République roumaine : « le plus sûr moyen de ruiner un pays est de donner le pouvoir aux démagogues ». Notre démocratie est ruinée. Je ne dirai pas que le président de la République en est la cause unique, mais il en est la cause principale. En vérité, ne mérite le nom de démocrate que celui qui a compris que les élections ne font pas la démocratie. Celle-ci est en réalité un comportement, une discipline générale et par essence pluraliste, c’est-à-dire qu’elle oppose plusieurs forces idéologiques pour la conquête du pouvoir.
Il est vrai que je ne partage pas toutes les actions de l’opposition, mais je comprends parfaitement le sentiment qui l’animait lorsqu’elle décida du boycotte du second tour de l’élection présidentielle de ce 20 mars 2016. A l’issue des résultats proclamés du scrutin des 21 et 22 février, ce n’était pas tant les irrégularités constatées qui ont émaillés la suite du processus mais c’est la gestion du contentieux électoral par la Cour constitutionnelle qui a mis en lumière les incongruités patentes. En effet, en droit de contentieux, le contentieux précède toujours la décision et il ne saurait en être autrement en contentieux électoral. C’est pourquoi le législateur a entendu prescrire un délai raisonnable pour exercer un tel recours. C’est l’inobservation de ce délai et le non-lieu à examiner les déférents recours des candidats qui a envenimer la situation.

La décision « jusqu’au boutiste » du président candidat d’aller aux élections tout seul n’a pas permis de relancer le débat pour un retour de l’opposition dans le processus déjà engagé. Or, une démocratie sans opposition est tout simplement une farce, une démocratie de façade. C’était en ce moment là que le camp présidentiel devait tendre la main à l’opposition par un dialogue franc que beaucoup avaient appelés de leur vœux. Mais « l’obstination et l’ardeur d’opinion est la plus sûre preuve de bêtise » dit-on. Et cette attitude n’était pas de la plus haute sagesse de l’homme et c’est pourquoi la majorité n’a pu éviter de tomber dans le piège de l’opposition.

Cette crise n’a eu pour effet immédiat qu’un affaiblissement des institutions démocratiques que le président voulait pourtant fortes et des élections tropicalisées auxquelles il ne voulait pas souscrire. En réalité, l'élection à 92,49% de M. Issoufou Mahamadou n’est pas un plébiscite et vaut pour notre démocratie une régression qui aurait pu nous être épargnée. Le résultat est si anormal et excessif que nous finissons par en être ridicules et par faire rire nos voisins qui prennent un malin plaisir. N’importe qui n’aurait pas fait mieux car personne sur terre ne pourrait prétendre à un tel score. Ce n’est donc pas un score à la soviétique mais un score à la Nigérienne car la plus irréparable des expériences démocratiques se fait dans notre laboratoire. Au fond, au lieu d’être président M. Issoufou devrait être scénariste. Il a de l’imagination, il rêve au-delà du présent, écrit fort agréablement et connaît bien son sujet. Aussi aurait-il pu écrire les scénarios de films nouveaux consacrés aux grands thèses qu’il défend, par exemple : l’escroquerie politique, l’ivresse du pouvoir, les élections tropicalisées, folles dépenses et enfin les deux grandes œuvres, celles où se sont révélés tous ses talents : séduire et tromper et Diviser pour mieux régner.

A l’évidence, le président s’est lui même rendu compte de son erreur et semble se garder de tout triomphalisme. Ce n’est pas l’euphorie de la victoire de 2011 avec seulement 57,95% des voix, car les résultats de 2016 sont à contre-courant de la conception universelle de démocratie.

L'initiative d’un gouvernement d’union nationale avec l’opposition est louable mais inefficace tant que notre démocratie ne se retrouve pas en ordre de marche. Notre désordre démocratique n’a pas manqué de se refléter a l’extérieur. Alors il ne suffit pas de sauver les meubles en ajustant il faut tout simplement rectifier le tir, en reprenant tout à zéro, car cette élection est somme toute, une mascarade et un acte manqué pour la viabilité de notre démocratie.

Il est grand tant que nos dirigeants apprennent que l’autorité qui n’a pas d’oreilles pour écouter n’a pas de têtes pour gouverner. C’est ce qui arrive à M. Issoufou aujourd’hui.

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