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Collectif Résistance Citoyenne : Quels enseignements tirer du mot d’ordre de ville morte ?
Publié le samedi 30 avril 2016   |  Actu Niger


Moussa
© Autre presse par DR
Moussa Tchangari


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Hier 28 avril 2016, l'appel à la ville morte, lancé par le Collectif Résistance Citoyenne, a été très peu suivi aussi bien à Niamey que dans d'autres localités; et plusieurs voix se sont élevées, y compris au sein de la société civile elle-même, pour déplorer ou se réjouir de ce que d'aucuns ont qualifié d'échec patent. Ce fut aussi l'occasion pour beaucoup d'internautes de faire des posts critiques et parfois très virulents sur les acteurs de la société civile; certains fustigeant des acteurs de la société civile peu crédibles et à la solde de l'opposition, d'autres demandant à ces derniers de faire leur propre examen de conscience.

Selon certains internautes, la "journée ville morte" a échoué parce que les populations ont compris que les acteurs de la société civile, qui seraient à la solde des politiciens ou des politiciens eux-mêmes, profitent de ce genre d'actions pour réaliser des desseins personnels (accéder à des postes de responsabilité, s'enrichir, etc). Cette accusation, qui se base sur des précédents bien connus (n'est-ce pas qu'on n'a déjà vu plusieurs acteurs de la société civile trahir leurs engagements), traduit des craintes légitimes; mais, elle n'explique que partiellement le peu de succès, ou disons l'échec présumé, du mot d'ordre de ville morte lancé par le Collectif Résistance Citoyenne.
En effet, si ce mot d'ordre n'a pas été suivi comme souhaité, c'est d'abord parce qu'il implique des sacrifices que beaucoup peuvent, légitimement, hésiter à faire; peut-être par manque de confiance à l'endroit de ceux qui l'ont lancé, mais très certainement par découragement et résignation. Les nigériens constatent que la corruption, dans un sens vraiment large, a aujourd'hui atteint des sommets dans notre pays; ils constatent que l'attachement à certaines valeurs telles que la probité morale, le sens de la parole, le sens même de la honte, s'est beaucoup érodé.
Cette situation ne concerne pas que la société civile; elle concerne aussi et surtout la classe politique. C'est normal que les gens perdent confiance en tous ceux qui parlent en leur nom ou pour leur compte; car, ils ont vu que même que le serment coranique n'a pas empêché d'observer certaines dérives morales et éthiques. Seulement, il n'est pas vrai que personne ne soit digne de confiance aussi bien dans la sphère politique que dans la société civile; et si c'est vraiment le cas aujourd'hui, on peut alors dire que notre pays est totalement foutu, et que donc rien ne peut plus empêcher à ce que la corruption au sens fort du terme devienne une norme sociale acceptée.
En tout cas, c'est cette conclusion et cette perspective, très certainement difficiles à accepter, que suggère le discours de "tous pourris" tenus par certains internautes nigériens; car, si l'on creuse bien les différentes variantes de ce discours, on se rend bien compte que ce n'est pas seulement aux politiciens et aux acteurs de la société civile que la confiance n'est pas accordée; la vérité c'est que beaucoup de nos compatriotes n'ont plus confiance en eux-mêmes, ne croient plus qu'on peut changer les choses, et surtout ne comprennent pas encore que chacun, en tant que citoyen conscient, a un rôle à jouer pour arrêter la dérive morale et la décadence qui se profilent à l'horizon.
Qu'il y ait plus de politiciens corrompus que de politiciens convaincus et vertueux, qu'il y ait plus d'acteurs de la société civile corrompus et versatiles que d'acteurs engagés et constants, c'est un fait; mais, ce n'est pas aussi grave que de voir des millions d'hommes et de femmes se laisser gagner par la résignation et le défaitisme devant une situation politique, économique, sociale et culturelle désastreuse pour eux d'abord avant de l'être pour les autres.
L'action politique tout comme l'action citoyenne n'est pas l'apanage exclusif de ceux qui y sont aujourd'hui engagés, avec leurs qualités et leurs défauts; elles sont ouvertes et à la portée de tous, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, qui pensent qu'ils peuvent apporter quelque chose à leur pays. Le découragement et la résignation viennent d'abord d'une certaine vision messianiste de l'action publique, politique ou citoyenne, qui place les gens dans l'attente d'hommes providentiels, exempts de leurs défauts et dotés des qualités que eux-mêmes n'ont pas, pour les sortir du trou. L'ère des messies étant close depuis fort longtemps, il faut se résoudre à accepter qu'il n'y aura aucun homme providentiel qui viendra nous sortir des ténèbres, et qu'avec nos défauts et nos qualités, c'est à nous de faire ce que nous attendons en vain d'hommes et de femmes providentiels.

La lutte continue !!!!

Moussa Tchangari

COLLECTIF RÉSISTANCE CITOYENNE

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