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Niger : Question de gouvernance et prospectives politiques
Publié le dimanche 12 juin 2016   |  Niger Diaspora




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Le contexte national et international dans lequel nous vivons aujourd’hui devrait nous amener à réfléchir à une nouvelle redéfinition de l’Etat et de ses institutions. Redéfinir le Niger que nous voulons pour demain avant qu’une possible déflagration ne nous fasse perdre totalement toute initiative. Il est plus que temps que les autorités nigériennes prennent conscience des réalités et prennent le devant afin de désamorcer les risques qui guettent le pays. Pour y arriver, le président Mahamadou Issoufou dispose encore d’une certaine marge de manœuvre à condition qu’il se libère du poids des schémas postcoloniaux et qu’il laisse s’exprimer le courage politique et l’audace dont ceux qui le connaissent lui font crédit.

La stabilité et la sécurité d’un pays passent d’abord par la consolidation de son unité et celle de la cohésion nationale. Pour y arriver, le président de la République devrait prendre conscience des risques que sa bienveillance à l’égard de certains intérêts privés font prendre au pays. Il y a urgence à désamorcer la colère toujours latente au sein de la jeunesse, notamment touarègue, dirigée contre le rôle que l’Etat affiche indolemment et contre les réseaux qui instrumentalisent toute une partie de la classe politique par une pratique outrancière de la corruption. Cette prise en otage du pays par des intérêts privés risque d’aboutir à sa déstabilisation, voire à une explosion à la malienne !

Il y a lieu de s’inquiéter légitimement des insuffisances dans l’approche politique des questions de gouvernance. Parmi ces insuffisances nous pourrions relever le maintien de la communauté touarègue et de sa culture dans un notoire rôle secondaire, sans aucun rapport avec son poids démographique et réel dans le pays. La répartition encore trop déséquilibrée de l'espace public entre les différentes langues et cultures nationales demeure un point de crispation entre la communauté touarègue et l’Etat. Le président Issoufou devrait rompre avec la méfiance cultivée par le système depuis l’indépendance du pays à l’égard de la communauté touarègue. Cette pratique constitue une forfaiture instaurée depuis lors comme une constante et une tendance lourde des fondements structurels de la politique au Niger.
Les élites touarègues se doivent de mettre en cohérence leurs convictions et leur action politique. Elles pourraient ainsi contribuer à la construction d’un nouveau pacte national et républicain en dépassant le statut habituel dévolu aux « simples commis de l’Etat ». Elles assumeraient enfin pleinement leur rôle d’acteurs politiques qui affirment et défendent ouvertement leur conception de l’intérêt de leur communauté et celui du pays
Il faudrait de toute urgence également oser briser certains tabous sur le rôle de l’Etat et la répartition des compétences entre celui-ci et les régions. Pour cela, le pays aurait besoin d’une profonde réforme administrative qui tiendrait enfin compte de ses réalités socioculturelles. Cette réforme pourrait, par exemple, déboucher sur la mise en valeur des régions naturelles en leur donnant un statut administratif à chaque fois que cela pourrait représenter un intérêt pour les populations. L’exemple qui me vient naturellement à l’esprit est celui de l’Azawagh. Cette région souffre d’une distorsion permanente entre la représentation mentale qu’en ont ses ressortissants et la réalité administrative de sa gestion. Ce type de réforme administrative est un levier non négligeable et généralement reconnu par les experts pour accélérer et rationaliser les politiques publiques de développement et de sécurité.

Une telle approche volontariste de l’actuel pouvoir contribuerait, sans conteste, à anticiper les crises en s’inspirant des expériences des pays voisins. Certaines tensions perceptibles seraient ainsi désamorcées et le pays pourrait prendre le devant des difficultés sans être obligé de faire appel à l’étranger pour résoudre des problèmes internes récurrents très identifiés et incroyablement aisés à résoudre si une sincère volonté devenait effective auprès de tous les Nigériens. D’abord auprès de ceux qui souffrent dans leur chair de cette nonchalance indifférente et de ceux qui n’en peuvent plus d’espérer en vain en se demandant constamment ce que l’Histoire retiendra de cette insupportable carence.

L’unité du pays et sa cohésion nationale sont des préalables incontournables à toute politique de sécurité. Ensuite, seulement, viendrait la nécessité de mieux appréhender les réalités géostratégiques en définissant notamment un positionnement clair par rapport aux autres acteurs régionaux et internationaux. Les choix discutables de la France et de la communauté internationale dans la méthode d’accompagnement des acteurs locaux mériteraient qu’on s‘y attarde pour en examiner tous les contours.
Abdoulahi ATTAYOUB

Lyon - France

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