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Socialisme : Des destins gémellaires
Publié le jeudi 16 juin 2016   |  Le Monde d’Aujourd’hui




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Les amitiés politiques peuvent naitre juste d’accointances qui mettent en avant des intérêts mesquins, rarement de compatibilités politiques, idéologiques. L’on sait ainsi par exemple, que les socialistes nigériens, pour maintenir leur régime assis sur des bases fragiles, ont dû contracter des mariages contre-nature, pourvu que cela permette de donner une apparence de solidité à un pouvoir qui marche cahincaha. C’est donc par une alliance faite de bric et de broc qu’Issoufou Mahamadou a fait son autre traversée du désert, pour conduire à sa fin, un mandat difficile, fait de soubresauts et d’incertitudes.
Mais ce socialisme est poisseux. Les mirages lointains qu’il apercevait et qu’il croyait être une aubaine pour lui afin de gouverner dans la facilité, finissent, lorsqu’il arrive au pouvoir, par se rendre compte que quelques illusions d’optique lui avaient donné une trompeuse lecture d’un contexte politique fait de crises et de bouleversements. Alors qu’il arrivait au pouvoir, un homme sur lequel il aurait pu compter pour assoir son régime et son programme, s’en va, victime de l’impérialisme occidental, éliminé tragiquement et brandi à la face du monde, dans le sang de son martyr comme un vulgaire gibier que la traque de l’impérialisme occidental a fini par avoir la peau. Kadhafi s’en est allé, laissant prématurément, les socialistes nigériens quelque peu orphelins d’un soutien que l’on soupçonnait depuis des années.

C’est dire que les socialistes nigériens avaient misé gros et sans réserve sur une certaine conjoncture politique favorable avec notamment l’arrivée au pouvoir d’un socialiste en France quand eux devaient aussi, à la faveur d’une transition militaire complice, accéder au pouvoir sous la facilitation du Général étoilé, comptable aussi du mal que vit le pays aujourd’hui. Le hasard de l’histoire était d’autant plus généreux que le nouvel homme fort de la France est un socialiste, disons aussi un ami avec lequel une certaine proximité avait été facilitée à la faveur des complicités de l’International Socialiste dont les deux sont membres. Comme pour justifier l’amitié, Hollande arrive d’ailleurs à Niamey, visite que le régime ne manque pas de brandir comme un trophée, comme un privilège qui marque la bonne santé des relations entre les deux pays et les deux hommes, privilège qui devait aussi rehausser le socialiste nigérien dans la géopolitique régionale où il ambitionne de reprendre à certains de ses pairs, un certain leadership pour être un interlocuteur incontournable de l’occident en Afrique de l’Ouest. A cette fin, on joue sur certains registres, notamment en se faisant passer pour le plus déterminé à lutter contre le terrorisme et même, à se faire prendre, par des succès rapides qui ont étonné dans des dossiers délicats, pour paraître le nouvel libérateur désintéressé des otages occidentaux enfouis dans l’immense désert du Sahel. Les socialistes Nigériens aiment bien les détails et on a vu avec quel plaisir ils avaient médiatisé certaines libérations sur lesquelles on se pose encore bien de questions.

La France et le Niger, vivent sous des régimes socialistes qui ont tous déçu. Hollande l’ami a déçu chez lui, jusque dans ses rangs, Issoufou a déçu au Niger jusqu’au PNDS où bien de militants ne ressentent que honte à parler de leur gestion et même de politique car pour bon nombre d’entre eux, il était inconcevable que sous leur régime, certaines pratiques reviennent, que ce qu’ils avaient décrié, soit repris avec plus de maladresses. Les deux régimes partagent ainsi, par delà les personnalités qui les dirigent, bien de similitudes qui montrent des destins tragiques d’une idéologie en perdition. En France, Mitterrand semble s’être fait enterrer avec pour n’en laisser à ses héritiers qu’une conception parcellaire, étriquée. Au Niger, Issoufou qui l’initie au laboratoire du pouvoir, n’en promeut qu’une copie falsifiée, souffrant tant d’hybridité que de contradictions, d’incompatibilités.

Les guerriers…
Pendant qu’au Niger Issoufou brandit ses muscles invisibles de Rambo Sahélien pour enterrer Boko Haram au Niger comme il l’avait promis devant une foule galvanisée, et ce pour plaire à des partenaires occidentaux qui cherchent le moyen de se faire accepter militairement et stratégiquement en Afrique sous l’alibi du tout sécuritaire, Hollande, lui, joue au père protecteur de dirigeants africains incapables d’assurer la sécurité de leurs espaces. Le terrorisme est donc devenu le défi de la mode politique qui devait rapprocher davantage les deux hommes même si dans les faits, Hollande semble prendre des distances pour s’éviter des complicités qui pourraient bien susciter quelques suspicions. La preuve est que, quoi que diront certains, cette France amie, de façon officielle, comme nombre d’autres pays, n’avait pas officiellement salué une réélection qui s’est faite dans la douleur. Mal élu, très mal élu, Issoufou court dans le monde, sans trouver d’amis et surtout à un moment où, empêtré dans des difficultés de tous ordres, il voudrait bien en trouver, pour l’aider à les surmonter. Si Deby pouvait offrir ses armes et ses hommes, sans doute qu’il n’a pas de l’argent à donner pour résorber la pile d’instances qui pressent le gouvernement de Brigi qui tâtonne, incapable de retrouver ses marques.

Si Hollande a une des armées puissantes du monde pour oser s’aventurer dans la lutte asymétrique contre le terrorisme, on se demande bien sur quoi peut compter le président Nigérien qui n’a finalement que la puissance dans le verbe pour faire croire, que Boko Haram n’appartient plus qu’à l’histoire car déroutée et enterrée. Ses fanfaronnades ont fini par orienter la maléfique secte sur le Niger qui en paie le plus lourd tribut avec ses militaires fauchés sur le terrain du harcèlement et ses populations civiles massacrées et déroutées.

Les impopulaires…
L’un et l’autre, dans leur pays, sont devenus les présidents les plus impopulaires de leur histoire. Le seuil atteint par Hollande, est historique et c’est d’autant plus grave que cette déception se lit surtout dans la famille socialiste qui avait cru à des réels changements pour reconstruire une nouvelle France avec les normes du socialisme qui n’a pas pu hélas se démarquer de l’ancrage libéral quand, finalement, il devait être pris en otage par certains milieux, notamment du patronat français. Les instituts de sondage avaient même révélé que, quelque soit son adversaire, François Hollande n’a aucune chance de revenir au pouvoir en mai 2017. Et cela est d’autant plus plausible qu’en France, les élections ne peuvent pas se tropicaliser et Hollande ne pourra pas se maintenir au pouvoir par quelques fraudes, par des bourrages et autres falsifications. Sans doute aussi que cette prédiction n’arrange rien au sort d’un président mal élu qui ne saura plus où trouver le partenaire qui forcera à le maintenir même quand le peuple est contre son pouvoir.

Au même moment, au Niger, Issoufou se fait chaque jour davantage impopulaire. Les Nigériens sont fatigués de sa gouvernance, et finalement aujourd’hui, ils ont le pressentiment qu’il est incapable de changer leur vie. Il les a fait derniers du monde pendant des années successivement, il commence à accumuler des arriérés de salaires et il semble, selon certains spécialistes de la finance, que cette situation devra s’aggraver les mois à venir. C’est dire que dans la dégradation et la précarisation de la vie des Nigériens, sa côte, conséquemment, subira aussi une altération irréparable. On peut même soupçonner que le régime est lui-même conscient de cette situation et c’est sans doute pour cela qu’il a trafiqué pour se donner le score surréaliste que l’on sait et qui l’aurait reconduit au pouvoir, usurpant la légitimité populaire. Tous les observateurs sont unanimes à reconnaître d’ailleurs que le taux qui avoisinent les 60% et qui auraient permis le score magique fabriqué n’est que faux quand on sait comment les Nigériens avaient boudé le second tour où le boycott actif auquel l’opposition regroupée au sein de la COPA 2016 avait appelé l’ensemble des Nigériens qui y avaient plutôt répondu favorablement et très massivement. Les bureaux de vote étaient restés vides mais le régime, lui, a quand même pu voir, même dans l’absence notoire des électeurs, quelques 92 nigériens sur 100 qui seraient sortis pour le porter au pouvoir avec surtout – chose étonnante – un taux de participation de quelque 59% et poussière. En vérité, pour ceux qui doutaient, c’était ce boycott qui leur avait permis de comprendre d’abord qu’Issoufou était devenu impopulaire dans le pays et aussi de se rendre compte de son comportement déloyal et peu élégant à s’éviter Hama Amadou comme adversaire dans la dualité politique. La presse internationale s’en est rendu compte : Issoufou est franchement mal élu. Et son tracas est le suivant : comment gouverner quand on est élu ?tropicalement? ? Même stratégie…

Depuis quelques jours, Issoufou semble s’abriter derrière l’ombre du président Diori Hamani pour espérer reconstruire son image gravement écornée par une politique de l’acharnement, de la persécution et de l’injustice. Mais il feint d’oublier que les Nigériens et le Niger ont aujourd’hui des problèmes trop sérieux qu’il ne peut résoudre que par une politique de l’apaisement et de la réconciliation sincères quand on sait à quel point les coeurs se sont porté autant de haine. D’ailleurs, on a comme l’impression que cet hommage que l’on fait au président de l’indépendance est plus l’affaire d’un groupe que du Niger et de ce point de vue, l’effet escompté à travers cette manifestation, ne peut être atteint. Tout au plus, les Nigériens ne sont que surpris de voir les mêmes acteurs qui, à la conférence nationale, ne reconnaissaient aucun mérite aux anciens présidents du Niger et qui encore, depuis qu’ils sont aux affaires, prétendent avoir fait en moins de deux ans, ce que tous les régimes qui se sont succédé en cinquante ans, n’auraient pas réussi, se rétracter pour revenir célébrer un de ces hommes bannis. Il n’y a donc aucune sincérité dans ce jeu que de jouer avec la conscience du peuple.

En France, et à un moins d’un an des prochaines élections, Hollande qui inspire l’ami, est aussi dans la même stratégie. Il suit les pas du Général De Gaule, espérant ce faisant, recueillir de son prestige au près des Français, pour revenir dans les sondages, oubliant que l’homme auquel il se toise, n’est pas de sa taille, aussi bien au propre qu’au figuré.

Ainsi qu’on peut le voir, les deux hommes, amis socialistes – si encore cette amitié est dans la même solidité – en essayant de se couvrir de la grandeur d’hommes politiques du passé pour faire leur image, montrent bien qu’ils sont désespérés pour s’accrocher à quelques artifices pour croire qu’il leur est encore possible de renaître – n’est-ce pas d’ailleurs un mot à la mode dans le contexte nigérien – politiquement et continuer une aventure politique dont on voit pourtant, le soleil s’incliner prématurément à son crépuscule. Deux amitiés, deux destins, vécus dans la gémellarité…

Wale

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