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Attaque de Boko Haram au Niger: La route nationale Une de l’infortune
Publié le vendredi 17 juin 2016   |  AFP


La
© Autre presse par DR
La route nationale Une,dans le sud-est du Niger après les attaques de Boko Haram


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Un océan de tentes et abris de fortune dans le désert, balayés par le vent et le sable: dans le sud-est du Niger, des dizaines de milliers de personnes fuyant Boko Haram attendent aux abords "du goudron", la Route nationale Une, l'aide humanitaire dans des conditions souvent dramatiques.

Enfants, femmes et vieillards ont fui le 3 juin l'attaque sur la ville de Bosso, près du lac Tchad, des jihadistes nigérians de Boko Haram, fatale à 26 soldats. Au moins 50.000 personnes au ont gagné des zones plus sûres autour de la Nationale Une qui accueillait déjà des dizaines de milliers de déplacés et réfugiés.

Sur les bords de la route qui part plein nord de Diffa et rejoint N'Guigmi à la frontière tchadienne, près de Bosso, des files de bidons sont posés sur le sol tous les 5 ou 6 kilomètres. Des camions citernes d'eau font des navettes incessantes pour ravitailler les populations mais les efforts des humanitaires ne parviennent pas à satisfaire tout le monde.
-La chaleur et la vie-

A Gari Wazam, le site où il y a de plus déplacés, Arima Mena Bouka attend sous un soleil de plomb devant une tente de Médecins sans frontières (MSF) une consultation médicale avec sa fille de 15 mois. Elle a quatre autres enfants.

"Je me sens faible. C'est la faim, la soif, la fatigue. Il suffit de me regarder: on souffre", raconte Arima, les traits émaciés et sa fille donnant des signes de malnutrition. Le 3 juin, "on a entendu des tirs, et on a fui sans rien. On a couru, couru, couru. Les enfants les plus âgés ont pris les plus jeunes".

Ils ont affronté "la chaleur et la fatigue. On a marché pendant trois jours, dormant dehors sous les arbres ou près de maisons. La chaleur, ce n'est rien par rapport à la vie! La vie ne connaît pas la chaleur!!!", dit-elle.

Un peu plus loin, Harira Ousseini, 30 ans, mère de cinq enfants, attend avec son fils de deux ans, qui a la diarrhée. Le regard perdu dans le vide, l'enfant est conscient mais amorphe. "On a passé la première nuit près d'une mare. On a bu l'eau. On était obligé, on n'avait rien", assure-t-elle.

Son mari est allé couper du bois pour le vendre et "gagner un peu d'argent: 500 FCFA (75 centimes d'euro) pour acheter des haricots", ajoute-t-elle.

Sur le bord de la route, de nombreux hommes portent des branches sur des kilomètres pour les vendre ou s'en servir comme bois de chauffe. D'autres poussent des carrioles avec des bidons d'eau récupérés à des forages pour les vendre.

Ousmane Chahibou, 60 ans, est assis sous la faible ombre d'un arbre. Il a fui le village de Yebi, victime d'une première attaque, pour rallier Bosso et devoir fuir à nouveau.

"Quand ça a commencé à tirer, c'était le sauve qui peut. Chacun a fait comme il pouvait", souffle-t-il. Quinze jours plus tard, il ne sait toujours pas où se trouve une de ses épouses.

"Pendant la fuite, on dormait sous les arbres. J'avais pris un bidon de 20 litres. Mais d'autres sont morts parce qu'ils n'avaient rien ou étaient faibles. J'ai vu quatre morts: deux enfants et deux vieillards", assure-t-il.

Si le gouvernement et les ONG ont commencé à distribuer de la nourriture, Ousmane est en colère et affirme n'avoir rien reçu depuis quatre jours.
- 'Peur que mes enfants meurent de faim' -

A Kidjendi, un peu plus au nord, d'autres déplacés se sont agglutinés autour d'un village disposant d'un puits, où se ravitaillent des vaches Kouris aux larges cornes. L'odeur des excréments des animaux autour du puits.

Ici, la tension est forte entre habitants et éleveurs. Deux personnes ont été tuées la semaine dernière lors d'affrontements.

Yamgana Goni, 40 ans, enceinte est elle proche du désespoir. Son mari a été tué, il y a un an lors de la première prise de Bosso par Boko Haram, qui en avait ensuite été chassé.

"On a fui quand il y a eu les coups de feu avec mes neuf enfants - le plus petit a trois ans - et ma mère. Je n'ai que les habits que je porte sur moi. On a dormi dans la brousse, sous un arbre", dit-elle.

"Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture. Même l'eau il faut que je la quémande parce que je ne peux pas la puiser. On vient d'arriver, on a pas reçu d'aide jusque ici", raconte-elle.

"Je n'ai pas d'abri, Je n'ai pas de vivres, je n'ai rien. Ma maman est dans une hutte, moi je dors dehors", se plaint-elle. "Je n'ai pas mon mari. J'ai peur pour mes enfants. J'ai le coeur qui bat de peur qu'ils meurent de faim".

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