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Situation sécuritaire au Niger : Guerre ouverte contre BOKO HARAM
Publié le mardi 21 juin 2016   |  Le Canard Déchaîné


Trois
© Autre presse par DR
Trois morts au Niger dans une attaque attribuée à Boko Haram


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En finir coûte que coûte avec Boko Haram dans la région de Diffa en particulier et au Niger en général ! Voilà l’objectif (Ô combien salutaire et prioritaire) que semblent s’être fixées les autorités de la 7ème République. Les atrocités commises tout récemment lors de la dernière attaque qui a coûté la vie à une trentaine de nos compatriotes plaident en faveur de la prise d’une telle décision. Pour les habitants de la région de Diffa et aussi pour les nombreux activistes de tous les bords qui observent de très près l’évolution de la situation, cette décision représente un grand soulagement.
En effet depuis que cette secte sévit dans la région, plusieurs voix se sont élevées pour décrier un certain nombre de manquements qui ont profité aux djihadistes en leur ouvrant des brèches. Les ressortissants de Diffa à Niamey ont notamment fustigé le comportement du gouvernement qui, selon eux, ne faisait rien pour susciter et mobiliser la solidarité nationale autour de cette question. À travers une marche organisée tout récemment à Niamey, les ressortissants ont appelé tant l’Etat que les concitoyens à manifester beaucoup plus de compassion et de solidarité pour la population éprouvée de Diffa. Alors, peut-on dire que c’est désormais chose faite avec l’ultime engagement dans lequel le gouvernement s’est lancé ? La population aussi n’est pas en reste avec les incessants appels lancés par les organisations de la société civile pour demander plus de participation et de collaboration des citoyens. C’est là une autre facette de cette guerre car l’ennemi est souvent votre voisin, celui avec qui vous partagez généreusement votre quotidien.

Dans cette guerre désormais ouverte contre la nébuleuse qui se réclame à présent de l’Etat Islamique, le Président Issoufou Mahamadou se fait le premier soldat au front. La stratégie adoptée est celle d’une mobilisation sans précédent des forces de défense et de sécurité pour un ratissage de fond en comble de tous les coins et recoins de la région. À Niamey, toutes les compagnies ont été mises à profit pour un délestage au profit de la région. Partout où il y a une compagnie au Niger, elle a été sommée de fournir des hommes et des armes pour renforcer le potentiel humain et matériel des forces en présence.

Le comble de la mobilisation reste la sollicitation réussie des éléments tchadiens, redoutables combattants aguerris dans les conflits dans les zones désertiques. La réponse très prompte donnée par Idriss Déby pour l’envoi des hommes de son armée est un véritable ouf de soulagement pour les habitants de cette région. À cela viendra s’ajouter l’engagement effectif de la force multinationale composée des éléments de l’armée des pays de la ligne de front. Au vu de tout le potentiel en place, l’on est en droit de nourrir de solides espoirs de voir la secte enterrée très bientôt dans la région de Diffa. Il suffit juste d’obéir, de respecter et de satisfaire à certaines règles de conduite, stratégiques et d’encadrement pour que cet objectif soit atteint ; pour que Diffa retrouve la quiétude légendaire qui la caractérisait il y a encore un passé très récent. Il faudrait saisir à bras le corps toutes les insuffisances constatées et les erreurs commises. Parmi elles, on peut noter ce déficit criard en armement conséquent qui empêche à nos éléments de tenir tête à l’armada déployée par la nébuleuse. Il y a certes eu plusieurs apports décaissés par l’Etat au profit de l’armée. Cependant, ce n’est aujourd’hui un secret pour personne, ces financements n’ont pas abouti à leur réelle destination. En témoigne les atermoiements de l’ex ministre de la défense face aux élus quand il arrivait à peine à justifier 3 milliards sur les 20 que l’on prétendait avoir investis. Ces coupes sombres qui prennent des destinations occultes doivent s’arrêter pour que nos frères que nous envoyons face à la mort aient les moyens qu’il faut, à la taille de ceux utilisés par l’adversaire. Si cela est réussi, nous pouvons faire totalement confiance à nos vaillants combattants ; notre armée vient d’être classée 3ème de l’Afrique Occidentale après le Ghana et le Nigeria.

Les hommes sur le terrain évoquent souvent le déficit d’encadrement de certains militaires envoyés au front. En effet, on observe aujourd’hui plusieurs agissements qui sont en train de nuire à notre armée. Il y a quelques années, seuls les enfants de pauvres s’intéressaient à intégrer les l’armée. À la fin de leur formation, ils sont envoyés partout où besoin se fait sentir. De nos jours, la donne a profondément changé. Ce sont plus des enfants de parents influents qui vont dans l’armée, avec tout ce que cela suppose comme interventionnisme à tous les niveaux. À la formation tout d’abord, la rigueur d’antan a carrément disparu ; il suffit qu’un rejeton se plaigne à son parent ministre ou député d’avoir été maltraité. Des coups de fil pleuvent pour appeler les responsables de la formation à moins de rigueur. Que voulez-vous qu’un soldat formé à l’à peu près fournisse de concret une fois au front si ce n’est la débandade ? À la fin de la formation, les interventions et autres pratiques corruptives font que les zones dites à risque sont toujours lésées car, personne ne veut laisser son rejeton y aller. Ces zones qui ont besoin davantage d’hommes se retrouvent toujours mal nanties.

L’un dans l’autre, il faut reconnaître qu’en réalité, notre pays n’a pas encore engagé la guerre. Oui ! Nous sommes encore loin de la guerre ouverte, celle-là qui mobilise énormément de moyens matériels et humains, celle-là qui exige efforts et sacrifices souvent ultimes. Paradoxalement, le budget engagé pour cette cause depuis que ces attaques ont commencé est énorme. On nous dit avoir acheté du matériel pour la surveillance du territoire ; on nous dit participer à l’entretien des troupes étrangères… bref, des explications elles-mêmes fallacieuses.

Sous le prétexte que la chose militaire doit bénéficier de discrétion et retenue. Certes ! Les nigériens ne demandent pas qu’on leur dise ni le type d’armes achetées ni les stratégies mises en oeuvre. Le peuple veut juste savoir et comprendre pourquoi cette armée manque-t-elle de moyens alors même que d’importants financements ont été débloqués à son profit ? Soyons justes si nous voulons que les causes que nous défendons le soient aussi.

MAI SAMARI

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