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Renaissance II : Des lendemains plus incertains pour le Niger
Publié le vendredi 24 juin 2016   |  Le Courrier


Le
© AFP par ALAIN JOCARD
Le président nigérien Mahamadou Issoufou lors de son discours à l`ouverture de la COP21 au Bourget
Lundi 30 novembre 2015. Paris(France). Le président nigérien Mahamadou Issoufou lors de son discours à l`ouverture de la COP21 au Bourget, près de Paris


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C’est peu de dire que Mahamadou Issoufou a lamentablement échoué. En cinq ans de pilotage à vue, de laisser-aller, de passedroits, de détournements massifs des deniers publics, sur fond d’endoctrinement qui ne correspond à aucune réalité sur le plan idéologique, l’homme qui a dit que son passé est exempt de tout acte liberticide, mais que les actes démentent catégoriquement au quotidien, est désormais à nu. Les caisses de l’Etat sont vides et les créanciers, qui voient l’ardoise grimper à un rythme délirant, rechignent de plus en plus à lui donner le moindre kopeck.
Résultat : les salaires commencent à marquer des retards inquiétants et le bel espoir économique entrevu pour le Niger et que Christine Lagarde a relevé en 2012, s’est envolé…pour finir dans des comptes bancaires et le béton armé des villas cossues qui ont germé aux quatre coins de Niamey. Mahamadou Issoufou, on peut le dire, a mis le Niger sur cales. Il en est de même aux plans social et politique où, outre l’usurpation des suffrages des électeurs, les libertés publiques sont confisquées, les opposants et les journalistes sont harcelés et emprisonnés, la cohésion sociale et l’unité nationale mises à rudes épreuves, etc.

Autopsie d’une situation qui frise la catastrophe. La situation financière et économique du Niger est des plus inquiétantes. Les comptes de l’Etat sont au rouge et manifestement, Mahamadou Issoufou, qui a refusé d’écouter les bons vieux conseils de Hama Amadou, est en train d’apprendre à ses dépens qu’on ne gère pas l’Etat comme sa boutique. Notre compatriote Abdou Gado Maliki, qui a décortiqué la situation pourrie dans laquelle baigne aujourd’hui l’Etat, avec une véritable maîtrise des chiffres, n’a rien laissé au hasard. Il a montré à volonté, sous toutes les coutures, le lamentable revers d’un homme qui a bénéficié d’une situation qui n’excuse aucun échec ; une situation propice à un décollage économique mais qu’en bon bûcheron perdu dans ses contradictions de « socialiste ayant le coeur à gauche mais le portefeuille à droit », Mahamadou Issoufou a tout saccagé en un laps de temps. Abdou Gado Maliki rappelle d’abord qu’en « fin 1999- début 2000, lorsque le Président Tandja et le Premier ministre Hama Amadou s’installaient à la tête de l’Exécutif nigérien, les caisses de l’Etat ne comptaient qu’environ 600 millions de FCFA, l’endettement représentait 90% du PIB, selon le rapport du Fond Monétaire International (FMI) ». Pire, les salaires accusaient des arriérés, précisément 11 mois d’arriérés de salaires que leur laissaient Daouda Malam Wanké et Sidibé Saidou, ministre des Finances à l’époque des faits. « En 2004, souligne Abdou Gado Maliki, soit 4 ans après, l’endettement était, toujours selon le FMI, seulement de 17% du PIB, soit une réduction de 73% ». C’est dire tous les efforts titanesques dignes d’hommes d’Etat conscients de leurs responsabilités vis-à-vis du peuple qui ont été consentis, parfois dans la douleur de choix difficiles. Abdou Gado Maliki a pris ensuite la photographie de la fin du mandat de Mamadou Tandja pour montrer qu’en 2010, « les comptes publics étaient excédentaires avec des arriérés intérieurs quasi nuls tandis que le solde du compte Niger à la BCEAO était créditeur, en 2009, de 113 milliards de FCFA. Quant à la dette publique de l’Etat, elle ne représentait que 19% du PIB, soit une augmentation de 2% seulement en 7 ans. Mamadou Tandja et Hama Amadou étaient des planteurs consciencieux qui savaient que de leurs oeuvres doivent vivre plusieurs générations ; des planteurs qui n’avaient pas la manne pétrolière pour arroser efficacement leurs jeunes plants mais qui ont néanmoins obtenu, grâce à un travail de grande ampleur, d’excellents résultats. Puis, vint le bûcheron ! Sans s’interroger sur la rigueur et le travail soutenu qui lui ont valu d’hériter d’une situation reluisante, Mahamadou Issoufou entreprit de tout saccager, donnant par-ci, vendant parlà, sans aucun cahier de comptes. En cinq ans, la belle plantation est devenue un désert. La désolation est là : en 2013 déjà, la dette passait à 27,1% du PIB et elle sera d’environ 51% en 2016. Oui, 51% du PIB soit une augmentation de 34% en 5 années. A la fin 2011, la première année du Président Issoufou au pouvoir, précise Abdou Gado, le compte Niger à la BCEAO qui était créditeur, en 2009, de 113 milliards de FCFA, n’était qu’à 20 milliards de FCFA à la fin de l’année pour tomber, en juin 2015, à 8,4 milliards de FCFA, reliquat des prêts contractés auprès des banques régionales. Ce n’est pas terminé. Les bûcherons ne font pas de quartier. Tandis que les recettes publiques sont dilapidées, les emprunts s’entassent, sans que les conditions de vie des Nigériens changent véritablement. Selon le Fmi, le Niger, sous Mahamadou Issoufou, est entré dans une phase de « surendettement ». Un bûcheron qui coupe sans discernement un bois qu’il n’a même pas le mérite d’avoir planté est une véritable catastrophe. Mais à force de couper, de saccager et de détruire, il tombe fatalement dans un piège infernal. Car, pour continuer à faire croire que tout baigne dans l’huile, il est désormais condamné à un jeu plus pervers : couper la branche sur laquelle il est assis. Aussi, pour faire face aux dépenses de souveraineté, notamment les salaires, Mahamadou Issoufou n’a plus d’autre choix que de recourir aux emprunts obligataires et autres bons de trésor. En 2014, son gouvernement a emprunté 93,3 milliards, puis 120 milliards en 2015, soit sur les deux années une dette cumulée de 213 milliards de FCFA auprès des banques de l’UEMOA dont 37 milliards auprès des banques présentes au Niger. Une technique de financement du déficit public qui ne trompe pas les initiés. Le 14 janvier 2016, dit Abdou Gado Maliki, « le régime Issoufou émettait encore un emprunt de 40 milliards de FCFA auprès des banques commerciales de l’UEMOA pour débuter l’année budgétaire 2016 car les comptes sont dans le rouge ». Une catastrophe lorsqu’on sait que ce sont les fins d’année qui sont difficiles à boucler. En vérité, indique Abdou Gado Maliki, les bailleurs de fonds montrent de plus en plus de réticence à financer les gaspillages. Fin septembre 2015, indique- t-il, la mobilisation des ressources externes dans le budget était de 26%.
Il y a pire : la diffusion des faux chiffres pour tromper et entretenir un espoir envolé
Abdou Gado Maliki explique cette acrobatie malheureuse à laquelle, sans gêne, Mahamadou Issoufou s’est livré pour soutenir un succès qui n’existe que de nom. La plantation n’est plus qu’un champ de désolation, un désert de terre rouge, mais il persiste à faire croire que tout est vert. Ainsi a-t-il propagé le bruit que « son programme 2011-2015 a été réalisé à 97% alors même qu’en septembre 2015 les chiffres officiels du ministère des Finances disent autre chose pour la seule année 2015, avec une exécution réelle du budget d’à peine 50% et une faible mobilisation (27% seulement) des appuis extérieurs, obligeant l’Etat à faire recours à ces fameux emprunts auprès des banques ». Et de conclure : « Donc les 8.000 milliards prévus sur la période 2016-2021 ne sont que de la poudre aux yeux, une chose irréaliste, pour rester poli, que le Guri système veut faire avaler aux Nigériens ». Tout est faux et la volonté de tromper, tenace. La mise en place d’une comptabilité opaque participe de cette volonté. Laissons Abdou Gado Maliki parler : « Rien qu’à la fin décembre 2014, le Niger compte 2735 comptes publics. Ils étaient 1954 en 2012. Ces comptes sont à 84% logés à la Sonibank, la BIA-Niger et à la Bank of Africa. C’est une technique bien connue pour dissimuler les traces des transactions effectuées et les fuites de capitaux. Un compte unique du trésor aurait pu permettre de tracer plus simplement tous les dons et payements faits au profit du Niger comme par exemple les 20 milliards de don du Nigeria en 2015 ». Qui peut dire, s’est interrogé Maliki, de quel compte public les 20 milliards prétendument investis dans l’achat de l’avion présidentiel ont t-ils été transférés au propriétaire de l’avion et aux intermédiaires lors de la transaction, en 2014 ? On a beau être un bûcheron, on ne peut pas couper indéfiniment sans se mettre à nu, surtout lorsqu’on en arrive à scier la branche sur laquelle on est assis. En plus des comptes publics pillés à volonté pour construire villas et immeubles de luxe ou pour bourrer des comptes bancaires logés à l’étranger, les sociétés d’Etat les plus prometteuses sont mises à sac. Outre les recrutements anarchiques d’une clientèle politique sans compétences pour servir au mieux ces sociétés, les ressources générées sont gérées dans une opacité totale qui ne fait que le compte de quelques initiés du cercle mafieux. Aujourd’hui, renseigne Maliki, « Pour relever la raffinerie Soraz de Zinder, le régime s’engage à nouveau dansun prêt de 437 milliards de FCFA auprès de Exim Bank de Chine pour son refinancement ». La faillite de la SONIDEP, un des fleurons de l’économie nationale à une époque où le Niger ne produisait pas du pétrole, est le plus bel exemple du désastre dans lequel Mahamadou Issoufou a précipité le Niger. Comment peut-on être un citoyen et cautionner de telles choses ? En vérité, informe Maliki, le pétrole a fait l’objet d’une gestion informelle et ses ressources utilisées pour des opérations de corruption et de déstabilisation des partis politiques. On comprend dès lors pourquoi Mahamadou Issoufou et son clan s’accroche au pouvoir au point d’opérer un coup d’Etat électoral. Aucun secteur n’a été épargné, y compris les banques primaires dont la BIA tient le haut du pavé avec son lot de scandales étouffés. Mais attardons-nous un peu sur ce fameux chemin de fer de Mahamadou Issoufou et de Bolloré, inutilisable car suranné. Relisons Maliki : « Ces rails vont encore coûter plus chers, comme pour la raffinerie de la Soraz- Sonidep, car à moins de ramener des vieux wagons des années 1970-1980, il va falloir déraciner tous les rails pour rendre ce chemin viable pour les wagons de fret. Face à la réticence des chinois de libérer le prêt de 1 milliard de dollars sans projets pertinents, la volonté de présenter un ouvrage pour des raisons électoralistes a obligé les agents de Bolloré à exécuter contre le bon sens cette infrastructure coûteuse et aussi objet de litige international ». Tout, absolument tout, est faux dans le bilan du quinquennat de Mahamadou Issoufou et tout est mis en oeuvre pour « masquer la réalité du gouffre dans lequel est plongé le Niger après l’embellie et l’espérance créées par les réformes des années 2000 à 2009 ». Rien qu’en 2015, ils ont été obligés d’emprunter 115 milliards pour boucler le payement des salaires des fonctionnaires auprès des banques privées. Aujourd’hui encore, on continue à mentir vulgairement aux Nigériens et « la propagande de certains médias internationaux ne serait qu’une petite main qui tente de cacher une forêt déjà bien visible ». Le Niger, il faut le dire, est dans une situation regrettable. Et ce n’est pas exagéré de dire que la renaissance a véritablement mis le Niger sur cales.


Laboukoye

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