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Le Niger en faillite : À qui la faute ?
Publié le vendredi 1 juillet 2016   |  Le Monde d’Aujourdhui


Le
© Autre presse par DR
Le Niger en faillite : À qui la faute ?


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Notre pays en au bord de la faillite. La situation financière, très critique, commence à se faire jour. Ce n’est ni le ministre des Finances qui a reconnu cette réalité devant l’Assemblée nationale encore moins le président de la République qui a parcouru l’Europe à la recherche de sous qui nous contrediront. Selon notre confrère L’Enquêteur, le gouvernement aurait imposé aux banques de la place de financer Agadez Sokni, la fête tournante du 18 décembre, à hauteur de 43 milliards de nos francs. Déjà, la rénovation des carrefours de Niamey a été financée par les sociétés d’Etat ainsi que certaines institutions financières qui ont eu l’ingénieuse idée d’inscrire leurs noms sur les infrastructures réalisées.

À en croire le député Nassirou Halidou, la dette publique a atteint le pic de 51% du Produit intérieur brut (PIB). Depuis quelques mois le payement des salaires est devenu un véritable casse-tête chinois pour les gouvernants. Les contractuels de l’enseignement en savent quelque chose, eux, qui cumulent les arriérés de pécules. Les opérateurs économiques n’ont plus envie de fournir des biens et services à l’État car leur remboursement est plus qu’hypothétique, le Trésor national n’ayant pas de liquidités. Selon des sources non officielles, les impôts de l’année 2017 auraient déjà été perçus auprès de certains contribuables. Et comme pour ne rien faciliter au régime du président Issoufou, le cours des matières premières, notamment, le pétrole et l’uranium continue de s’effondrer. Si la tendance se poursuit, il n’y a pas de doute, l’État du Niger risque de mettre la clef sous le paillasson et déclarer sa faillite. Qu’Allah nous en préserve.

Comment en est-on arrivé là ?
La principale raison de cette banqueroute est : la mauvaise gouvernance sociopolitique et économique du pays par Issoufou Mahamadou. En quête d’un pouvoir personnel, total et continuel, le président Issoufou a démoli tous les contrepouvoirs dont dispose la Constitution de la République. Avant la fin de son premier mandat, il a réussi à s’accaparer de toutes les institutions de l’État. A l’aube de son second quinquennat, Issoufou Mahamadou est le seul Maître à bord de la plantation Niger. Dans le gouvernement, les ministères des Finances, de la Défense nationale, de l’Intérieur, des Affaires étrangères, du Pétrole … autant dire tous les portefeuilles clés, sont occupés par des militants de son parti, le PNDS-Tarayya, mais là également par des gens qui lui vouent une fidélité et un dévouement à toute épreuve.
La raison de la dégringolade des finances publiques, disons-nous, se trouve, pour une large part, dans l’attitude cavalière du président Issoufou. Aucune voie, autre que celle qu’il a décidé ne peut être suivie par le gouvernement. C’est sans doute pourquoi personne n’a été en mesure de raisonner le président de la République quant au gonflement suicidaire de la masse salariale ; quant au gâchis que constitue les rails de Bolloré ; quant à l’impunité qui a servi de base à « saccager » les deniers publics ; quant à l’endettement excessif ayant plombé le pays ; quant aux dépenses inutiles de prestige ; et enfin, quant au sciage inconséquent du tissu social. On se plaît à parler d’amateurisme et à dire que le parti au pouvoir manque de cadres de gestion. Soit. Mais c’est un faux problème puisqu’on n’a nul besoin d’être un cadre pour savoir que lorsqu’on dépense sans réfléchir le résultat sera inéluctablement … la faillite ! Cela est valable pour une entreprise tout comme pour un État aussi embryonnaire que celui du Niger. L’ancien président de l’Assemblée nationale Hama Amadou qui a osé attirer l’attention du président Issoufou sur les incertitudes qui jonchent sa trajectoire a appris, à ses dépens, qu’on ne s’amuse pas à dire au grand Timonier ce qu’il ne veut pas entendre. Hama est tombé en disgrâce avec au finish un emprisonnement ferme, sans jugement, de plus d’un trimestre.

En dehors de cet aspect, l’opposition nigérienne a, également, sa part de responsabilité dans ce qui nous arrive. Elle n’a pas su, n’a pas pu accomplir son rôle de contrepouvoir devant permettre d’obliger le président Issoufou à observer un minimum d’orthodoxie dans la gestion de la chose publique. Au contraire, l’opposition a brillé par une démission jamais égalée dans l’histoire démocratique du Niger. Aujourd’hui, elle s’est complètement effacée du paysage politique, attendant, dans son coin que tout s’effondre pour venir ramasser ce qu’il restera du pauvre Niger. C’est une attitude intolérable envers la République qui a donné à cette opposition toute sa place dans l’architecture démocratique. C’est une ingratitude envers ce peuple qui a vu en elle, à tort, une alternative crédible à la gestion catastrophique de Mahamadou Issoufou. La mouvance présidentielle …

La dernière part de responsabilité dans le calvaire que vivent les Nigériens revient, sans gloire, à la cohorte de partis politiques et leaders d’opinions qui pullulent le camp présidentiel. Tous savent très bien que le pays s’enfonce chaque jour un peu plus mais personne ne peut lever le petit doigt pour dire : « arrêtez ! Je ne serai pas complice ! » Chacun se cramponne à son strapontin comme un bébé à son biberon. Tant pis pour le Niger, l’essentiel étant de tirer son épingle du jeu. Les fougueux ministres récemment nommés et ceux qu’ils ont trouvés au gouvernement, savent tous que rien n’est plus possible. Aucune initiative porteuse de fruits n’est plus envisageable au sein de l’équipe gouvernementale, ni ailleurs. Mais tous croisent les bras, le doigt à la bouche, pour éviter de froisser le Grand Maître dont la punition est tout aussi implacable que foudroyante. Les « alliés » pour les appeler ainsi, puisqu’ils n’en portent que le nom, mais en réalité, ils sont de simples spectateurs de premier rang, qui bouchent les oreilles et bandent leurs yeux pour faire semblant de ne pas entendre et voir ce qui se passe ni ce qui se profile à l’horizon. Ils pensent ainsi se dédouaner, moralement, des conséquences de la gestion chaotique à laquelle ils ont pourtant participé. Mais c’est peine perdue, chacun a sa part de responsabilité, et personne ne supportera devant l’histoire, la part de l’autre. Le Niger nous appartient tous, il nous a été légué par d’autres qui ont sacrifié leurs vies, pour les uns, et leur bien-être pour les autres. Maintenant, si nous décidons de le faire exploser ou de le laisser se faire ratatiner en regardant ailleurs, c’est notre choix mais ayons au moins de courage de l’assumer et d’accepter que l’histoire raconte un jour aux générations futures que : « vos aînés ont laissé s’écrouler le pays qu’ils ont hérité, vous subissez aujourd’hui, les conséquences de leurs inconséquences ». Est-ce vraiment ce que nous voulons?

Ibrahim A. YERO

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